10-02-2017
Brexit: La voie s’ouvre au déclenchement de l’Article 50
Le 24 janvier, le gouvernement britannique a appris, sans surprise, que la Cour suprême avait confirmé qu’il devait obtenir l’approbation du Parlement avant de déclencher l’Article 50 pour signaler formellement son intention de quitter l’Union européenne. A partir de là va s’enchaîner une série de débats et de votes dans les deux chambres, celles des Communes et des Lords. Cette dernière, qui n’est plus dominée par des pairs héréditaires, n’a pas de pouvoir de décision, mais elle peut faire des propositions. C’est la Chambre des Communes qui décide. Et c’est là qu’on peut voir les positions adoptées par les différents partis et par les courants en leur sein.
Les débats commencent
Le gouvernement a présenté une résolution très courte, de 137 mots, qui se limitait en fait à lui donner l’autorisation de déclencher l’Article 50. En supplément, il y avait un Livre blanc de 77 pages qui reprenait largement les thèmes du discours de Theresa May du 17 janvier dernier. Le premier vote sur la résolution a donné 398 pour et 114 contre. Une victoire écrasante, on dirait. Mais ce vote voulait simplement dire: nous sommes d’accord en principe pour donner l’autorisation.
Qui a voté contre? Un seul député conservateur, l’ancien ministre, Kenneth Clarke, connu pour ses positions pro-UE; 47 députés travaillistes (plus de 20% du groupe parlementaire) qui ont défié la consigne stricte de voter pour la résolution, donnée par Jeremy Corbyn; 50 sur les 54 des nationalistes écossais (SNP); 7 sur 9 libéraux-démocrates.
Le seul vote contre de Clarke ne signifiait pas qu’il n’y avait pas d’autres dans le parti conservateur qui partageaient sa position, simplement qu’ils n’étaient pas à ce moment-là prêts à voter contre le gouvernement.
Le Parti travailliste est profondément divisé: la plupart de ceux qui ont voté contre viennent de l’aile droite, Blairiste, mais pas tous. Corbyn était bien décidé de soutenir le gouvernement sur l’Article 50, même si les amendements proposés par son parti étaient rejetés. Mais il a un problème: après avoir pendant des mois critiqué May pour être indécise, embrouillée, son gouvernement divisé, il se trouve maintenant face à un gouvernement et une première ministre dont les positions sur le marché unique et l’union douanière sont claires. Et c’est lui qui semble embrouillé, et son parti est bien divisé. Sur les questions sociales Corbyn s’en sort souvent bien face au gouvernement. Mais pas sur le Brexit, où on ne sait pas vraiment, par exemple, s’il est pour ou contre le marché unique. Pour le moment, Theresa May en profite. Corbyn reconnaît le vote du 23 juin et parle d’un Brexit dans l’intérêt des couches populaires, mais son message est brouillé par ses vacillations. Il a été élu pour réorienter le parti travailliste, pour que ce parti redevienne celui des salariés et des couches populaires, au lieu d’être le volet centre-gauche du consensus néolibéral. Un débat s’ouvre pour savoir quel pays et quel modèle de société il faut après le Brexit. Pour l’instant, c’est May qui en dicte les termes, mais ce n’est pas fatal. Corbyn et ses alliés peuvent intervenir, sur des questions où May effectue une certain rupture avec le passé de son parti, comme le logement où la stratégie industrielle, et plus largement le rôle de l’Etat, mais aussi sur celles où elle maintient la continuité, telles la santé et les services publics en général. Corbyn peut occuper un espace où il dit que l’essentiel, ce n’est pas le marché unique où les droits de la City, mais les problèmes auxquelles la population est confrontée quotidiennement. Après tout, c’est Theresa May elle-même qui a reconnu que le vote du 23 juin s’explique en partie par un «sentiment d’exclusion par rapport à la situation politique et sociale au Royaume-Uni».
Quant aux libéraux- démocrates, ils sont traditionnellement pro-UE: par ailleurs ils ont les yeux braqués, sur le plan électoral, sur les couches moyennes du Sud-est d’Angleterre qui votent habituellement pour les Conservateurs mais qui ont voté pour rester à l’UE.
L’Écosse
A première vue, le gouvernement écossais et le SNP sont dans une position forte: 62% contre la sortie de l’UE dans le référendum de juin dernier, un vote du Parlement écossais le 7 février, de 90 contre 34, contre le déclenchement de l’Article 50. Le vote était purement indicatif: le Parlement écossais n’a aucun droit de décision ni de véto sur la question. La Cour suprême a aussi dit le 24 janvier que Theresa May n’avait pas besoin d’avoir l’accord des parlements à Edimbourg, Belfast et Cardiff pour procéder. Nicola Sturgeon agite régulièrement la menace d’un deuxième référendum sur l’indépendance. Et c’est là où il peut y avoir un problème. Dans un sondage pour le Sunday Times le 29 janvier, 51% des Ecossais étaient contre un nouveau référendum, avec 27% pour (43% en juin dernier). Il y a toujours 61% pour rester dans l’UE, mais parmi les 39% qui veulent sortir se trouvent 35% de ceux qui ont voté Oui à l’indépendance en 2014: et seulement 48% des sondés sont pour qu’une Ecosse indépendante adhère à l’Union européenne, avec 31 % contre. Le sondage donne 46% pour l’indépendance et 54% contre (45-55 en 2014). Mais un autre sondage publié dans le Herald du 8 février donne 49% pour l’indépendance. Sturgeon a toujours dit qu’elle n’appellera pas un deuxième referendum sans avoir une solide majorité pour l’indépendance, autour de 60%. Elle en est encore loin. Et si elle lie la question de l’indépendance à celle de l’Europe, elle peut perdre une partie de sa base populaire sans forcément gagner le soutien de beaucoup de ceux qui ont voté Oui à l’Europe. En revanche le fait que sur cette question importante comme sur d’autres le Parlement écossais ne peut pas trancher peut faire monter le soutien pour l’indépendance. L’attitude hautaine de May envers le gouvernement écossais peut aussi nourrir ce sentiment. Elle vient de dire qu’il n’y a aucun besoin d’un nouveau référendum sur l’indépendance: si elle cherchait à l’interdire, ce serait explosif.
Pour revenir aux débats, il y a eu une série d’amendements venant du parti travailliste, des libéraux-démocrates et des nationalistes écossais et gallois. Deux amendements travaillistes visant à obliger le gouvernement à faire des comptes rendus réguliers des négociations au Parlement ont été rejeté: ainsi qu’un autre qui voulait obliger le gouvernement à travailler étroitement avec les gouvernements écossais, gallois et nord-irlandais.
Une victoire pour le gouvernement
Un vote important est intervenu le 7 février au soir: un amendement a été présenté visant à accord plus de pouvoir aux parlementaires pour décider du contenu de l’accord final. L’amendement a été battu par 326 voix contre 293, avec sept conservateurs votant contre le gouvernement et deux autres, dont l’ancien ministre des Finances George Osborne, s’abstenant. C’était une victoire pour May qui avait réussi à réduire la rébellion dans son parti au noyau dur. C’était en partie au moins grâce à une promesse que le Parlement allait pouvoir voter sur l’accord final avant la signature et avant le vote au Parlement européen. Pour savoir s’il s’agit d’une vraie concession ou simplement le droit de voter quand tout sera déjà bouclé, les avis sont partagés.
Le débat s’est terminé mercredi 8 février, tard dans la soirée. Un amendement travailliste visant à garantir aux citoyens de l’UE vivant au Royaume Uni le droit de résidence permanente a été rejeté, par 332 contre 290. C’est un sujet qui suscite les passions, et pour cause. Mais dans l’occurrence la faute n’est pas avec Theresa May, qui a proposé plus d’une fois un accord réciproque avec le UE, garantissant les mêmes droits pour les citoyens britanniques résidant dans le s27 Etats. A partir de là, May pourrait accorder le droit de résidence de manière unilatérale, mettant ainsi les Européens dans l’embarras. Ou elle pourrait garantir les droits des citoyens de tout pays qui donne des droits réciproque aux citoyens britanniques, pour cible les exceptions. Elle a choisi de faire ni l’un ni l’autre. On dit que la question se résoudra facilement une fois que commencent les négociations formelles. Espérons-le.
Finalement, il y avait le dernier vote, pour approuver la résolution avant de l’envoyer à la Chambre des pairs. Sans surprise, la résolution est passée, par 494 contre 122.
C’était une victoire claire pour le gouvernement. Aucun amendement n’a été intégré. Le gros de ceux qui ont voté contre était compris de 52 députés travaillistes et le groupe SNP, plus les libéraux-démocrates. Corbyn a ramené la grande majorité de députés travaillistes à voter pour.
Après son passage par la Chambre des pairs, la résolution va revenir aux Communes et le vote (vraiment) final doit avoir lieu le 7 mars. Sauf grande surprise, elle devrait passer et Theresa May pourrai déclencher l’Article 50 avant la fin du mois de mars, comme promis.
Sur le plan de l’opinion publique également, May peut se féliciter: 53% des sondés approuvent ses plans pour le Brexit, contre 38% en janvier.
Des voix contre la «punition» du Royaume-Uni
Sur le plan international, les signes d’apaisement continuent. Le ministre des Affaires étrangères d’Espagne s’est prononcé contre un accord «punitif» qui affaiblirait Londres comme centre financier, en exprimant sa sympathie pour des négociations sur un accord de libre-échange en même temps qu’un accord sur la séparation. Michel Barnier, par contre, veut séparer les deux. (Financial Times, 27/01/17).
Le 31 janvier le Vice-ministre des Affaires étrangères, Mario Giro, prévenait que le Royaume-Uni et l’Union européenne se dirigeaient vers une «guerre froide économique», mettant en cause les intérêts économiques plutôt que les Etats, en précisant que l’Italie n’y était pas favorable. (Guardian, 30/01/17).
Le 1er février nous avons appris l’existence d’un rapport de 26 pages du Comité sur les affaires économique et monétaire du Parlement européen (Econ). (Guardian) On peut y lire, entre autres, «Un accord final mal conçu entraînerait de dommages pour le Royaume-Uni aussi bien que pour les autres 27 Etats-membres». «L’exclusion du principal centre financier européen du marché intérieur pourrait avoir des conséquences en termes d’emplois et de croissance dans l’UE. Il est dans l’intérêt des 27 pays de l’UE et du Royaume-Uni d’avoir une discussion ouverte sur ce point».
Le rapport note qu’une analyse de l’offre du statut d’équivalence au Royaume-Uni a été désignée comme prioritaire par les «coordinateurs de l’Econ»
La journaliste explique aussi succinctement ce que c’est, l’équivalence: «le mécanisme par lequel les régulations du Royaume-Uni et de l’UE sont à considérer comme étant de la même valeur, ce qui permettrait aux institutions financières basées au Royaume Uni de continuer à opérer dans l’UE après le Brexit».
Le 3 février, Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne affirmait que la plupart des 27 pays de l’UE ne voulaient pas punir les ‘Brits’» et que la «colère» sur le Brexit était limitée à une minorité. (Financial Times).
Cela montre, à la suite des indications précédentes, que l’idée qu’un accord qui garantisse les intérêts des deux côtés est possible et nécessaire, et que dans le cas contraire tout le monde perdrait, est assez répandue. Mais l’école «punitive» existe aussi, dans certaines capitales européennes et à Bruxelles. En principe, tous les Etats-membres sont égaux, et le gouvernement britannique va déployer ses efforts diplomatiques partout dans le mois qui viennent. Mais certains sont plus égaux que les autres, et l’Allemagne est la plus égale de tout. Un accord qui était soutenu par l’Allemagne, surtout s’il avait aussi le soutien de la France, aurait toutes les chances d’être adopté. Et c’est là où les choses peuvent se compliquer. Par les temps qui courent, personne ne sait avec qui Theresa May aura à négocier dans ces deux pays d’ici quelques mois, ni dans quel contexte international. Elle semble en train de d’assurer ses arrières. Elle se dit aussi confiante de pouvoir obtenir un bon accord avec l’UE. C’est possible, mais il y aura plein d’embûches.
10-02-2017
Ein ganz schwarzer Roman
Die Banken und die europäischen Institutionen haben Luxemburg verlassen. Massenarbeitslosigkeit und soziale Misere haben ihren Platz eingenommen. Belgien gibt es nicht mehr, nur noch ein Eurodistrikt in Brüssel. Rechtsextreme Bewegungen machen sich breit. Der ganz schwarze Roman, den Jean-Louis Schlesser bereits 2011 bei Editions Phi unter dem Titel „La troisième crise“ herausbrachte und der nicht dermaßen viel Aufsehen erregt hatte, wird plötzlich brandaktuell und vorausblickend.
Die dritte Krise und das Reich der Mitte
Der Autor begründet nicht genau, was unter der dritten Krise zu verstehen ist. Listet er den Krach der Technologiewerte vom Jahr 2000 auf, der eine Kapitalzerstörung von rund 150 Milliarden $ bewirkte, dann die Finanzkrise von 2008, gefolgt von einem dritten Krach mit weitgehenden wirtschaftlichen, sozialen und politischen Folgen? Jedenfalls ist der belgische Staat zusammen gebrochen. Nun träumen einige rechtsextreme Fanatiker, die sich „Registen“ nennen – wohl in Anspielung an die Rexisten von Degrelle – von einer Neuauflage des kurzlebigen Burgunderreiches im 16. Jahrhundert. Charles le Téméraire hatte ein Reich zwischen der Schweiz und der Nordsee beherrscht, das auch Belgien und Luxemburg umfasste. Nun wollen die Registen eine verkleinerte Form dieses Reiches mit der Großregion und Burgund und Luxemburg als Hauptstadt anstreben.
Schlessers Politthriller sagt eine immer größere Begrenzung der Freiheiten, eine Presse mit Maulkorb, eine Massenbewegung um eine charismatische faschistoide Figur (Becker) voraus. Der Staatsapparat ist bereits von den Registen unterwandert und lässt eine terroristische Operation der rechten Fanatiker zu, die aber diesmal viel blutiger geplant ist als die Feuerwerke der Bommeleeër. Die Absicht stimmt mit der der Bommeleeër überein: Strategie der Spannung.
Eine Fiktion mit bitterem Vorgeschmack
Ein sehr schwarzer Roman ist Schlessers Fiktion nicht im Sinne des französischen„roman noir“, wenngleich der Leser mit Morden reichlich bedient wird. Die Liebesbeziehungen sind wenig romantisch. Vielmehr sind es die düsteren Aussichten, die vorgezeichnet werden und die seit dem Erscheinen des Buches im Jahr 2011 zusätzlichen Stoff bekommen haben, inzwischen in der bitteren Realität. Die Unterwerfung des polnischen Staates unter das Regime einer rechtsnationalistischen Partei, die „Orbanisierung“ mancher osteuropäischen Länder, rechtsextreme Parteien in Frankreich, Deutschland, Belgien und den Niederlanden, Putin, Trump, Farage…
Die Eckpunkte der Realität stimmen mit dem Roman überein oder sind doch denkbar, auch das mögliche Platzen eine neuen Spekulationsblase. Der Politthriller von Jean-Louis Schlesser ist vor allem (nach)lesenswert weil eine mögliche Entwicklung der Gesellschaft vor 6 Jahren vorzeichnet wurde, die zwar so nicht eingetreten ist, deren Ingredenzen in ähnlicher Form aber durchaus. Hoffentlich werden die lokalen Postfaktuellen, Heimattümmler und Shitstormer sich nicht inspirieren. Sonst könnte sich das engstirnige Denken im Kleinstaat noch in Expansionsdrang verwandeln und wir müssten vielleicht eine U-Bootflotte in Mosel und Meuse finanzieren.
(Edition phi, isbn 978-2-87964-179-9, 19€)
10-02-2017
«Jungle de Calais» versus «Dschungel Camp» von RTL
Fotografien von Chiara Debize in der Abtei Neumünster(Luxemburg)
Bis zum 26. Februar zeigt die Abtei Neumünster (Luxemburg), im Kreuzgang sowie in der Kapelle des ersten Stockwerkes, die aktuellen fotografischen Werke von Darrin Zammit Lupi («Isle Landers») und Chiara Debize («La Jungle de Calais»). Beide Austellungen laufen unter dem Titel «Focus migrants» und beide beschäftigen sich mit der Tragödie von gestrandeten Flüchtlingen in Südeuropa und in Frankreich.
Diese Thematik wurde bereits von vielen Fotographen aufgegriffen, doch die französiche Fotografin geht etwas andere Wege, dokumentiert sie doch hauptsächlich die prekären architektonischen Bauten, die die Menschen die dort leben mussten errichtet hatten, um ihrem dort zeitbegrenzten Dasein ein wenig menschliche Würde zu verleihen.
Sie dokumentiert die Errichtung von kultischen Einrichtungen, einer christlichen Kirche die als Begegnungsstätte für alle Religionen gedacht wurde, und offen für die Gebete von Flüchtlingen moslemischen Glaubens war.
Sie zeigt auch die Errichtung von kulturellen Einrichtungen, den sogenanten «Dôme», eine Iglohafte
Konstruktion gedacht für das künstlerische Gestalten sowie Einrichtungen die dem alltäglichen Leben dienen sollten, nämlich Restaurants, Bars (LOVE), 3 Sterne Hotels und Friseurläden.
Die DINA2 grossen Farbbilder wurden alle mit einer Spiegelreflexkamera aufgenommen ,analog
oder digital weiss man leider nicht. Die Anzahl der ausgestellten Werke sind leider auf ein Minimum reduziert worden. Die Fotografin hat die Bewohner des Dschungelcamps selbst nicht porträtiert. Das hat als Konsequenz
dass die Orte wie ausgestorben wirken und einem so unheimlich vorkommen. Man wird als Zuschauer selber in die Situation der Einwohner des Camps versetzt.
Die Fotografien möchte auf eine nüchternde Art und Weise die Rahmenbedingungen eines Lebens als
Flüchtling dokumentieren. Die Bilder sollen nichts veschönern, sie werden nicht durch einen beein-druckenden Sonnenuntergang am Meer ästhetisiert. Es sind bewusst keine Kunstfotos und auch keine voyeuristische Elendsfotografien oder dramatische Reportagefotografien.
Es geht Chiara Debize eher darum Zeichen von Menschlichkeit zu dokumentieren, die sich ausdrücken durch religiöse Toleranz sowie künstlerisches, gemeinsames Schaffen. Sie beweist uns dass es jedem Menschen gelingen kann seine Würde zu erhalten, sei er auch in einer noch so prekären und katas- trophalen Lebenssituation. (die Überlebenden der KZ’s in Deutschland hatten das ja auch schon vor 70 Jahren in noch viel schlimmeren Situationen beweisen können)
Die Bilder zeigen uns ebenfalls die Kraft und den Willen derer Menschen die zusammenhalten trotz ethnischer, religiöser und territorialer Verschiedenheiten. Man könnte zum Schluss die Rezension dieser Austellung aber zum Anlass nehmen um einige Dinge zu relativieren. Den Dschungelcamp von RTL zum Beispiel. So könnte sich die Frage tellen wie zynisch diese Sendung denn nun wirklich ist im Vergleich zu realen Flüchtlingscamps und wer von diesen möchtegern Stars mehr als nur eine Woche im Dschungel von Calais aushalten würde. Mir der Vermarktung des eigenen Egos und der eigenen Arroganz käme da keiner sehr weit.
27-01-2017
Trump und Konsorten: Frauenrechte in Gefahr
US-Präsident Donald Trump hat zu Beginn seiner ersten vollen Woche im Amt eine Regelung über den Umgang mit Abtreibungen geändert. Durch seine « Executive Order » dürfen ausländische Organisationen künftig nur dann Entwicklungshilfe von den USA bekommen, wenn sie keine Abtreibungsberatung anbieten oder Abtreibungsempfehlungen aussprechen. Das schließt Schwangerschaftsberatungen mit ein, in denen lediglich darauf hingewiesen wird, dass Abtreibung im Land eine legale Option darstellt. Die Entscheidung Trumps sollte niemanden überraschen, sagte Sean Spicer, neuer Sprecher des Weißen Hauses: « Ich denke, der Präsident hat kein Geheimnis daraus gemacht, dass er ein Pro-Life-Präsident ist. » Frauenrechtsorganisationen warnen davor, dass Frauen in Entwicklungsländern den Preis für die Regelung bezahlen würden.
Deswegen, und um gegen die sexistischen und misogynen Äußerungen Trumps vor, während und nach seiner Wahl zu protestieren, waren am Tag der Einsetzung Trumps Millionen Frauen weltweit auf der Straße. Eine halbe Million Menschen allein in Washington, zehntausende trugen symbolisch rosa Wollmützen mit Katzenohren: « Pussy Hats ». Beim « Women’s March » ging es bei weitem nicht nur um Frauenrechte, sondern auch um Diskriminierung der LGBTI Gemeinschaft, um Rassismus, Einwanderung, Umweltschutz und Menschenrechte im Allgemeinen. Die Märsche waren eine Möglichkeit, der Frustration über den Wahlausgang Ausdruck zu verleihen. Aufgrund des amerikanischen Wahlsystems der Wahl“männer“ hatte Hillary Clinton die Wahl am 8. November verloren, obwohl sie 2,8 Millionen Stimmen mehr erhalten hatte als Trump.
Ein großer Erfolg also für die Organisator*innen, allerdings fraglich, ob dieser Marsch die Politik Trumps beeinflussen wird. Er will die Mächtigen (Männer) hinter sich scharen, Steuern für die Industrie senken, Umweltschutzauflagen abschaffen und dadurch Arbeitsplätze schaffen (unter welchen Bedingungen wird nicht hinterfragt).
Sagen wir es klar hinaus. Ein eisiger Wind weht den Frauen weltweit ins Gesicht und die wenigen Zugeständnisse, die die Frauen erkämpft haben, werden zurückgenommen.
So in Russland, wo zwischen 12- 14000 Frauen jedes Jahr als Opfer häuslicher Gewalt ums Leben kommen. Wer dort seine Frau, Kinder oder andere Angehörige verprügelte, wurde mit bis zu zwei Jahren Haft bestraft. Doch wenn es nach der konservativen Abgeordneten Jelena Misulina geht, der Vorsitzenden der Kommission für Familie Frauen und Kinder der Duma, verschlechtert ein Gefängnisaufenthalt wegen eines « leichten Schlages » lediglich das Familienklima! Misulina feierte ihren ersten Erfolg im Parlament: 368 der 450 Abgeordneten stimmten in erster Lesung für ihren Gesetzesentwurf zur Abschaffung der Bestrafung; die zweite Lesung ist am 25. Januar geplant. Die 62-Jährige war auch eine der treibenden Kräfte hinter dem Gesetz gegen sogenannte Homosexuellen-Propaganda.
Ob Frauen oder Männer, die Ultrarechten sind auf dem Vormarsch, auch in Europa (Polen, Ungarn etc.). Petry, Le Pen und Konsorten können nur durch eine massive Mobilisierung gestoppt werden.
27-01-2017
Die Grünen und die Atemluft
Am Dienstag, 24. Januar rief die Umweltverwaltung die Bevölkerung auf, Vorsichtsmaßnahmen zu ergreifen, um sich gegen die übermäßigen Feinstaubemissionen in der Atemluft zu schützen. Schuld an den überschrittenen höchst zulässigen Höchstwerten sei die meteorologische Lage. Das ist die halbe Wahrheit.
Anderswo ist es auch nicht besser
Wenn es nicht vorher die Produktion an Feinstaub gäbe, könnte dieser sich nicht derart in der Luft anstauen. Feinstaub und NO2 treten gemeinsam auf und haben dieselben Verursacher. Es ist natürlich zulässig, darauf hin zu weisen, dass der andauernde Hochdruck und das Fehlen von Niederschlag, den Feinstaub an der Erdoberfläche bindet. Der Hinweis, dass die Feinstaubbelastung auch in anderen Ländern eine Plage ist, klingt nach einer Entschuldigung. In anderen Ländern, in anderen Städten wird etwas gegen diese Belastung unternommen. Die luxemburgischen Grünen stellen Pläne auf, verweisen auf den Ausbau des öffentlichen Transports, lehnen es aber ab in die gewachsenen automobilen Vorlieben ein zu greifen. Sie wissen, dass die Skandalfirma VW, trotz weltweiten Protesten, unangetastet Vorreiterin bei den Verkaufszahlen in Luxemburg bleibt. Sie wollen sich nicht an einschränkenden Maßnahmen die Finger verbrennen.
Die Förderung des öffentlichen Transports, vor allem durch die Tram, den Ausbau der Eisenbahnlinien Luxemburg-Bettemburg nach Frankreich und Luxemburg-Wasserbillig sind begrüßenswert, kommen aber sehr spät – was nicht der Fehler der Grünen ist – weil sie der demografischen Entwicklung und dem Wachstumsdogma hinterher laufen. Es muss aber auf die Entwicklung des individuellen Autoverkehrs, der weiterhin steigt, eingewirkt werden. Solange Einwohner, deutsche und belgische Grenzgänger bei der Fahrt zur Arbeit zu rund 80% das Auto benutzen und die Zahl der Arbeitsplätze wächst, wird sich die Situation stetig verschlechtern. (Bei den französischen Grenzgängern ist der Anteil der Bahnbenutz massiv gestiegen, weil auch das Angebot viel besser geworden ist.)
Städte wehren sich, aber nur anderswo
Im Interview auf 100,7 wurde die Umweltministerin Carole Dieschbourg gefragt, ob sie bereit sei, ähnliche Maßnahmen zu treffen, wie sie nunmehr quer durch Europa gemeldet werden: aus Skandinavien, aus Paris, aus vielen deutschen Städten, wo der Zugang der Autos in die Ballungszentren reglementarisch gebremst wird. Sie ist dazu nicht bereit, sie will nicht verbieten sondern überzeugen und Alternativen aufzeigen. Staatssekretär Gira äußerte, der Anteil des Autoverkehrs an den starken Emissionen sei gar nicht so hoch, etwa bei 23%. Hauptschuldige seien die Heizungen, die in diesen Tagen auf Hochtouren laufen. Doch in einer Regierungsmitteilung vom 19.1.2017, also kurz vor der Krisensituation, hieß es: „Le facteur le plus important qui a pu être identifié est le trafic routier. En outre, il a pu être observé que les emplacements montrant les dépassements susmentionnés se situent tous le long de routes de circulation intense. » Was denn nun ?
Wenn im Ausland zahlreiche Einschränkungen für den Autoverkehr eingeführt werden, vor allem für die Dieselwagen, und in Luxemburg nicht, dann kann dies aus dem Opportunismus der Grünen erklärt werden oder aus einer unklaren Sachlage. Die unterschiedlichen und widersprüchlichen Aussagender grüner Regierungsstellen verraten eine große Verwirrung. Man kann gespannt sein, ob die Dissonanz in der Haltung von Dieschbourg und Gira sich bis zur angekündigten Pressekonferenz zum Thema Luftverschmutzung vereinheitlicht hat.
Eine Entschuldigung muß man den grünen Amtsträger dennoch zugestehen. Da die Hersteller von Dieselfahrzeugen – und zwar nicht nur bei VW – massiv gemogelt haben und die Werte von Feinstaub und NO2 am Kontrollstand absolut nicht der Realität im Verkehr entsprechen, wie kann man dann wissen, in welchem Masse die Schadstoffe vom Automobil stammen? Auch wenn die Sachlage durch die Verfälschungen der Automobilindustrie getrübt ist, muss das Vorsorgeprinzip gelten. Neben der Förderung des kollektiven Personennahverkehrs und der Elektromobilität wäre das Verbot von Diesel bis 2025 eine mutige
Maßnahme. Also keine solche Neuanschaffungen ab jetzt und definitiver Fahrverbot in 8 Jahren. Eine Frist müsste auch für die notwendige Ausrüstung der Busse mit Gasmotoren oder Hybrid festgehalten werden. Soweit nur einige Anstöße für eine Politik, die konkrete Antworten auf ein konkretes Problem haben würde.
27-01-2017
Le revenu universel: une réelle alternative?
Cet interview a initialement été publié sur le site du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste)
Entretien. En France, la primaire à gauche a relancé le débat sur « le revenu de base », inconditionnel et universel : Benoît Hamon en fait l’une de ses principales propositions, tandis que Manuel Valls lui oppose son « revenu décent » sous condition de ressources, et que Arnaud Montebourg, autrefois défenseur du revenu universel, le rejette aujourd’hui. Nous avons demandé son point de vue à Michel Husson, économiste et membre du conseil scientifique d’Attac qui vient en particulier de produire une récente contribution sur la question.
En ouverture de ta contribution, tu écris : « Qu’une société garantisse un revenu décent à tous ses membres est évidemment un objectif légitime. Mais cela n’implique pas une adhésion au revenu universel de base ». Qu’entends-tu par là ?
Depuis 10 ans, les gouvernements successifs ont refusé toute revalorisation significative des minima sociaux : ils ont décroché d’au moins 20 % par rapport au Smic, et les associations concernées demandent donc une augmentation de 25 %. Une telle revendication fait partie des mesures d’urgence de lutte contre la pauvreté : il faut se battre pour l’augmentation des minima sociaux et leur pleine extension aux jeunes de 18 à 25 ans. Même Manuel Valls propose un « revenu décent » relativement élevé (entre 800 et 850 euros), mais pourquoi n’y a-t-il pas pensé plus tôt ?
Cela ne nécessite pas pour autant un grand basculement vers un revenu universel de base. Le côté séduisant de ce type de projet, c’est effectivement l’inconditionnalité et donc l’universalité : tout le monde le reçoit sans même avoir à le demander. Nous sommes alors dans une « bonne société » qui garantirait à tous ses membres une existence décente indépendamment de toute contribution. Malheureusement, il n’y a pas de miracle, et si on regarde de près le contenu concret de ces projets, on s’aperçoit qu’ils se heurtent tous à la contradiction suivante. Soit le niveau du revenu est « suffisant » ou « décent » (mettons 1 000 euros par mois), alors il doit être compensé par un transfert à peu près intégral de la protection sociale : le revenu de base devra remplacer les retraites et couvrir les dépenses de santé. Soit son niveau n’est pas « suffisant » (disons 400 euros), et le revenu universel n’est rien d’autre qu’un redéploiement des minima sociaux qui existent déjà.
Le revenu universel se veut une double réponse à la généralisation de l’utilisation des robots censée détruire massivement les emplois salariés, et au développement de nouvelles formes d’emplois liés à « l’économie numérique ». Qu’en penses-tu ?
À cause des robots, il n’y aura pas d’emplois pour tout le monde ; et à cause de l’économie numérique, il n’y aura plus d’emplois stables. Donc, faute d’emplois décents, il faut demander un revenu. Ce « donc » serait à la fois réaliste et moderne. Mais il repose sur un renoncement définitif, celui du droit à un emploi décent. Admettons que se vérifient les prévisions catastrophistes qui disent qu’un emploi sur deux sera remplacé par un robot. Dans une société rationnelle, cela devrait être une bonne nouvelle : les robots vont faire le boulot à notre place, donc tous à mi-temps ! Dans la logique capitaliste, cela devient : on détruit la moitié des effectifs. Si on se résigne à cette logique, alors effectivement il faut au moins essayer d’obtenir un revenu. Mais il y a là une grande naïveté qui consiste à penser qu’il sera plus facile d’obtenir des capitalistes, sous forme de revenu, ce qu’ils refusent sous forme de réduction du temps de travail.
Quant à l’économie numérique, elle sert de prétexte à un retour à des formes d’emploi ultra flexibles. Philippe Van Parijs, l’un des grands promoteurs de l’allocation universelle, explique ainsi que « la réalité du 21e siècle » n’est pas la réduction du temps de travail mais la « multiplication du travail atypique, du travail indépendant, du travail à temps partiel, des contrats de toute sorte » (L’Obs, 7 juillet 2016). Il faudrait donc s’y résigner et renoncer à un statut du salarié prenant en compte ces nouvelles formes de travail, comme si la société devait se conformer aux innovations technologiques, et non l’inverse.
Pour Benoît Hamon, « le revenu universel est la nouvelle protection sociale ». Quel est ton point de vue ?
Un revenu universel pleinement réalisé représenterait au bas mot 30 % du PIB. Il ne peut être financé qu’à condition de se substituer à la protection sociale dans son intégralité : les 1 000 euros par mois remplaceraient les pensions et devraient aussi couvrir les dépenses de santé. Cette « nouvelle protection sociale » serait donc par essence individualisée et donc en rupture avec la logique de solidarité et de mutualisation qui a historiquement sous-tendu tout progrès social. En réalité, le projet de Benoît Hamon est plus prudent. Il propose dans l’immédiat une revalorisation du RSA de 10 % qui serait étendu de manière inconditionnelle à tous les jeunes de 18 à 25 ans (les Échos, 18 décembre 2016). Pour aller plus loin, le revenu universel devra « s’articuler avec les aides sociales existantes » et Hamon parle de « fusions ciblées » avec les minima sociaux (23 milliards d’euros), les aides au logement (18 milliards) ou les prestations familiales (53 milliards). Mais cela ne suffit pas à financer les 300 milliards d’euros de son projet, et Hamon explique qu’il « aborde ces propositions avec prudence » (les Échos, 3 octobre 2016). En réaffirmant que « le revenu de base doit renforcer, et non pas réduire la protection sociale », il montre que cela n’est en rien garanti d’avance.
Quelle serait l’alternative ?
La véritable alternative, c’est un écosocialisme. Le capitalisme a en effet atteint ses limites et il est incapable de répondre aux besoins sociaux, ni de faire face au défi climatique. Il faut donc imaginer des projets qui amorcent une bifurcation vers un autre système, une sorte de « programme de transition » dont l’axe central serait la réduction du temps de travail. Et on peut d’ailleurs citer celui que Trotski avait rédigé en 1938, parce qu’il a sur ce point conservé toute son actualité :
« Sous peine de se vouer lui-même à la dégénérescence, le prolétariat ne peut tolérer la transformation d’une partie croissante des ouvriers en chômeurs chroniques, en miséreux vivant des miettes d’une société en décomposition. Le droit au travail est le seul droit sérieux que l’ouvrier ait dans une société fondée sur l’exploitation. Cependant, ce droit lui est enlevé à chaque instant. Contre le chômage, tant “structurel” que “conjoncturel”, il est temps de lancer, en même temps que le mot d’ordre des travaux publics, celui de l’échelle mobile des heures de travail. Les syndicats et les autres organisations de masse doivent lier ceux qui ont du travail et ceux qui n’en ont pas par les engagements mutuels de la solidarité. Le travail disponible doit être réparti entre tous les ouvriers existants, et cette répartition déterminer la longueur de la semaine de travail. Le salaire moyen de chaque ouvrier reste le même qu’avec l’ancienne semaine de travail ! Le salaire, avec un minimum strictement assuré, suit le mouvement des prix. Aucun autre programme ne peut être accepté pour l’actuelle période de catastrophes. »
La réduction du temps de travail doit être l’occasion d’une incursion dans le droit de propriété en instituant un contrôle par les travailleurs des décisions d’embauche. Autant la bourgeoisie est prête à distribuer un revenu pour solde de tout compte, autant elle est absolument hostile à toute remise en cause du pouvoir patronal. De manière générale, et en cohérence avec la transition écologique, il faut inverser la logique capitaliste en partant des besoins et des contraintes et en créant ex nihilo les emplois socialement et écologiquement utiles. Pour prolonger la comparaison avec les années 1930, « le mot d’ordre des travaux publics », évoqué par Trotski, trouve aujourd’hui son prolongement dans l’idée de l’État « employeur en dernier ressort ».
Ces pistes radicales sont à la hauteur des enjeux de notre « période de catastrophes », mais elles semblent hors de portée, compte tenu des rapports de forces réellement existants. C’est dans cet écart que prospère un projet comme celui de revenu universel qui apparaît comme un moyen de contourner les obstacles et de passer à nouveau à l’offensive. Il a au moins le mérite de susciter une réflexion sur la société que nous voulons, mais il fonctionne aussi comme un dérivatif récupérable et comme un obstacle à la construction d’une stratégie alternative.
Propos recueillis par J.C. Laumonier
27-01-2017
Royaume-Uni: May dévoile son grand dessein
Le 17 janvier, dans un discours qui fera date, Theresa May a tracé les grandes lignes de sa perspective pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Il était sans doute temps. Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2016, les critiques dans le monde politique et les média ont fusé: elle et son gouvernement seraient embrouillés, incompétents, divisés, ils n’auraient pas de plan, etc. Beaucoup de ces critiques étaient de mauvaise foi, faisant partie du jeu politicien à Westminster. D’autres venaient de gens qui avaient tout simplement négligé de lire les déclarations de Theresa May avant d’ouvrir la bouche ou d’écrire. Parce que, si on peut bien dire que le discours du 17 janvier constituait la première fois qu’elle avait élaboré et résumé son projet de manière globale, elle avait auparavant donné beaucoup d’indications sur le fond de sa pensée. Ainsi, au mois de novembre il était déjà possible d’écrire: «Il semble qu’elle veut sortir du marché unique (…) Il est moins clair, mais probable, qu’elle envisage la sortie de l’union douanière» (1). Et le 17 janvier, elle a confirmé qu’elle veut sortir du marché unique et ne pas faire partie intégrale de l’union douanière. Et qu’elle veut un ou des accords avec l’UE pour faciliter les échanges.
Mais est-ce qu’elle pourra les avoir? A lire les média européens (et britanniques anti-Brexit), à écouter les déclarations de divers commentateurs, la réponse va de soi: elle aura beaucoup de mal, le rapport de forces lui est défavorable, voire elle a déjà perdu. Le tout étant souvent appliqué avec la méthode Coué, accompagné d’une quantité de lacunes et d’inexactitudes consternantes. Alors il est clair que les négociations à venir opposent un pays à 27 autres, et, en plus aux institutions européennes. Que cela implique que le rapport de forces est très défavorable au Royaume-Uni, cela l’est beaucoup moins.
Avant le discours de May, il y avait ce qui ressemble à une petite mise en scène. Le 14 janvier, la presse britannique a publié des reportages et des analyses sur le compte-rendu d’une réunion privée entre Michel Barnier, négociateur en chef pour l’Union européenne, et des parlementaires européens (2). D’après The Independent, le compte-rendu «indique que l’UE pourrait hésiter à se couper de l’accès au plus grand centre financier d’Europe. Les négociateurs [européens] craignent de déstabiliser l’environnement économique délicat qui existe dans de nombreux pays européens et de créer des difficultés monétaires». Barnier est cité dans l’article comme disant qu’il n’y aurait «aucune agressivité, aucune vengeance, aucune punition» dans la «négociation unique et extraordinaire sur la sortie du Royaume-Uni». Il a ajouté quand même que le résultat devrait démontrer que la meilleure option pour les Etats-membres était de rester dans l’UE.
L’article dans The Guardian sur le même sujet est plus fourni. Il cite une déclaration de Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre, devant des députés britanniques le 10 janvier: «Il y a de plus grands risques pour la stabilité sur le continent, à court terme, en cas de transition. Si vous dépendez d’une juridiction [britannique] pour les trois-quarts de vos activités de hedging (marchés de produits dérivés), les trois-quarts de votre activité sur les marchés des changes, la moitié de vos emprunts et la moitié de vos transactions en titres et valeurs, vous devrez réfléchir et faire très attention concernant la transition de votre point d’ancrage vers une place financière où vous devrez trouver un nouvel équilibre». D’après le compte-rendu, il a aussi dit, «Un travail doit être fait dans ce domaine. Il y aura un rapport spécifique. Il faudra travailler hors du cadre des négociations … afin d’éviter l’instabilité financière».
Un porte-parole de la commission européenne a «insisté que le compte-rendu [qui a été fait par des fonctionnaires du Parlement européen ‘ne reflétait pas correctement ce que M. Barnier a dit’». Bien sûr. M. Barnier, lui, n’a apporté aucun déni.
Il est clair que le gouvernement britannique et la City veulent remplacer le «passporting» qui donne actuellement le droit aux institutions financières britanniques d’opérer partout en Europe (mais qui dépend de l’appartenance au marché unique) par un accord «spécial» qui faciliterait les transactions à l’avenir. D’après le compte-rendu dont on vient de parler, il semble bien que c’est aussi le point de vue de Barnier. De là à dire que tout est déjà bouclé, ce serait aller beaucoup trop vite en besogne. Mais un terrain de négociation d’un accord réciproquement bénéficiaire existe manifestement.
Il n’est pas inutile de préciser qu’aussi bien Mark Carney que les deux journaux s’étaient opposés au Brexit, et qu’au moins les journaux persistent et signent.
Le lendemain, Philip Hammond, ministre des finances et considéré comme le numéro deux du gouvernement, a accordé une interview au journal allemand Die Welt am Sonntag. Hammond est généralement vu comme une force de modération au sein du gouvernement. C’est donc normal que c’est à lui qu’a incombé la tâche de menacer l’Union européenne, façon de montrer que le gouvernement parle d’une seule voix. Ce que Hammond a dit peut se résumer rapidement: «nous voulons rester avec une économie, un système de taxation et des règlementations à l’européenne. Mais si nous sommes obligés d’être quelque chose de différent, alors nous devrions devenir quelque chose de différent». Et le «quelque chose de différent» serait de créer une économie avec des taux de fiscalité fortement réduits et une dérégulation générale, afin d’attirer des investissements. Ce discours, qui a été appuyé par May et répété à Davos, a été vite repris en Europe et par l’opposition travailliste à Londres comme la preuve que les véritables intentions des conservateurs étaient de supprimer toute réglementation et de laisser libre-cours à un capitalisme sans entrave. Mais c’est loin d’être évident. D’abord, il a été clair de la part de Hammond aussi bien que de May, qu’il s’agissait, pour ainsi dire, d’un Plan B, à mettre en œuvre uniquement si l’Union européenne bloquait tout accord de libre-échange, donc si la ligne «on va les punir» prévalait. D’autres observateurs qui l’avaient compris ont conclu que c’était juste un bluff, une menace qui ne serait jamais mise en exécution. Ce n’est pas forcément vrai. Au cas où les négociations se termineraient dans une impasse, ce Plan B pourrait bien être mis en œuvre. On peut penser que c’est improbable, mais ce n’est pas impossible.
Dans un éditorial du 14 janvier, le Financial Times conclut avec le message suivant : « Le Royaume-Uni devrait chercher à avoir un accord basé sur l’équivalence, mais pas à n’importe quel prix. Mrs May devrait faire clairement comprendre que si elle ne peut pas obtenir un accord acceptable, elle quittera la table des négociations et utilisera la liberté que le Royaume-Uni vient de retrouver pour fixer ses propres règles et faire de la City un concurrent beaucoup plus farouche.
Hammond n’a pas dit autre chose, et May a affirmé qu’il valait mieux n’avoir pas d’accord du tout qu’un mauvais accord.
Le Financial Times avait défendu au moment du référendum le maintien du Royaume Uni dans l’Union européenne. Mais aujourd’hui, le journal accepte le résultat et met sa considérable autorité derrière le gouvernement britannique. Cela fait partie d’un certain resserrement des rangs, qui a vu par exemple l’association CityUK, qui représente le secteur financier, abandonner la revendication du maintien du passporting et défendre la nécessité d’un accord qui permettrait de continuer à faire des affaires – acceptant donc de fait le Brexit. Cela se voit aussi dans l’attitude de Carney. Ce n’est pas un chèque en blanc et ce n’est pas le cas de tous ceux qui s’étaient opposés au Brexit, mais dans les cercles financiers et patronaux Theresa May renforce plutôt ses positions.
Revenons au discours de May, un discours long qui a couvert beaucoup de sujets. L’essentiel était bien sûr de préciser que le Royaume-Uni allait quitter le marché unique et n’accepterait pas entièrement l’union douanière dans la mesure où celle-ci empêche les Etats membres de conclure de manière indépendante des accords de libre-échange avec des pays tiers. Par ailleurs il vaut mieux mettre son discours en relation avec d’autres discours et initiatives.
May et son gouvernement sont souvent présentés en Europe (et même parfois au Royaume-Uni) comme étant centrés sur la question de l’immigration et comme étant plus à droite que le gouvernement précédent, celui de Cameron. Ces deux idées sont contestables. Certes, la question du contrôle de l’immigration est une question importante pour le gouvernement et pour une grande partie de la classe politique et de la population: cette préoccupation va bien au-delà de la minorité raciste. C’est une des raisons pour quitter le marché unique. L’autre est de se libérer des jugements de la Cour de justice européenne. On peut penser qu’à long terme, c’est plus important. Les politiques d’immigration peuvent évoluer dans un sens ou dans un autre. La sortie de la juridiction de la CJE est définitive.
Depuis qu’elle a quitté le pouvoir en 1990, l’héritage, les idées et les actions de Margaret Thatcher ont été considérés par la classe politique comme des acquis. Ils n’ont pas été sérieusement contestés, ni par son successeur John Major, ni par les dirigeants de New Labour Tony Blair et Gordon Brown, ni par David Cameron, ni, en gros, par les média et les intellectuels. Maintenant un nouveau vent se lève. On se rend compte que Margaret Thatcher a beaucoup détruit et peu construit et qu’on vit toujours avec les conséquences en termes d’inégalités, dislocation sociale, crise du logement, état lamentable du système de santé et ainsi de suite.
Dans un discours marquant au congrès du parti conservateur en 2002, May avait dit aux délégués: «vous savez comment les gens nous appellent ? Ils nous appellent «le parti dégueulasse». David Cameron a essayé d’améliorer l’image du parti sur des questions de société: il n’a pas touché à l’économie. Loin de rompre avec l’héritage de Thatcher, il voulait terminer son travail.
May est différente. On dit souvent d’elle que, comme première ministre, elle ne pourra rien faire d’autre qu’organiser la sortie de l’Union européenne. Il est vrai que cette question représente, comme on dit couramment outre-Manche, le plus grand défi pour un gouvernement britannique depuis la Deuxième Guerre mondiale. Si May ne faisait que s’occuper de cela, ce serait compréhensible. Mais elle veut aussi faire autre chose. Elle se situe dans la tradition de ce qu’on appelle le «conservatisme social». A la différence de Thatcher, elle pense que les problèmes de la société existent et elle le dit. Elle a aussi une autre vision de l’Etat, plus interventionniste. Dans un discours devant des banquiers et des patrons à Davos, peu apprécié par ses auditeurs, elle leur a dit qu’il fallait qu’ils paient leurs impôts et traitent mieux leurs salariés, et que les forces du marché seules ne pouvaient pas répondre aux besoins des gens. Elle a précisé: «Si vous réussissez tout juste à joindre les deux bouts, vous ne voulez pas d’un gouvernement qui se dégage, vous en un voulez un qui vous aide». Ce n’est pas du thatchérisme, c’est même une prise de distance très consciente avec le legs de la Dame de fer.
De retour de Davos, une semaine après son discours du 17 janvier, elle a dévoilé sa «stratégie industrielle». Le titre du Guardian la résume ainsi dans un gros titre: «Le plan industriel de Theresa May signale une évolution vers plus d’intervention par l’Etat». La journaliste note aussi le changement par rapport à Cameron, «qui avait plutôt une démarche de laisser-faire à l’égard de l’économie». La stratégie industrielle de May, tout comme son discours du 17 janvier, a été chaleureusement accueillie par la Confédération de l’industrie britannique, qui rassemble les patrons de ce qu’on peut appeler «l’économie réelle». Elle s’est aussi engagée à maintenir les droits sociaux qui font actuellement partie de la législation européenne.
May veut quitter l’Union européenne dans l’optique de conclure des accords de libre-échange à l’échelle mondiale. Qu’elle réussisse ou pas, c’est sa perspective. Et sur ce plan-là comme sur d’autres, elle n’a pas grand-chose en commun avec Donald Trump, même si elle va chercher à se servir de lui comme contrepoids à l’UE. Elle a un plan industriel et un plan de formation professionnelle: en plus, il faut revenir plus de quarante ans en arrière pour trouver des premiers ministres qui ont montré le même degré d’indépendance à l’égard de la City. Elle semble prendre au sérieux la crise du logement, alors que Cameron se limitait à un plan pour aider les jeunes gens aisés du Sud-Est à acheter leur première maison. Sa perspective est de mobiliser un soutien populaire en disant aux gens – «on va quitter l’UE et il y a des choses qui vont changer pour vous, on va s’occuper de vos problèmes». Elle n’est pas plus à droite que Cameron, ni plus à gauche d’ailleurs. Elle a une politique différente qui représente un début de rupture, sur certains plans, avec les quarante dernières années. Et ce qu’elle fait est dans l’air du temps. John McDonnell, bras droit de Jeremy Corbyn et porte-parole du Labour sur les finances, était l’un des premiers à le remarquer, en l’exagérant un peu.
May et son gouvernement vont avoir des négociations difficiles dans les mois et même les années qui viennent. Mais le rapport de forces est moins défavorable qu’on le dit souvent, et pas seulement à cause de l’importance de la City pour l’Europe. Elle est face à 27 Etats, qui agissent parfois comme un bloc derrière l’Allemagne, mais qui ont chacun leurs intérêts nationaux. Y compris l’Allemagne. Sigmar Gabriel, vice-premier ministre, a récemment défendu la nécessité des transferts fiscaux de l’Allemagne vers d’autres pays. Par souci de solidarité? Pas vraiment. Gabriel pense que l’éclatement de l’UE n’est plus impensable et que dans ce cas-là, «nos enfants et nos petits-enfants nous maudiraient, parce que l’Allemagne est le plus grand bénéficiaire de la communauté européenne – sur les plans économique et politique» (3). De son côté, Merkel a convoqué une réunion de ses principaux ministres pour discuter de l’attitude de l’Allemagne dans les négociations sur le Brexit. Le porte-parole du gouvernement met les points sur les ‘i’»: «Nous devons identifier les intérêts de l’Allemagne et les introduire dans les négociations». Quant au premier ministre néerlandais, Mark Rutte, dans une interview avec le Financial Times (11 décembre, 2016) où il soulignait les dangers de «plus d’Europe», qui alimenterait les populismes, il a conclu : Mon premier intérêt, c’est l’intérêt néerlandais» On pourrait multiplier ce type de déclaration par 27, et le gouvernement britannique en est bien conscient. D’ailleurs, le 12 janvier, le site Bloomberg lui a donné des pistes dans un article: «Sept stratégies pour le Brexit que Theresa May pourrait utiliser pour ronger l’unité de l’UE».
La Cour suprême du Royaume-Uni vient de confirmer, comme chacun s’y attendait, que le gouvernement sera obligé d’obtenir l’approbation du Parlement avant d’activer le fameux Article 50, qui déclenche le processus de sortie du Royaume-Uni de l’UE. Cela permettra de voir comment les différents courants politiques se situent. On y reviendra.
27-01-2017
En Égypte, un anniversaire sur fond de crise économique
Tout juste six ans après le soulèvement révolutionnaire du 25 janvier 2011 qui a conduit à la chute de Hosni Moubarak, l’Égypte, toujours dirigée d’une main de fer par le président Abdel Fatah Al Sissi, s’enfonce dans une grave crise économique et financière.
Depuis la destitution par l’armée en juillet 2013 de Mohamed Morsi, président élu issu des frères musulmans, et de la répression sanglante qui a suivi (on dénombre plusieurs centaines de tués par balles lors de la dispersion des sit-in de protestation an Caire en août 2013), c’est le maréchal Al Sissi qui a troqué son uniforme militaire contre le costume-cravate de président. Omniprésent, celui-ci se présente comme le garant de la sécurité et l’artisan de la relance économique du pays, bien mal-en-point suite à la crise économique mondiale de 2008 et les conséquences du «printemps arabe».
En janvier 2011 le slogan «Pain, liberté, justice sociale» scandé par les manifestants dans les rues d’Égypte lors du soulèvement révolutionnaire cristallisait bien la situation du pays: un régime politique dictatorial verrouillé et une situation sociale catastrophique avec un chômage de masse chez les jeunes, un accès au logement très difficile, des salaires de misère, une éducation publique moribonde et un système de santé de plus en plus catastrophique pour la majorité de la population. Et c’est d’ailleurs un mouvement de grève massif dans tout le pays qui a fini par pousser Hosni Moubarak à démissionner: les militaires qui ont assuré la transition par la suite, avant l’élection de Morsi en été 2012, ont bien compris la nature des événements. C’était un réel mouvement révolutionnaire, large et bien déterminé qui était prêt à remettre en cause non seulement un régime politique dictatorial en place depuis 3 décennies, mais aussi le système de production même. Al Sissi, qui était déjà à ce moment membre du conseil suprême des forces armées qui a assuré la transition, a bien retenu les leçons de cette période trouble. Il est devenu en quelque mois le chef de file de la contre-révolution et de la revanche des forces de l’ancien régime, police et armée en tête.
Une répression généralisée
Bien qu’initialement orientée à l’encontre des frères musulmans, la répression du régime s’est très vite étendue à toute forme d’opposition. Les arrestations et les disparitions forcées se comptent par centaines. Cas le plus médiatisé en Europe, la disparition et l’assassinat de Giulio Regeni est en effet un indicateur interpellant. L’enlèvement, la torture et le meurtre il y a tout juste un an de cet étudiant italien à l’université américaine du Caire, probablement par la police égyptienne (l’enquête est toujours en cours et a causé un refroidissement temporaire des relations diplomatiques entre l’Italie et l’Égypte) montre bien le niveau d’impunité dont dispose maintenant les forces de police. En plus des disparitions, on ne compte plus les tués par balles par des officiers, les tortures dans les commissariats ou les arrestations d’opposants.
Un arsenal législatif s’est aussi mis en place rapidement. Une des premières lois votées par le parlement après l’arrivée de Sissi au pouvoir restreint fortement le droit de manifester, et conditionne toute manifestation à une autorisation du ministère de l’intérieur. De nombreux égyptiens et égyptiennes ont ainsi été emprisonnés, y compris de nombreux mineurs.
Une autre loi s’attaque aux ONG et vise à réduire le peu de liberté qu’elles ont encore. En prétextant mettre fin à l’ingérence étrangère via le financement de différentes ONG, cette loi très controversée vise en fait à faire taire toute forme de résistance au régime. L’ONG « AL Nadeem », qui fournit une aide psychologique aux victimes de la torture, a par exemple reçu la visite de fonctionnaires du ministère de la santé venu fermer le centre prétextant une absence d’autorisations. Leur comptes en banque ont été gelés temporairement et une membre fondatrice, le Dr. Aïda Saif Al Dawla empêchée à l’aéroport du Caire de quitter le pays pour se rendre à un congrès à Tunis.
Dans le Sinaï, c’est une vrai guerre qui se déroule entre le régime et des milices djihadistes de mieux en mieux armées et nombreuses. L’oppression et l’humiliation des habitants du nord de la péninsule, en grande partie des bédouins, déjà sous l’ère Moubarak sous prétexte de lutte contre les plantations de marijuana, ne fait qu’alimenter l’insurrection. Et la proximité de la frontière avec Gaza, fermée la plupart du temps, ne fait qu’empirer la situation: maisons rasées pour détruire les tunnels reliant Gaza à l’Égypte, déplacement de population… De plus, le mouvement des frères musulmans, longtemps resté à l’écart de la lutte armée, est poussé dans cette voie. En effet, le mouvement est déclaré « organisation terroriste » et la sanglante répression entamée à l’été 2013 pousse des sympathisants de plus en plus vers la lutte armée. Le « tout-répressif » dans le Sinaï permet en tous les cas à Al Sissi d’alimenter la peur du terrorisme et de justifier des dépenses militaires faramineuses: Rafales et frégates achetées à la France, sous-marin à l’Allemagne… Mais si cette violence, qui commence à se répandre ailleurs dans le pays (une explosion dans une église du Caire la veille de Noël a tué des dizaines de fidèles), lui permet de justifier sur le plan intérieur une restriction brutale des libertés, elle lui pose aussi de grosses difficultés à présenter le pays comme « attractif » aux investisseurs étrangers, dans un contexte économique catastrophique.
Crise financière et économique
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour expliquer la situation économique désastreuse. La chute des revenus du tourisme depuis le départ de Moubarak est conjuguée à une baisse des revenus du canal de Suez. La baisse du commerce mondial suite au ralentissement économique en Chine en est une raison, mais l’ouverture d’une nouvelle voie de passage via l’arctique (en raison de la fonte des glaces) est également non-négligeable. Dans un contexte au Proche-Orient extrêmement tendu avec la crise syrienne, l’Égypte s’est retrouvée avec un manque important de devises en 2016.
Face à l’explosion du marché noir et face aux exigences du FMI pour octroyer un prêt de 12 milliards de dollars, le gouvernement a décidé de libéraliser le taux de change et de fortement réduire les subsides sur l’énergie. Résultat: une perte de valeur de plus de 50 % de la livre égyptienne par rapport au dollar et une inflation galopante. Énormément de secteurs de l’économie son dépendant de matières premières achetées sur le marché mondial en dollar, et de nombreux produits de base comme le sucre ou le blé sont en bonne partie importée. Les prix des médicaments ont aussi fortement augmenté, dans un pays où des soins de santé de qualité sont quasi inaccessible aux plus pauvres et où les infrastructures médicales se dégradent de plus en plus.
L’armée égyptienne est dans ce contexte un acteur économique de plus en plus important. Déjà propriétaire de nombreuses usines (alimentations, équipements…) elle diversifie son activité de plus en plus, en démarrant par exemple de gigantesques projets hôteliers, comme à Alexandrie où d’immenses hôtels sont construits sur le bord de mer.
Et l’inauguration en grande pompe de la deuxième voie navigable du canal de suez en 2016 et de ses futures zones franches n’apporte pas les résultats promis. L’autorité du Canal de Suez ne publie d’ailleurs plus les chiffres de ses revenus…
La classe politique et l’élite économique, complètement discréditée aux yeux de la population, maintient un train de vie indécent et les affaires de corruption font régulièrement la une des journaux. Ainsi des millions de dollars et d’euros ont été retrouvé début janvier au domicile du secrétaire général du conseil d’État. Celui-ci a été retrouvé mort dans sa cellule peu de temps après son arrestation et bien évidement avant d’avoir pu être interrogé…
Mobilisations?
Malgré tout, dans ce contexte particulièrement morose comparé à l’immense espoir suscité par le mouvement révolutionnaire de 2011, des mouvements de protestation se déclenchent régulièrement. Ainsi, en janvier 2016, suite aux coups donné par des officiers de police à deux médecins refusant de falsifier des certificats médicaux, un grand mouvement de protestation secoua la profession. Une assemblée générale au siège du syndicat des médecins au Caire rassembla des milliers de membres, beaucoup rassemblés dans la rue devant le bâtiment en scandant des slogans hostile au régime.
Quelques mois plus tard, c’est de nombreuses manifestations spontanées qui ont suivi l’annonce par le président Al Sissi de redéfinir les frontières maritimes avec l’Arabie Saoudite et de rétrocéder deux petits îlots de la mer rouge.
Et plus récemment, suite à l’attentat contre l’église au Caire la veille de Noël, de nombreux chrétiens coptes se sont rassemblés devant l’église visée par l’attaque. Ils ont expulsé les quelques journalistes vedettes venu visiter les lieux (en fait de simple marionnettes du régime distillant docilement sa propagande) et exprimé leur colère à l’encontre d’un gouvernement qui ne fait pas grand-chose pour enrayer les violences sectaires. Certains ont même osé crier «A bas le régime!» Un premier avertissement à destination du «maréchal-président»?
Sources:
– http://orientxxi.info/
– http://www.madamasr.com/en
27-01-2017
La campagne BDS pour les droits des palestiniens n’a cessé de croître en 2016 – Bilan
Dans le numéro du 23 décembre 2016 de Goosch.lu, nous avons expliqué diverses mesures atteignant à la liberté d’expression de nombreux militants et sympathisants de la campagne BDS (Boycott-Désinvestissement- Sanctions), suite à l’extension et à l’impact croissant de celle-ci. Plus particulièrement, nous avons mis en évidence la priorité que l’État d’Israël accorde depuis quelques années à une campagne qu’il dénigrait jusque là, mais qu’il considère désormais comme une «menace stratégique», selon les termes mêmes de ses plus hauts responsables.
Dans la présente contribution, il s’agit de faire partager aux lecteurs les nombreuses et diverses formes d’impact du mouvement dans le monde au cours de l‘année 2016 [1], suite au bilan que vient d’en opérer le BNC, le Palestinian BDS National Committee. Ce récapitulatif est loin d’être complet. Il reflète bien, cependant, l’évolution globale du mouvement et les tournants en cours. Il reflète surtout son caractère irréversible, car les dizaines de millions d’euros consacrés à sa répression par l’État d’Israël et les dizaines de milliers de personnes mobilisées par Israël pour l’y aider, n’ont pas réussi à arrêter sa croissance. Bien au contraire.
Récapitulatif de l‘impact
2016, une année marquante pour le BDS …
Les Palestiniens et les défenseurs de la liberté, de la justice et de l’égalité pour les Palestiniens se souviendront de cette année 2016, entre autres comme de l’année où Israël aura mené, contre le mouvement BDS mondial lancé par les Palestiniens pour leurs droits déjà en 2005, une guerre sans merci [2] , dans une tentative désespérée pour l’écraser.
Mais on se souviendra également de 2016 comme de l’année d’un échec spectaculaire d’Israël, alors que BDS n’a cessé de s’étendre et que son impact sur le régime israélien d’occupation, de colonialisme par le peuplement et d’apartheid s’intensifiait.
En 2016, Israël a déployé d’énormes actifs financiers, un espionnage intensif, une propagande bien huilée, du cyber «sabotage» et, avec encore plus d’intensité, une guerre juridique contre les défenseurs des droits de l’Homme et les réseaux BDS.
… malgré la guerre médiatique, politique et juridique menée par Israël à son encontre
Très contrarié par l’extension de BDS en Occident, en Amérique latine, dans le monde arabe, en Afrique du Sud et dans une partie de l’Asie, Israël a espéré mettre à profit son énorme influence sur le Congrès et les parlements des États-Unis, ainsi que sur les gouvernements de la France, du Royaume Uni et du Canada entre autres, pour interdire BDS. Israël a essayé de stigmatiser, de diaboliser et, dans certains cas, de délégitimer BDS par le haut, après avoir échoué à écraser le mouvement au niveau de la population et de la société civile mondiales. Or, tout au long de cette année, BDS est devenu de plus en plus fort.
D’importantes multinationales…
… dont Orange [3] et CRH [4], ont abandonné leur implication dans des projets israéliens qui empiètent sur les droits des Palestiniens. Cet abandon a suivi la sortie de Veolia [5] d’Israël en 2015, après que cette société avait perdu des offres de milliards de dollars à cause des sept ans de campagne BDS.
Également cette année, des dizaines de conseils municipaux, principalement en Espagne, se sont déclarés «Zones Libres d’Apartheid» [6], et d’importantes Églises des États-Unis ont retiré leurs investissements des banques israéliennes ou de sociétés internationales qui soutiennent l’occupation.
BDS a par ailleurs renforcé ses coalitions intersectorielles avec, entre autres, les mouvements pour la justice raciale, économique, de genre et climatique à travers le monde.
BDS a gagné du soutien légal et politique
Une victoire exceptionnellement remarquable pour le mouvement BDS en 2016 fut qu’il a gagné du soutien pour le droit de boycotter Israël, en soutien aux droits des Palestiniens selon le droit international, de la part de l’Union Européenne, du gouvernement de la Suède, des Pays Bas et d’Irlande, ainsi que d’Amnesty International, de l’Union Américaine pour les Libertés Civiques, de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme et de centaines de partis politiques, de syndicats et de mouvements sociaux du monde entier.
L’UE reconnaît le «droit au BDS»!
L’importance de la clarification de la Haute représentante de l’UE (déjà mentionnée en décembre dernier) n’a échappé à personne. En réponse à une question de la députée Martina Anderson pour savoir si la Commission de l’UE s’engagera à défendre le droit des militants BDS à exercer leur liberté démocratique d’expression, la Haute représentante de l’UE a répondu:
« L’UE se situe fermement dans le soutien à la liberté d’expression et d’association conformément à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, qui s’applique sur le territoire des États membres de l’UE, y compris en ce qui concerne les actions BDS menées sur ce territoire ».
Madame Mogherini a aussi affirmé que:
« La liberté d’expression, comme le souligne la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme, s’applique aussi aux informations ou aux idées «qui choquent ou dérangent l’État ou tout secteur de la population. »
Les actions de la société civile via BDS accèdent à une logique de pression internationale
La logique d’«apaisement» du régime israélien d’oppression a commencé à céder la place à une logique de pression internationale soutenue, qui a prouvé son efficacité dans le combat pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud. Le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, par exemple, a adopté, dans sa réunion du mois de mars 2016, la décision de créer une base de données de toutes les sociétés israéliennes et internationales qui sont complices et profitent du régime israélien d’occupation. Ce remarquable développement a rendu nerveuses de nombreuses sociétés impliquées dans les graves violations du droit international par Israël.
La résolution 2334 du Conseil de Sécurité de l’ONU, datée du 23 décembre 2016, dénonçant la construction et l‘extension des colonies israéliennes de peuplement, a mis un comble à l‘énervement des Israéliens, Barack Obama profitant de sa fin de mandat pour ne pas utiliser son droit de véto. L’arrivée de Trump à la Maison Blanche risque, certes, d’annoncer de nouveaux moments difficiles pour les Palestiniens et les organisations qui les soutiennent dans leur lutte légitime. Il n’en reste pas moins que des pas décisifs nous semblent avoir été franchis. Nous y reviendrons en fin d’article.
La liste ci-dessous résume quelques-uns des indicateurs les plus significatifs de l’impact, direct et indirect, de BDS dans différents domaines. Nous les présentons ci-dessous, non dans l’ordre chronologique – qui relève de la logique de rapport annuel du BNC – mais dans un classement par thème ou domaine.
Domaines et thèmes des campagnes menées
À l’encontre de multinationales
– Orange laisse tomber son affiliation à Israël après une intense campagne BDS en Égypte et en France.
– La société irlandaise CRH devient la dernière multinationale à quitter Israël.
– La société de sécurité G4S perd un important contrat en Colombie.
– G4S annonce des plans de sortie du marché israélien, mais la campagne BDS contre lui continue.
De la part d’États, de municipalités, de provinces
– La Suède devient le premier Etat européen à reconnaître le droit au BDS contre Israël.
– Les gouvernements néerlandais et irlandais défendent le droit au boycott d’Israël au nom de la liberté de parole et de la liberté d’association.
– Le Parlement d’Ontario (Canada) rejette une loi anti BDS.
– L’institution Publique du Koweït pour la Sécurité Sociale (PIFSS) se désinvestit de G4S.
– En Espagne, la province de Cordoue se déclare Zone Libre d’Apartheid Israélien et approuve la coopération avec le mouvement BDS.
– La province brésilienne de Bahia annule son accord de coopération avec la compagnie des Eaux Mekorot de l’Israël d’apartheid.
– Le Conseil municipal de Bondy, près de Paris, adopte très largement un boycott des produits des colonies israéliennes.
De la part d’organisations internationales
– Le Conseil Palestinien des Organisations de Droits de l’Homme (PHROC) défend le droit de pratiquer le BDS contre Israël, parce que protégé par la législation internationale.
– L’UNICEF en Jordanie met fin à son contrat avec G4S.
– L’UNOPS devient la troisième agence de l’ONU à abandonner G4S.
De la part de grandes organisations de la société civile, de partis, de syndicats
– Les organisations, centres et associations de femmes palestiniennes appellent les femmes et les féministes du monde entier, ainsi que les organisations et collectifs de femmes, à souscrire à l’Appel BDS.
– Amnesty International soutient le droit des défenseurs des droits fondamentaux des Palestiniens engagés dans BDS, condamnant les menaces d’atteintes physiques et de privation des droits fondamentaux portées contre eux par Israël.
– Les partis néerlandais D66 et Gauche Verte appellent à des sanctions contre Israël.
– La campagne BDS marocaine convainc des dizaines de commerçants de boycotter les dattes israéliennes.
– Les plus gros syndicats britanniques exhortent G4S à cesser de profiter de l’occupation israélienne
– Le Secrétariat aux droits de l’Homme de la Fédération Uruguayenne des Travailleurs du Commerce et des Services appelle au boycott des produits israéliens et demande aux entreprises d’Uruguay de couper leurs liens avec l’apartheid israélien.
– La Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) soutient le droit au BDS.
– 356 organisations européennes de défense des droits de l’Homme, des églises, des syndicats et des partis politiques appellent l’UE à soutenir leur droit au boycott.
– Une large coalition de groupes de défense des droits civiques, des droits de l’Homme et de solidarité avec la Palestine aux États Unis, dont l’Union Américaine pour les Libertés Civiques (ACLU), soutient le droit au BDS en tant que forme de liberté d’expression protégée par la constitution.
– Le Centre Sud-africain pour l’Etude de la Violence et la Réconciliation retire sa participation à une conférence en Israël sur les études de génocide.
– L’Internationale Socialiste, une coalition majeure des partis socialistes de plus de 100 pays, reconnaît BDS comme stratégie efficace pour combattre l’occupation israélienne et le déni des droits des Palestiniens.
– Des militants soutenus par les principales associations de défense des droits civiques empêchent une législation anti BDS de passer au sénat de l’État du Massachusetts.
De la part d’Églises
– L’Église Méthodiste Unie se désinvestit des banques israéliennes qui financent l’occupation.
– L’alliance des Baptistes (USA) se désinvestit des sociétés qui profitent de l’occupation israélienne.
– La Conférence Catholique des Supérieurs Majeurs des Instituts Masculins des États Unis appelle au boycott des colonies israéliennes illégales.
– L’Église Congrégationaliste Unitaire d’Afrique du Sud (UCCSA) adopte BDS.
– L’assemblée de l’Église presbytérienne des USA vote l’étude de l’appel au BDS et s’engage, avec ses auteurs, à faire appel au gouvernement américain pour qu’il reconsidère son aide militaire à Israël.
De la part d’universités, d’universitaires, de campus
– Des centaines d’universitaires du Brésil et d’Italie rejoignent le boycott académique d’Israël.
– Le Syndicat du Collège de l’Université de Londres vote le soutien à BDS.
– Des dizaines d’universitaires de l’université Columbia (NewYork) appellent au désinvestissement du système israélien d’assujettissement.
– Les étudiants de la faculté de Droit de l’université du Chili votent très majoritairement pour BDS.
– La semaine Israël Apartheid de 2016 a été la plus importante jusqu’alors, des groupes de plus de 225 villes et campus universitaires ayant enregistré leur participation. Le développement de la semaine Israël Apartheid dans des pays d’Amérique Latine et dans le monde arabe est particulièrement stimulant.
– L’Union des étudiants de troisième cycle de l’Université de New York, qui fait partie de la section locale 2110 du syndicat UAW, rejoint BDS par un vote largement majoritaire.
– L’Association des Assistants d’Enseignement (section locale TAA/AFT 3220) de l’université du Wisconsin à Madison, le plus ancien syndicat d’étudiants de second cycle des États Unis, se prononce par un vote écrasant pour le désinvestissement des institutions étatiques.
– Des milliers d’universitaires et d’intellectuels arabes de la région du Golfe condamnent la normalisation avec le régime israélien d’oppression et souscrivent au boycott académique et culturel à son encontre.
– L’Assemblée Générale Universaliste Unitarienne a endossé le désinvestissement des sociétés israéliennes complices de l’apartheid israélien et des corporations internationales complices des violations des droits des Palestiniens.
– L’Union des étudiants d’une université canadienne d’Halifax vote la vente de ses investissements dans des sociétés soutenant les violations des droits de l’Homme par Israël, dont Toyota, Caterpillar, Teva et General Mills.
De la part et auprès d’acteurs culturels et sportifs
– BDS va jusqu’aux Oscars, demandant aux nommés de renoncer au voyage de propagande en Israël.
– Le géant du sport Reebok annule un modèle de baskets célébrant «l’indépendance» d’Israël.
– Le festival de la Semaine des écrivains de Listowel en Irlande rejette la demande de financement de l’ambassade d’Israël à Dublin.
– Pharrell Williams, dix fois lauréat des Grammy Awards, annule son concert à Tel Aviv sans explication.
Et au Luxembourg ?
Au Luxembourg, depuis 2015 jusqu’à au moins 2017 sinon 2018, plusieurs dossiers-clés sont au travail, qui relèvent des diverses dimensions du BDS, tant au niveau de l’information du grand public que de l’interpellation des autorités du pays:
1. L’étiquetage correct des produits israéliens fabriqués illégalement dans les colonies israéliennes et exportés en Europe et, à terme, l’interdiction d’importer ces produits en Europe
L’étiquetage correct des produits israéliens fabriqués illégalement dans les colonies israéliennes et exportés dans l’UE – donc au Luxembourg – sous une étiquette mensongère: «Made in Israël». Il s’agit d’amener le Gouvernement du pays à mettre en œuvre la Communication interprétative relative à l’indication de l’origine des marchandises issues des territoires occupés par Israël depuis juin 1967 (2015/C 375/05). Plusieurs pays de l’UE ont déjà produit les directives nationales devant mettre en pratique cette directive européenne : la Belgique, il y a deux ans – mais peu d’applications apparentes -, mais aussi la France, récemment, avec de premières applications.
Mais ces directives ne répondent qu’à une partie du problème: celui de l’information correcte aux consommateurs, d’une part, celui de refuser l’exemption des taxes douanières sur ces produits à leur entrée dans l’Europe. En fait, ces produits étant créés dans des conditions illégales selon le droit international, c’est leur entrée dans l’UE qui devrait être interdite, sous peine de complicité avec les pratiques israéliennes de colonisation. D’où un nouveau volet pour la campagne «B» du BDS.
2. Au niveau de l’Université du Luxembourg, deux dossiers sont apparus douteux et sont en voie de discussion:
a. Les coopérations de l’Université du Luxembourg avec des Universités israéliennes directement ou indirectement impliquées dans les politiques d’occupation et de colonisation de la Palestine ou complices de celles-ci.
b. La participation de l’Université et de l’aéroport du Luxembourg à un projet de recherche intitulé Flysec, dans le cadre du programme UE de recherches, Horizon 2020, à côté de et avec la société Elbit Systems, le plus gros producteur et commerçant israélien d’armes.
3. L’accueil au Luxembourg, avec tous les avantages liés à cette présence, de la société Elbit Systems elle-même, impliquée directement dans les politiques d’occupation, de colonisation, de guerres contre Gaza …
Les questions que pose ce type d’ «accueil» sont remontées à la surface à l’occasion de la visite du 1er Ministre, Xavier Bettel, en Israël, en septembre 2016. Ces questions rebondissent en de nouvelles questions, complémentaires: avec quelles entreprises israéliennes est-il cohérent ou non cohérent de travailler? Quels critères utiliser? Quels moyens se donner pour ne pas devenir complices de pratiques et de politiques condamnées par le Droit international? Ces questions et leurs contextes ont été présentés une première fois au Ministère du Commerce extérieur.
4. L’éventuelle complicité de banques luxembourgeoises avec l’occupant israélien dans la «chasse aux sorcières» contre des promoteurs de la campagne BDS et … plus simplement, des Droits de l’homme en Israël-Palestine.
Au Luxembourg, se sont présentés antérieurement des cas d’institutions bancaires interdisant des transactions financières, des versements de dons ou de soutiens d’associations du Luxembourg à des associations de certains pays du Tiers-Monde, ou fermant carrément les comptes bancaires desdites associations. Serions-nous confrontés aux mêmes dérives de certaines banques qui refusent aujourd’hui de faire suivre des fonds à des organisations palestiniennes des Droits de l’homme, sous prétexte que ces associations seraient sur des «listes rouges»? Quelles «listes rouges»? Gérées par qui, avec quels pouvoirs, au nom de quoi et de qui? Sur base de quelles sources? Les banques sont plutôt sourdes à ce genre de questions, et renvoient à d’autres instances, qui renvoient à d’autres instances … Malgré cela, les évidences commencent à paraître concernant le recours à des sources plus que douteuses et très peu objectives en ces matières.
Il y a du pain sur la planche, au Luxembourg !
La liste et la variété des actions BDS menées de par le monde en 2016, ainsi que les dossiers en cours au Luxembourg nous suggèrent assez clairement qu’ «il y a du pain sur la planche» au petit Grand-Duché. Et que le Luxembourg, pas plus que d’autres pays, n’est «au-dessus de tout soupçon». Si diverses instances montrent une volonté réelle de cohérence des politiques et qu’avec le Cercle des ONG tout un chantier de plus grande cohérence s’est ouvert il y a quelques années, il n’en reste pas moins que plusieurs dossiers épineux et difficiles sont arrivés sur diverses tables et seront mis au travail avec toute la rigueur nécessaire dans les mois qui viennent.
Grâce aux colonnes que Goosch.lu a bien voulu nous ouvrir, nous vous tiendrons donc au courant de l’évolution de ces dossiers. Qui plus est, toute campagne BDS est un travail collectif pouvant impliquer beaucoup de monde, à commencer par les militants de partis politiques et de syndicats engagés positivement en vue d’une réponse juste aux Droits du peuple palestinien. Oui, le «moment sud-africain» de la campagne BDS en faveur de la Palestine et d’une paix juste au Proche-Orient semble approcher. Il est temps. Il est grand temps!
[1] L’essentiel de cet article reprend, complète et restructure le récapitulatif annuel réalisé et publié à Londres le 28 novembre 2016 par le BNC (le Palestinian BDS National Committee) et traduit en français pour et par l’Aurdip (Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine). Les positions explicites ou implicites présentes ici n’engagent que leur auteur.
[2] Sur cette guerre, voir Lien. Nous y reviendrons en détail dans une contribution ultérieure.
[3] Pour Orange, voir Lien
[4] Pour la CRH (Cement Roadstone Holdings – ), compagnie irlandaise de matériaux de construction, mais aussi la plus grosse entreprise de l’Irlande.
[5] Veolia est une multinationale présente sur les cinq continents avec 174 000 salariés, qui assure la gestion de l’eau, la gestion des déchets, et la gestion énergétique.
[6] Les textes apparaissant en bleu souligné indiquent des liens internet vers les sites où des informations précises peuvent être trouvées si, à la lecture sur l’ordinateur, le lecteur clique sur la artie du texte soulignée.
27-01-2017
Vom «Cuba Libre» zum Kuba von Fidel Castro. Eine Nostalgiewelle erfasst Luxemburg!
Wenn sich anlässlich einer Vernissage mehr als 250 junge Menschen in einer Galerie treffen, um sich Fotografien von und rundum Fidel Castro anzusehen, dann ist das auch eine wahre Revolution.
Dieses war in der Galerie Clairefontaine (21, rue du St Esprit,Luxemburg) der Fall. Vom 19.01.17 bis zum 25.02.17 findet hier eine Doppelausstellung von Fotografien, zum Anlass des Todes von Fidel Castro «The Cuban Revolution» und «Cuba» von Yvon Lambert, statt.
Im Erdgeschoss der Galerie werden dem Zuschauer Originalfotos aus der Zeit der 1959 stattgefundenen kubanischen Revolution präsentiert, fast wie aus dem Familienalbum des Revolutionsführers, meist
kleinformatig und teilweise auch handkoloriert.
Im ersten Stockwerk werden grossformatigere, schwarz-weiss Fotografien von Yvon Lambert ausgestellt, welcher Kuba mehrmals zwischen den Jahren 1996 und 2000 besuchte und hier ein einprägsames Bild kubanischen Alltagslebens jener Epoche eindrucksvoll aufzeigt.
Die Zahl der ausgestellten Werke ist überschaubar, so dass man sich jedes einzelne Bild in Ruhe anschauen kann, um sich so ein objektiveres Bild dieser Epoche zu machen.
Bei «The Cuban Revolution» kann man von dokumentarischen Aufnahmen reden. Es sind wirkliche Raritäten und daher so faszinierend.
Es sind Momentaufnahmen einer ereignisreichen Epoche, nicht gestellt und nicht verschönernd. Sie geben uns Einblicke in das öffentliche und, was noch interessanter ist, in das Privatleben des kubanischen Revolutionsführers (z.B beim Abendbrot mit Colaflasche). Sie beweisen uns, dass Castro immer der selbe geblieben ist, vom Aussehen her, in seiner geliebten Uniform, vom Charisma her ein engagierter, politisch überzeugter aber schlussendlich immer ein bescheidener Mensch, immer nahe bei seinem Volk.
Einige Fotos erinnern einen bewusst oder unbewusst, an Fotografien bekannter Filmstars aus Hollywood. Castro wäre bestimmt ein guter Schauspieler geworden, imposant durch seine Statur, wortgewaltig in seiner Aussprache und mit einer ungewöhnlichen Bandbreite von verschiedenartigen Gesichtsausdrücken.
Die handkolorierten Fotos sind auch hervorzuheben. Hier wurde aus einer Not eine Tugend gemacht,
die Fotografen besassen in der damaligen Zeit, bedingt durch die Handelsbarrieren seitens der USA, noch keine Farbfilme. Man könnte sie mit Porträts von Andy Warhol vergleichen, der Castro meines Wissens nie porträtierte. Hier jedoch wird Fidel zur wahren Popartlegende erkoren.
Die Fotografien machen sowohl den Anführer zum Mythos, wie aber auch die Umstände in denen sie entstanden sind. Nicht alle Abzüge sind genau datierbar, die Urheber sind nicht mehr feststellbar und viele der abgelichteten Männer und Frauen neben Castro sind auch namentlich nicht einzuordnen.
Möchte man etwas über die angegebenen Fotografen erfahren so hat man leider wenig Erfolg. Mit Ausnahme von René Burri, ein Schweizer Starfotograf (1933-2014) und dem Studio Korda (Pseudonym von Alberto Diaz Gutiérrez,1928-2001) findet man keine Informationen. Letzterer war von 1959 -1968 Fotograf der kubanischen Revolutions-Elite, Fidel und Raoul Castro, Che Guevara und Camilo Cienfuegos.
«The Cuban Revolution» ist eine private Sammlung der Inhaberin der Galerie, die sie über Jahre hinweg angelegt hat. Diese Kollektion hatte in vorher organisierten Austellungen in New-York und in Basel, zu grösseren, polemischen Auseindersetzungen geführt. Doch die Zeiten haben sich verändert, denn diese Ablehnungen wurden beim Vernissage dieser Austellung in Frage gestellt. Laut Aussage der Galerie-Inhaberin,war die Ausstellung dieses Mal ein grosser Publikumserfolg. Welch eine Überraschung! Viva Lussemburgo!
Als Kontrast zu diesen historischen Aufnahmen, zeigt, der gebürtige und wohl aktuell bekannteste luxemburger Fotograf, Ivon Lambert (Jahrgang 1955) im oberen Geschoss der Galerie eine Serie von
grossformatigen Bildern, alle in schwarz- weiss, die uns einen interessanten EInblick in die Alltagskultur der Kubaner Ende des 20 Jahrhundert geben.
Der Fotograf versucht Dokumentarisches und Ästhetisches miteinander zu verbinden.Es ist kein Fotojournalismus, keine Sensationsfotografie , die versucht auf voyeuristische Art und Weise Armut und Elend von Menschen abzulichten. Nein es sind Bilder eines einfühlsamen Fotografen, der die Menschen nicht herabwürdigt sondern sie als stolze, ehrliche Mitbürger darstellt.
Die Kamera ist immer sehr nahe am Menschen und am Geschehen dran. Sie nimmt Augenblicke auf, wie aus einem fahrenden Auto heraus aufgenommen. Viele Bilder sind teilweise unscharf, schief kadriert und zeigen angeschnittene Personen an den Bildrändern.
Sonne, Licht und Schatten prägen die Atmosphäre der meisten Aufnahmen. Sind sie es doch diese Elemente die Psyche und die Mentalität der dort ansässigen Menschen formen.
Die Bilder zeigen auch, die Omnipräsenz des Revolutionsführers und seiner ehemaligen Mitstreiter, und bilden so den thematischen Zusammenhang mit den Fotografien im Erdgeschoss.
Seine Beliebtheit tritt hier ganz ehrlich zutage, von den Schulkindern angefangen bis hin zu den erwachsenen und älteren Menschen.
Der Kampf von David gegen Goliath (USA) scheint Anklang bei vielen Menschen zu finden.
Doch welcher lebender Politiker kann heutzutage noch soviele Generationen weltweit begeistern?
Fazit : absolut sehenswerte Austellung.