27-01-2017
Donald Trump président : le changement c’est maintenant !
Le nouveau président des Etats Unis n’a pas perdu son temps pour imprimer son empreinte sur la politique intérieure et extérieure de la 1ère puissance mondiale… Non sans provoquer des vagues de protestations et de réactions qui sont le prélude à une accélération prévisible de l’instabilité et des tensions intérieures comme extérieures. Le changement, c’est maintenant, mais pas forcément celui dont rêve l’homme « le plus puissant du monde ».
Ceux qui croyaient que Donald Trump allait s’assagir en endossant le costume présidentiel se sont trompés. A moins qu’ils n’aient eu raison trop tôt… Au lendemain de son investiture, les choses étaient claires : les attitudes provocatrices et la ligne ultra-droitière étaient bien rentrées à la Maison Blanche, par la porte ou par la fenêtre, peu importe.
Tambours et trumpettes
Cela a commencé par les polémiques risibles sur la taille de la foule qui était venue assister à son investiture. Le nouveau président a tenu, contre l’avis de ses conseillers, à allumer un contre-feu pathétique pour essayer de minimiser les manifestations de protestation massives qui se sont organisées dès le lendemain de son entrée à la Maison Blanche.
Sans attendre, le nouveau président a pris des décrets contre l’Obama Care et contre l’avortement. La portée réelle de ces décrets n’est pas énorme, mais la symbolique était puissante. Dans le même temps, il semait le trouble au plan international en attaquant l’Union européenne et la Chine. Un peu plus tard, il tentait de museler l’Agence de Protection de l’Environnement américaine pour l’empêcher de prendre des positions qui contredirait sa politique extractiviste et climato sceptique. Le résultat ne s’est pas fait attendre : plusieurs institutions comme le « Badlands national Park » se sont mis à tweeter à frénétiquement pour rappeler quelques douloureuses vérités sur le changement climatique et ses causes. Effet boomerang garanti ! Ensuite, il jetait un froid glacial sur les relations avec le Mexique… Et notre clavier made in China n’est pas assez rapide pour relater toutes ses décisions ou prises de position fracassantes. C’est sans doute la preuve que la Chine n’est pas uniquement un adversaire commercial pour les Etats-Unis, mais cela semble échapper complètement au nouveau président.
En face, la résistance s’organise. Les manifestations de masse représentent un événement historique dans l’histoire des Etats-Unis car elles ont vu converger les mouvements féministes, la jeunesse, le mouvement « Black lives matter » et la classe ouvrière. La gauche radicale a joué un rôle non négligeable, notamment autour de Kshama Sawant et de son organisation « Socialist Alternative ».
Que faire ?
Cette irruption du peuple américain sur la scène est prometteuse. Mais encore faut-il qu’une stratégie de résistance claire en émerge. Sur ce point, la partie n’est pas encore gagnée, mais les raisins de la colère sont mûrs.
Le plus grand défi que le mouvement de résistance anti-Trump devra relever est de couper les ponts avec le Parti démocrate. Hillary Clinton a déclaré que « Trump mérite notre soutien » et « qu’il faut lui laisser une chance ». L’âpreté de leurs débats n’était donc qu’une mauvaise comédie. Il n’est donc plus permis d’espérer que les Démocrates puissent encore représenter une alternative ou un moindre mal par rapport à la nouvelle situation. Et l’ère Obama ne doit pas être idéalisée, comme de nombreux médias ont tenté de le faire… Car Barack Obama est quand même le président qui a largué le plus de bombes sur les populations notamment au Proche-Orient. Et son bilan social n’est pas vraiment glorieux.
Pour un nombre croissant d’Américains, il apparaît clairement qu’une nouvelle force doit émerger pour représenter les intérêts de 99% contre l’Establishment représenté par les Républicains comme les Démocrates. Les divergences des 2 grands partis historiques ne portent en réalité que sur les modalités de la domination de la classe capitaliste sur le reste de la population.
Socialisme ou barbarie
La perspective d’une relation de plus en plus turbulente entre les États-Unis et la Chine notamment, avec de sérieux conflits commerciaux et économiques, n’est pas une fiction. Elle suscite à juste titre les craintes des commentateurs capitalistes. Les surenchères militaires et les exercices de musculation se multiplient. Ils sont symptomatiques des divisions profondes qui traversent les classes dirigeantes du monde entier, lesquelles sont de moins en moins capables d’élaborer la moindre réponse, même partielle, à la crise du capitalisme. Tout cela confirme le fait que le capitalisme entraîne l’humanité plus profondément dans la crise et les calamités. Nous gardons toutefois notre optimisme face à ces nuages sombres parce que nous voyons l’autre face de la pièce, avec la résistance croissante des travailleurs et des jeunes du monde entier face au capitalisme et à ses représentants politiques. C’est ce qui ressort le plus clairement de l’opposition de masse à Trump qui s’est déjà amorcée avant même son entrée à la Maison Blanche. La réponse nécessaire à Trump, et au nationalisme de droite dans tous les pays, est la construction d’une alternative populaire de la classe ouvrière avec un programme socialiste clair, c’est-à-dire un programme qui place les intérêts de l’immense majorité de la population avant la soif de profit de quelques-uns.
13-01-2017
Le luxembourgeois comme langue d’inclusion
Frank Jost, tu t’es à diverses reprises exprimé sur le traitement de la langue luxembourgeoise par la classe politique luxembourgeoise et tu milites pour une politique linguistique. Essayons de faire le tour des questions qui se posent et qui seront traitées maintenant à la Chambre, suite au deux pétitions qui ont fait l’actualité en automne. Interview.
Est-ce que le luxembourgeois peut servir de langue d’inclusion dans l’école fondamentale ?
Il y a deux dizaines d’années, j’avais des discussions avec des enseignants de l’école du Brill à Esch-sur-Alzette. Dans cette école une grande majorité d’enfants est issue de l’immigration surtout lusitanienne. On lui connaissait déjà une massification exceptionnelle pour une école primaire, environ 800 élèves. Le sentiment de ces enseignants était que les choses deviendraient vraiment critiques dès le moment ou la «langue de la cour de récréation» allait chavirer du luxembourgeois au portugais. Vingt ans après, la langue de la cour de récréation reste le luxembourgeois, ou disons un luxembourgeois assorti d’ingrédients «babéliens». C’est que, malgré la forte dominance d’enfants non-luxembourgeois, le luxembourgeois reste la langue du «dénominateur commun». Le luxembourgeois fait donc figure de langue d’inclusion dans le fondamental.
Est-ce que le luxembourgeois peut servir de langue d’alphabétisation dans l’enseignement fondamental?
Oui, et c’est déjà largement le cas pour l’heure. Il est cependant urgent de reconsidérer la pratique de l’enseignement de l’allemand (comme langue maternelle supposée ou présumée), qui dépasse beaucoup d’écoliers et conduit à des redoublements, souvent dans le cycle 3 . Une autre question est celle de la maîtrise nécessaire de leur langue maternelle des très jeunes enfants. Cette maîtrise est indispensable pour le développement de l’enfant, ce qui ne signifie pas que toutes ces langues maternelles de notre société multiculturelle puissent être enseignées à l’école fondamentale. D’ailleurs, il existe un réel problème de capacités de locution insuffisantes chez beaucoup d’enfants entrant au cycle 1. Il est d’origine sociétal ou social. Bien sûr que les enfants dont les deux parents ne parlent pas le luxembourgeois peuvent difficilement le parler en entrant à la «Spillschoul», d’autant plus que le précoce est sous-développé et partiel. C’est là qu’ils l’apprendront. Mais l’expression dans leur propre langue maternelle, qu’elle soit portugaise ou luxembourgeoise ou autre, est souvent sous-développée, ce qui est inquiétant.
Est-ce que le luxembourgeois peut servir de langue d’inclusion dans toutes les strates de la population?
Certainement pas. Les travailleurs immigrés adultes peu qualifiés, n’ayant pas eu accès à une langue germanique avant leur immigration, ne peuvent que très difficilement s’approprier des connaissances approfondies du luxembourgeois et n’accèdent pas à la locution. Il en va de même de la majorité des frontaliers francophones et des travailleurs intellectuels qui ne passent qu’une période assez brève dans le pays (p.ex. enseignants et chercheurs de l’université). Pour les travailleurs frontaliers, des cours appropriés peuvent conduire à des connaissances partielles suffisantes pour l’exercice de leur métier. C’est déjà le cas du personnel médical lorrain opérant dans les hôpitaux. Il faut noter aussi que le luxembourgeois, imposé à mauvais escient – là où il ne devrait pas l’être – peut servir de langue d’exclusion, ce qu’il faut empêcher à tout prix. Nous ne devons pas céder à la mauvaise volonté de ceux qui commandent leur croissant (sic) et exigent qu’on le leur serve en luxembourgeois.
Est-ce que le luxembourgeois est une langue montante ou en péril?
Les deux. Le nombre de locuteurs – facteur évidemment de poids pour déterminer les chances de survie d’une langue – qui est en forte progression milite pour sa survie. A l’inverse, l’influence des médias allemands conduit à un appauvrissement déplorable de la substance du luxembourgeois (vocabulaire, cas, sexe,…). Les jeunes Luxembourgeois «de souche» parlent souvent «däitsch op lëtzebuergesch». Ce n’est pas réactionnaire de militer pour la préservation d’une langue. Chaque année, sur les quelque 7000 langues existant sur terre, des dizaines disparaissent. C’est indéniablement une perte culturelle. Nous luttons aussi pour la biodiversité, n’est-ce-pas? Cela ne veut pas dire qu’il faut suivre les «Volkstümler» qui exigent de parler notre langue, comme le faisaient les paysans de l’Oesling au 19e siècle. Il faut aussi considérer que chaque langue a besoin de se nourrir de mots nouveaux provenant souvent de langues voisines. Une langue qui se raidit va mourir.
Est-ce que le luxembourgeois a suffisamment de substance pour servir de langue administrative et judiciaire?
On s’imagine difficilement un remplacement de l’ensemble du langage et des textes législatifs, réglementaires et judiciaires français en luxembourgeois. Notons cependant que depuis longtemps et plus fortement depuis quelques décennies le luxembourgeois est présent dans les sphères législatives et judiciaires: débats parlementaires en luxembourgeois, débats en luxembourgeois dans les procès, code de la route populaire… en allemand et en portugais. Certaines revendications de la pétition récente pour le luxembourgeois comme langue administrative sont cependant à considérer: communication ou résumé d’un jugement civil ou pénal en luxembourgeois, le texte français faisant foi, résumé des textes de loi concernant la vie quotidienne en luxembourgeois,…
Il faudrait s’occuper d’une façon plus scientifique et plus professionnelle de l’évolution de la langue luxembourgeoise, car on peut influencer l’évolution d’une langue et la faire grandir. Le grand problème est à mon avis l’absence de politique linguistique au Luxembourg. Ce flou est d’ailleurs une des raisons pour l’essor des réactions identitaires et parfois fascisantes autour de la question de la langue. La gauche n’a pas de positions politiques non plus et laisse l’initiative à l’extrême droite. Évacuer le problème en ne parlant que du retour du nationalisme en Europe n’est pas une solution, mais un faux-semblant de position politique. La question linguistique demande une orientation politique spécifique à cette question.
Un aspect d’une telle politique linguistique concerne la valeur intrinsèque de la langue luxembourgeoise et les moyens d’augmenter sa valeur. Les «shit stormers» qu’on a pu lire sur le net en automne ne savent pas l’écrire. Est-ce que les enseignants apprennent à l’écrire correctement à l’Uni-Luxembourg?
Est-ce-que, dans l’enseignement, on peut inverser le poids traditionnel des différentes langues enseignées?
Il faut une mise en question des priorités actuelles en faveur du luxembourgeois et en défaveur de l’allemand. Le multilinguisme devrait rester intouchable, mais il faudrait redéfinir le poids respectif des différentes langues concernées. L’enseignement du français doit être réformé dans les différents ordres scolaires. Il est inadmissible que les jeunes qui ont suivi 11 ou 12 ans de français à l’école, n’osent pas le parler, ne savent pas l’écrire correctement et semblent même en partie développer une véritable haine du français. Cela nous ramène aux fluctuations germanophiles et francophiles tout au long de l’histoire de la société luxembourgeoise au long de ces dernières 200 années. Il y a eu bien des retournements qui sont à peine analysés… mais cela dépasse le cadre de la question.
Il faut repenser l’enseignement de langues supplémentaires (au choix) dans l’enseignement secondaire. C’est déjà le cas exceptionnellement pour le chinois. Il faudrait aussi penser au portugais, qui est une langue mondiale, ne l’oublions pas. Il est parfaitement possible de repenser cela indépendamment de la valorisation du luxembourgeois.
La valorisation du luxembourgeois, n’est-ce pas une obsession chez toi qui te rapproche des populistes?
J’ai déjà partiellement répondu plus haut. Si on laisse le luxembourgeois être dévoré lentement par l’allemand, on assiste sans réaction à une perte de substance culturelle qui est déplorable. En plus de cela on rend impossible l’emploi plus systématique du luxembourgeois dans la vie publique, scolaire, administrative, puisqu’il sera trop appauvri pour servir. En disant cela, je ne suis pas du côté des populistes, mais en contradiction avec eux, puisqu’ils ne sont pas intéressés à le cultiver. Il ne faut pas croire que les organisateurs des Oktoberfeste soient intéressés à la préservation et au développement de notre langue comme objet de valeur culturel. Ils veulent s’en servir à des fins d’exclusion, alors que je pense qu’il faut le cultiver pour qu’il puisse servir à des fins d’inclusion. Nous assistons à un retour du pendule de la germanophilie, alors que l’effet des désastres du 3e Reich sur la mentalité des Luxembourgeois s’estompe. En règle générale, les périodes d’identification avec l’Allemagne étaient aussi les plus réactionnaires au Luxembourg. Je précise que mon propos ne doit nullement être compris comme mépris de la culture allemande, surtout pas de la langue allemande que je maîtrise mieux que le français.
Mais tu t’élèves contre l’interpénétration de l’allemand et du luxembourgeois, tu veux un luxembourgeois pur?
Non, un «luxembourgeois pur» pourrait signifier une langue qui se raidit, devient impénétrable, ne s’enrichit plus, devient muséale et donc moribonde. Le luxembourgeois doit donc obligatoirement recevoir des mots nouveaux provenant d’autres langues et aussi de l’allemand. Ce n’est pas une raison de remplacer des mots, prononciations, formes verbales, genres luxembourgeois par de l’allemand. Je ne suis pas linguiste, je dois donc rester modeste, mais observateur. On nous impose depuis quelques années un «y» prononcé «ü», comme en allemand: «Dem Müriam sei Josü geet op d’Olümpiad». C’est d’un ridicule qui tue! Le «j» doit être prononcé «i», comme on le faisait déjà à Luxembourg-Ville sous l’influence de la garnison prussienne: «De Iang an d’Iosephine» ne sont pas encore de mode mais déjà «Iapan» et «Ieer». Le participe passé, comme «genaat», «gebutt» est remplacé par la formulation allemande; «geschwaat» survit encore, mais sera bientôt «geschwetzt». Le «Freedefeier» devient «Feierwierk», qui attirera bientôt d’«Feierwier», anciennement d’«Pompjeen». La liste est longue, surtout aussi celle du remplacement des mots luxembourgeois par leurs synonymes allemands. Faire un effort de préservation, parce que l’allemand est plus fort que le luxembourgeois et a tendance à s’imposer ne signifie pas automatiquement raidir le luxembourgeois.
13-01-2017
Le Luxembourg, terre d’accueil… très sélective
Quoi de plus ennuyeux qu’un projet de loi dont, selon le gouvernement, l’objectif principal est la transposition de deux directives européennes concernant les conditions d’entrée et de séjour de travailleurs saisonniers, ainsi que des employés dans le cadre d’un transfert temporaire intragroupe? Si avec une telle affiche la nouvelle réforme de la loi sur l’immigration[1] n’est pas susceptible de réveiller un chat qui dort, il se pourrait bien que telle est justement la volonté du gouvernement.
Car derrière cette transposition insipide se cachent des changements législatifs qui sont loin d’être anodins. En effet, l’occasion a été saisie pour glisser en toute discrétion dans ce projet de loi des éléments supplémentaires qui émanent d’une volonté politique purement nationale: un nouveau type de visa pour les riches, la prolongation de la durée de rétention pour les demandeurs d’asile déboutés et, plus surprenant, des dispositions qui comptent faire du Luxembourg une terre d’accueil privilégiée pour des multinationales forcées de fuir leur pays d’origine. En somme des initiatives qui ont le potentiel de provoquer une polémique et sur lesquelles le gouvernement a tout intérêt d’éviter un large débat public.
Le visa en or
En 2009, le Ministre de l’économie Jeannot Krecké (LSAP) rencontra dans un club de jazz à Moscou l’homme d’affaires russe Vitaly Malkin pour conclure un marché: l’oligarque, impliqué à l’époque dans des cas de blanchissement d’argent, devait introduire le ministre luxembourgeois auprès de son homologue russe, le Ministre des Finances Alexeï Kudrin. En contrepartie, Jeannot Krecké s’engageait à accorder à l’épouse de Malkin un titre de séjour au Grand-Duché.
Si cet épisode, révélé en 2013 par l’hebdomadaire d’Lëtzebuerger Land, semble quelque peu lugubre, il n’avait rien d’illégal ni d’inhabituel. Le ministre pouvait s’appuyer sur l’article 78 de la loi sur l’immigration qui lui permet « d’accorder une autorisation de séjour pour raisons privées ». Cet article, toujours en vigueur, donne ainsi au Ministre toute latitude à accorder le droit de séjour à qui bon lui semble et, à en croire la réponse à une question parlementaire[2] du député David Wagner (déi Lénk), il a été utilisé à la discrétion du gouvernement des centaines de fois depuis 2011.
Si la majorité DP-LSAP-déi Gréng s’apprête aujourd’hui à réformer la loi de l’immigration, ce n’est pas pour abroger cet article 78, qui invite inévitablement à des marchandages douteux. Il restera bien en place de manière plus ou moins inchangée. Au contraire, le gouvernement s’apprête à élargir encore davantage les possibilités pour les personnes fortunées en introduisant un nouveau «titre de séjour pour investisseurs».
Afin d’obtenir ce «visa en or», il suffit d’investir au Luxembourg la somme d’au moins 500.000 euros dans une entreprise, 3 millions d’euros dans une structure d’investissement ou 20 millions d’euros sous forme de dépôt. Il s’agit ni plus ni moins d’une invitation aux oligarques du monde entier à venir habiter au Luxembourg, à profiter du secret bancaire et à contribuer, un tant soit peu, à la flambée des prix immobiliers.
Des familles en rétention pendant 7 jours
L’introduction de ce nouveau titre de séjour pour investisseurs est d’autant plus discutable que de l’autre côté de la hiérarchie sociale, les conditions sont considérablement durcies avec le même projet de loi. Jusqu’à présent, une famille avec des enfants, dont la demande d’asile a été refusée, pouvait être mise en détention au maximum pendant 3 jours avant d’être expulsée. Ce délai est maintenant étendu à 7 jours.
Si la détention dans un centre fermé est déjà difficile à accepter pour un adulte qui n’a commis aucun crime, elle s’avère particulièrement traumatisante pour des enfants, alors que ceux-ci ont déjà dû endurer de véritables calvaires pour en arriver jusque-là. L’UNHCR juge que la détention de mineurs en centre de rétention est contraire à la Convention internationale des Droits de l’Enfant, voilà pourquoi cette institution de l’ONU fait campagne afin de faire cesser cette pratique. Avec ce projet de loi, le Luxembourg part en sens inverse.
Le gouvernement justifie cette mesure avec des arguments exclusivement bureaucratiques, considérant que l’ancienne limite «entraîne des contraintes au niveau de l’organisation des retours de familles». Des problèmes logistiques qu’on résout donc en empruntant la voie qui présente le moins de résistance, c’est-à-dire en amputant simplement les droits de ceux qui ne peuvent pas se défendre.
Droit d’asile pour les entreprises
S’il existe aujourd’hui des millions de déplacés de par le monde qui cherchent refuge, on entend rarement parler de multinationales qui soient obligées de fuir leur pays d’origine. Mais cela n’empêche pas le gouvernement de préparer déjà cette éventualité en mettant en place un cadre législatif approprié pour ériger le Luxembourg comme terre d’accueil privilégiée pour les entreprises victimes d’une catastrophe.
Comme l’expliquent les auteurs du projet de loi, «un établissement financier ou autre» qui subit un sinistre, peut être confronté à des pertes financières ou de revenus. Ils poursuivent en disant que «face à la montée de risques géopolitiques, de risques informatiques, mais aussi de risques naturels (tremblements de terre, tsunami, feu, …), les établissements se doivent donc de mettre en place des plans et systèmes de continuité d’activité» avant de conclure que «le Luxembourg a tous les atouts pour devenir une terre d’accueil par excellence pour ce type de site». Ainsi la loi sur l’immigration est adaptée afin «d’assurer aux établissements publics ou privés de pays tiers que leurs agents pourront, en l’occurrence d’un sinistre, se rendre sans délai sur le site de continuité d’activité situé le cas échéant sur le territoire luxembourgeois».
S’il n’est pas détaillé en quoi consiste concrètement un tel «site de continuité», il faut probablement s’imaginer des bureaux avec une infrastructure informatique contenant un «back-up» des systèmes de l’entreprise et qui restent plus ou moins inutilisés, jusqu’à ce que la maison-mère soit frappée par un sinistre. De quoi interpeller aussi le Conseil d’Etat qui s’interroge «sur l’intérêt à voir aménager de telles constructions qui auront pour finalité de rester d’abord des structures destinées à n’être utilisées qu’en cas de transfert (…)».
Ainsi le Ministre Jean Asselborn, qui justifia un jour la présence de sociétés boîte-aux-lettres au Luxembourg par le manque de place pour accueillir de vrais bureaux, a déposé un projet de loi qui prépare le terrain pour la création de bureaux largement inutilisés. Une idée qui semble tellement farfelue, qu’on ne peut s’empêcher de soupçonner des motifs autrement plus sophistiqués derrière cette initiative…
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[1] Projet de loi 6992
[2] Question écrite n°2569
13-01-2017
900 neue öffentliche Mietwohnungen…
…könnte der Staat bauen wenn er den Briefumschlag abholen wollte, den Frau Margrethe Vestager, die europäische Kommissarin für Konkurrenzfragen, in ihrer Schublade für den luxemburgischen Staat bereit hält. Nur der will ihn nicht abholen.
Vertiefende Untersuchung eingeleitet
Nun, die einleitende Darstellung stimmt nicht ganz. Richtig ist, dass die Kommissarin eine Voruntersuchung abgeschlossen hat, die eine Steuervermeidung des französischen Multis Engie bzw. seinem Vorgänger GDF-Suez betrifft. Zum ersten Mal wurde dieser Tage eine Chiffrierung gewagt: 300 Millionen oder auch noch mehr soll Engie dem Staat an Steuergeldern abliefern, wenn die vertiefende Untersuchung, die jetzt eingeleitet ist, einmal abgeschlossen ist.
Engie bleibt ganz cool. Alle gewünschten Informationen würden der Kommission oder dem luxemburgischen Staat geliefert. Und: niemand bezichtige Engie, den Fiskus betrogen zu haben. Und so ist es formal gesehen wohl auch. Beschuldigt wird der luxemburgische Staat, die Regeln der gerechten Konkurrenz zwischen Konzernen missachtet zu haben, indem er geschuldete Steuergelder nicht einkassierte. Denn die Frau Vestager ist nicht zuständig für soziale Gerechtigkeit, nicht für die gerechte Verteilung des Mehrprodukts, nicht für die gewissenhafte Arbeit der Steuerverwaltungen, sondern dafür, dass die Konzerne untereinander nicht durch staatliche Maßnahmen bevorteilt oder diskriminiert werden. Die Steuersätze in der EU bleiben immer noch bei der nationalstaatlichen Souveränität, die Wahrung der Konkurrenz ist europäische Sache.
Verschieben von Kapitalien
Aus der 56seitigen Voruntersuchung geht hervor, dass zwei Töchter von GDF-Suez, LNG Supply (LNG) und GDF Suez Treasury Management (GSTM) 2009-2011 zwei Anleihen bei zwei anderen Filialen der Gruppe, LNG Luxembourg, dann Elecrabel Invest Luxembourg aufgegeben hatten, die in Aktien konvertibel waren. Bereits 2008 hatte das Büro 6 der Steuerverwaltung der Suezgruppe eine Steuerentscheidung (oder Reskript) zugestanden, in der diese Verschiebungen gleichzeitig als Anleihen und als Anteilnahmen innerhalb derselben Kapitalgruppen angesehen wurden. Anleihen und Anteilnahmen werden nicht besteuert. Hingegen können sie von den Steuern abgesetzt werden. „Alles legal“ sagt der Staat. „Derselbe Betrieb kann nicht zweimal bei derselben Transaktion gewinnen,“ sagt die Kommission. Und: „GSTM hat zwischen 600 und 650 Millionen vom steuerpflichtigen Einkommen abgesetzt, LNG zwischen 400 und 450 Millionen. Diese Summe von etwa einer Milliarde € hätte nach dem luxemburgischen Gesetz zu 29% besteuert werden müssen, was runde 300 Millionen Steuerrückstände ausmacht. Bitte einfordern!“
Ein Schrecken ohne Ende
An diesem Beispiel zeigt sich, wie wertvoll Luxleaks sind. Sie haben zu Offenlegungen geführt, die nun der Konkurrenzkontrolle in Brüssel wertvolle Informationen liefern. Alte Steuerrückstände werden aufgedeckt. FIAT wurde bereits zur Nachzahlung von 30 Millionen verurteilt, Amazon und Mac Donald’s warten darauf. Luxleaks wirkt nach. Danke Whistleblowers!
Tausende Haushalte in Luxemburg warten auf eine bezahlbare Mietwohnung. Sie werden wohl noch lange warten. Denn das ist Luxemburg mit seinem Herrn Hansen. Nicht Brüssel mit seiner Frau Vestager. Und sowieso haben beide Situationen gar nichts miteinander zu tun…sagt man.
13-01-2017
Black lives matter : you can’t have capitalism without racism !
Black Lives Matter (« les vies des Noirs comptent ») est un mouvement militant afro-américain qui se mobilise contre la violence ainsi que le racisme systémique envers les Noirs. Les membres de Black Lives Matter organisent régulièrement des manifestations et se mobilisent contre les meurtres de personnes noires par des policiers. Ils accordent une importance particulière au profilage racial, à la brutalité policière ainsi qu’à l’inégalité raciale dans le système de justice criminel des États-Unis.
Le mouvement est né en 2013 sur Twitter avec le hashtag #BlackLivesMatter, à la suite de l’acquittement de George Zimmerman, un Latino-américain coordonnant la surveillance du voisinage, qui avait tué l’adolescent noir Trayvon Martin en Floride.
Le racisme imprègne tous les pores de la société américaine. La police raciste multiplie les arrestations arbitraires et le harcèlement qui dérape trop souvent vers la brutalité et le meurtre. Au moins 193 personnes noires ont été tuées par la police rien qu’en 2016 ! Les politiques économiques racistes, privant les Noirs de l’accès aux bons emplois et au logement, durent depuis la fin de l’esclavage. L’inégalité raciale se perpétue dans le système éducatif en raison du manque d’écoles de qualité et de la montée en flèche des droits de scolarité et des coûts qui affectent de façon disproportionnée les Noirs. Et le système politique, par l’élimination des électeurs, la privation de droits, ainsi que le biais des médias, utilise le racisme pour soutenir cette société profondément inégale.
Tout cela n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est la prise de conscience croissante et la détermination croissante à lutter contre le racisme, en particulier au sein de la « génération millénaire » (18-35 ans). Au cours des deux dernières années, le mouvement Black Lives Matter, à travers des manifestations, des marches et des rébellions majeures à Ferguson et à Baltimore, a ébranlé la société américaine.
Prise de conscience
Grâce aux efforts des militants noirs et antiracistes, une prise de conscience contre le racisme s’est développée aux États-Unis. Un sondage récent indiquant une augmentation de 10% du soutien au mouvement Black Lives Matter (de 41 à 51%) démontre l’impact puissant de ce mouvement sur la société américaine. Les jeunes et la plupart des gens de la classe ouvrière sont scandalisés de l’oppression structurelle contre les Noirs et les autres personnes de couleur.
Cette détermination et la volonté grandissante de changer radicalement le système et de lutter contre le racisme sont une base solide pour construire un mouvement de résistance large contre la politique raciste, sexiste et antisociale de Donald Trump.
L’écrivain Shaun King, une des figures dominantes du mouvement, a déjà donné une impulsion dans cette direction en appelant à organiser une vague de boycotts économiques pour mettre fin à la brutalité policière et aux injustices raciales aux Etats-Unis. Le boycott était organisé à l’échelle nationale, et ciblait :
– des villes entières et des états, comme ce fut le cas en Caroline du Nord contre le projet de loi anti-LGBT ;
– des marques et des sociétés particulières qui s’assoient à l’oppression systémique et en tirent profit ;
– certaines marques et sociétés dont le siège est situé dans des villes et des États notoires pour la brutalité policière et la violence raciale, qui ne font rien ou presque pour s’y opposer ;
– des institutions particulières, y compris des banques, qui financent, informent, forment ou soutiennent autrement l’oppression systémique et la brutalité.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, Black Lives Matter organise de grands rassemblements pour protester contre l’investiture et la politique de Donald Trump.
Pas de capitalisme sans racisme
«Vous ne pouvez pas avoir le capitalisme sans racisme.» C’est la conclusion à laquelle Malcolm X est parvenu après des années de lutte.
Fred Hampton, dirigeant des Black Panthers à Chicago expliquait que «Les masses appartiennent à ce que vous appelez la classe inférieure, et quand je parle des masses, je parle des masses blanches, je parle des masses noires et des masses brunes, et les masses jaunes aussi. Nous disons qu’on ne combat pas le racisme avec le racisme. Nous allons combattre le racisme avec solidarité. Nous disons qu’on ne combat pas le capitalisme par le capitalisme noir; On combat le capitalisme avec le socialisme. »
Le capitalisme est un système dans lequel 1% de la population vit dans le luxe grâce au travail des 99%. Les 10 dernières années de la Grande Récession poussé le système à ses limites. Un tel système, qui a si peu d’autorité sur tant de gens, a besoin d’outils brutaux pour diviser et gouverner les travailleurs. Il y parvient en développant, en injectant et en perpétuant une idéologie qui dit que certaines personnes sont plus précieuses que d’autres. Les idées de racisme, de rôles et de discriminations de genre, etc., servent à maîtriser toute la classe ouvrière.
Pour lutter contre le racisme, pour arrêter Trump et la droite, ainsi que les politiciens de Wall Street, il faudra continuer à développer ce mouvement et le relier à la construction d’un nouveau parti composé de travailleurs, des jeunes et des gens de couleur. Un parti des 99% qui défende les intérêts des classes populaires de toutes origines.
Kshama Sawant, du mouvement Socialist Alternative a montré la voie à Seattle en organisant la résistance contre la politique répressive et antisociale qui touche à la fois le Noirs et les travailleurs blancs, après avoir arraché une augmentation du salaire minimum à 15 dollars de l’heure. Elle a contraint le maire et le reste du conseil municipal à reculer. Elle était la seule socialiste dans un conseil de 9 élus. Cela montre clairement les possibilités qui s’ouvriraient si le mouvement avait des représentants indépendants dans les conseils municipaux, les législatures des États et le congrès.
Yes, we can !
13-01-2017
Le congrès du PGE et les défis de 2017
Le Parti de la gauche européenne (PGE) a tenu son 5ème congrès à Berlin en décembre 2016. Le PGE rassemble des partis de la gauche radicale dans presque tous les pays membres de l’Union européenne (dont déi Lénk au Luxembourg) et dans plusieurs pays qui n’en font pas partie, notamment la Biélorussie, la Moldavie et la Suisse. Tout en respectant l’indépendance des partis membres, qui prennent leurs propres décisions politiques, le PGE s’efforce d’agir sur la scène européenne comme un vrai parti et de prendre des initiatives.
Les congrès du PGE se suivent et ne se ressemblent pas entièrement. Le 3e congrès en 2010 a dû tirer des leçons de la crise de 2008-09. Le 4e en 2013 avait déjà vu la crise de la zone euro, les crises de la dette souveraine et les «plans de sauvetage» (Grèce, Portugal, Irlande, Chypre). Et même si les trois derniers sont sortis des dits plans, il faut savoir que le Portugal, par exemple, verse chaque année 8 milliards d’euros en intérêts sur sa dette – environ 4% de son PIB.
Beaucoup d’événements se sont passés depuis le congrès précédent en 2013, mais ce qui a sans doute le plus marqué les esprits, c’est la Grèce. Les événements de 2015 ont jeté une lumière crue sur l’écart entre les «valeurs qui prétendaient fonder l’Union européenne», pour reprendre les termes du document politique adopté par le congrès, et la réalité. La façon, dont les institutions européennes ont imposé brutalement une politique d’austérité et des réformes néolibérales sur le gouvernement élu par le peuple grec, a posé pour beaucoup la question de comment agir pour que de telles choses ne se répètent pas ailleurs.
Le document politique adopté après des mois de discussion, et de nombreux amendements, représente un progrès. La première partie contient une analyse approfondie de la crise de l’Union européenne sur les plans économique et politique. Le document souligne la gravité d’un phénomène qui n’est pas totalement nouveau, mais qui est devenu plus grave ces dernières années, à savoir la montée dans une série de pays de forces de droite et d’extrême droite nationalistes, dont de véritables mouvements fascistes. Il traite aussi de la question des migrants et du «mélange d’impuissance et d’abjection» qui a caractérisé l’UE et la plupart des gouvernements face à cette crise.
Il est à signaler aussi que le document se prononce très clairement pour rejeter le capitalisme et affirmer la nécessité d’un socialisme démocratique et écologique. Cela peut sembler un peu abstrait: nous ne sommes guère à la veille de transformations socialistes. C’est pourtant important d’affirmer que l’Europe que nous voulons, sur les plans économique, démocratique, écologique, n’est pas compatible avec le capitalisme.
Le thème du congrès était «construire des alliances» et le document affirme le besoin de faire cela de la manière la plus large possible, ce qui correspond, par ailleurs à la pratique quotidienne des partis dans leurs différentes campagnes.
Le PGE cherche à prendre des positions de manière consensuelle. En ce qui concerne les différentes facettes de la crise européenne et la critique des institutions européennes, cela ne pose pas trop de problèmes. Quand il s’agit de définir nos perspectives d’action, c’est plus compliqué. Bien sûr, il y a une très large plage d’accord sur une série de questions qui concrétisent notre opposition à l’Europe néolibérale: opposition aux accords dits de «libre échange» comme le TTIP et le CETA, défense des droits des migrants, contre le dumping social et fiscal, contre la militarisation rampante, que ce soit sous l’égide de l’OTAN ou la perspective pas encore concrétisée d’une armée de l’Union européenne. Mais quand on arrive à définir comment combattre l’UE néolibérale et par quoi la remplacer, il existe des divergences.
Il est déjà loin le temps, il y a une dizaine d’années, où on pouvait se satisfaire de déclarations du genre «une autre Europe est possible», «il faut une Europe sociale», etc. Même l’affirmation du PGE qu’il ne s’agit pas de réformer l’Union européenne, mais de refonder l’Europe demande à être précisée. Le débat sur ces questions a eu lieu pendant les mois de préparation et dans le congrès lui-même. Certains partis affirment la nécessité d’arriver au pouvoir dans les Etats nationaux et à partir de là de contester l’UE néolibérale, les traités, la dette. D’autres cherchent plutôt à trouver des moyens d’agir au niveau européen. Les deux voies ne sont peut-être pas complètement contradictoires, mais elles sont bien différentes.
Le document politique a été adopté par plus de 80% des délégués au congrès. Ensuite, Gregor Gysi, dirigeant très connu de Die Linke en Allemagne, a été élu président du PGE. Pierre Laurent, dirigeant du Parti communiste français, qui avait été président pendant six ans, continuera son engagement en tant qu’un des quatre vice-présidents.
Le congrès terminé, le PGE et les partis nationaux sont confrontés aux défis de 2017. Certains événements en 2016 sont arrivés trop tard pour être bien analysés. C’est surtout le cas de l’élection de Donald Trump. Quant au Brexit, c’est une histoire qui ne fait que commencer et qui sera un facteur de crise, non seulement au Royaume-Uni, mais pour toute l’Union européenne.
Les deux pays les plus importants de l’Union verront en 2017 des élections qui sont tout sauf banales, et où la gauche radicale est confrontée non seulement aux forces de «l’extrême centre», celles qui portent les politiques d’austérité, mais à des forces d’extrême droite, le Front national en France et l’AfD en Allemagne. Dans les deux cas il s’agirait de combattre ces forces tout en se démarquant des partis néolibéraux qui ont nourri leur ascension. En Allemagne, Die Linke sera confrontée à trois élections régionales et aux législatives. En France les trois partis du PGE – le PCF, le Parti de gauche et Ensemble – sont engagés dans la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. Ce qui peut se passer dans d’autres pays, notamment l’Italie, est moins prévisible, mais les élections françaises et allemandes modifieront, d’une manière ou d’une autre, les rapports de forces en Europe.
13-01-2017
Wenn Sammler ihre Schatzkammern öffnen dann…?
Ein paar Gedanken über Raubkunst im Zusammenhang mit der Ausstellung «Buddha» in der Völklinger Hütte.
Noch bis zum 19. Februar kann man im «Europäischen Zentrum für Kunst und Industriekultur» Völklingen, 220 Meisterwerke buddhistischer Kunst bestaunen.
Dazu gäbe es Anlass einige belobende und einige kritische Bemerkungen zu machen.
Neben der Rarität und Qualität der Austellungsstücke, gilt es auch die gute pädagogische Aufarbeitung und Aufmachung der Austellung zu erwähnen.
So gibt es für den Laien neben jedem Kunstwerk ein Paneel mit verständlichen Informationen über Stil, Herkunft und Technik , jene Erläuterungen die so oft bei Austellungen mit aktueller Kunst fehlen und so Unverständniss und Kopfschütteln hervorrufen.
Doch es besteht die Gefahr, dass einem rückblickend beim Besuch der Austellung eher die imposante industrielle Architektur im Gedächtnis bleibt als die kleinen, präziösen und vergoldeten buddhistischen Skultpuren. Oder es könnte durchaus vorkommen, dass die Gedanken mehr an die Arbeiter gingen, die früher hier gearbeit haben, anstatt an die begrüssenswerte, friedfertige buddhistische Kunst und Religion.
Konzentriert man sich jedoch mehr auf die Austellungsstücke als auf den Austellungsraum, dann wird einem bewusst, dass buddhistische Kunst der westeuropäischen Kunst, zu dem Zeitpunkt, technisch hoch überlegen war.
Eine Tatsache die immer noch verschwiegen wird, denn aussereuropäische Kulturen stehen immer noch nicht auf dem Programm Kunsterziehung hierzulande .
Im Zeitalter der Mondialisierung fast undenkbar!
Die Arroganz jahrthundertlang andauernder Überlegenheit westlicher Kunst lässt sich eben nicht so schnell aus dem Gedächtnis verbannen. (die Bezeichnung «primitive Kunst» sagt hierzu alles)
Doch kommen wir zurück auf die eigentliche Problematik dieser Austellung.
Der Untertitel «Sammler öffnen ihre Schatzkammern» wirft nämlich die Frage auf warum diese Sammler, mit wenigen Ausnahmen, nicht im dazu veröffentlichen Katalog namentlich genannt werden?
Gibt es vielleicht einige Austellungsstücke bei denen es sich um Schmuggel oder Raubkunst handeln könnte. Denn oft geht die Zugehörigkeit der verebten Sammlerstücke auf 3-4 Generationen zurück .
Die entsprechenden Dokumente über deren rechtmässigen Kauf gibt es da wohl nicht mehr?
Offiziell gibt es hierzu dazu keine Stellungnahme seitens der Organisatoren.
Zweifel sind aber auch deswegen angebracht, da die meisten dieser Objekte aus ehemaligen europäischen Kolonien, wie z.B. Indien, Laos oder Vietnam stammen.
Kunstraub ist kein Kavaliersdelikt , war und muss noch immer geächtet werden (Napoleon sah es vielleicht ein wenig anders!) Ausserdem muss die berechtigte Frage nach der Rückgabe an die wahren Besitzer geklärt werden.
Doch Kunstraub ist heutzutage aktueller denn je!
«Zeit Online»(06.01/17) berichtet in einem Artikel von Günther Wessel «Die Beute des Abu Sajjaf», dass der IS seinen Terror auch mit Antikenschmuggel finanziert. Man fand beim IS-Führer Dokumente von 700 zum Kauf angebotenen antiken Objekten die teilweise aus dem Museum von Mossul stammen. Auch dort wo der IS nicht selber ausgräbt, vergibt er Lizenzen an Ausgräber die dann wiederum mindestens 20% als Steuer zurückzahlen müssen.
Schlimm ist allerdings auch die Tatsache, dass die meisten geraubten Antiken in europäischen Freihäfen jahrelang gelagert werden, um so ihre Verkaufsspuren zu verwischen.
Wieviel solcher gestohlener Schätze wohl im Freihafen auf dem Findel lagern?
Laut einem anderen Artikel in der «Zeit Online»(06.01/17) von Tobias Timm und Fritz Zimmermann, gibt es inDeutschland seit 2007 ein Gesetz zur Kulturgüterrückgabe, das aber noch zu keinen nennenswerten Rückgaben geführt hat.
Wie steht die Regierung in Luxemburg dazu?
23-12-2016
Le mouvement BDS et la liberté d’expression
Pour «Boycott, Désinvestissements, Sanctions», la campagne BDS initiée par la société civile palestinienne et largement relayée dans le monde entier vise à faire cesser l’occupation et la colonisation par Israël des territoire palestiniens. Depuis quelques années, c’est un véritable acharnement que doivent subir les militants et sympathisants du mouvement.
Quelques rappels bien utiles
L’année 2017 marquera :
– les 100 ans de la « déclaration Balfour » de 1917, par laquelle le gouvernement britannique promettait unilatéralement l’établissement en Palestine d’un foyer national juif,
– les 70 ans du plan de partage de la Palestine voté par l’ONU en 1947 dont a résulté la Nakba de 1948 – la destruction de plus de 530 villages palestiniens et l’expulsion de 750 000 Palestiniens de leur patrie dans un processus de nettoyage ethnique -,
– les 50 ans de l’occupation par Israël, en 1967, de la Cisjordanie, de Jérusalem Est, de la Bande de Gaza et du plateau du Golan, et du processus continu de leur colonisation et de leur occupation par l’État d’Israël,
– les 10 ans du blocus de Gaza, punition collective de 2 millions de Gazaouis suite au déni par les autorités israéliennes, l’UE et les USA, des résultats des élections de 2006 qui avait vu la victoire du Hamas à la sortie des urnes
Depuis les Accords d’Oslo en 1993, 12 ans se sont passés lorsque, en 2005, plus de 160 organisations de la société civile palestinienne décident le lancement du mouvement BDS et appellent les sociétés civiles du monde entier à soutenir et pratiquer le BDS. Alors qu’Oslo avait été considéré par beaucoup comme une étape importante vers la paix, entre 1993 et 2005, le nombre de colons israéliens est passé de 322.000O à 430.000!
En juillet 2004, la Cour internationale de justice de La Haye concluait que le mur israélien et tout son système (mur, colonies, check-points, routes de contournement réservées aux colons) étaient illégaux, devaient être démantelés … et la résolution ES 25 de l’ONU entérinait cet avis quelques semaines plus tard..
Et donc, en 2005, lasses de toutes ces tergiversations, la société civile palestinienne lance le mouvement BDS et appelle les sociétés civiles du monde entier à résister avec elle de manière non violente à l’occupation et à la colonisation en lieu et substitution des pouvoirs civils, des États, de l’UE à respecter et faire respecter leurs propres décisions. C’était assez. C’était trop.
Il est important d’éviter les méprises. Et encore plus les amalgames dans lesquels ses opposants cherchent à l’enfermer, – principalement l’État israélien, le Crif en France, des organisations pro-israéliennes ou sionistes dans divers pays. Le mouvement BDS, dans ses objectifs comme dans ses discours, non seulement se distancie très clairement de tout appel à la haine, au racisme et à l’antisémitisme, mais aussi n’a rien à voir avec une prétendue volonté d’ «en finir avec Israël».
Le BDS, un mouvement qui s’élargit et s’approfondit …
De 2005 à 2016, le mouvement BDS a pris quantitativement une nette ampleur, s’est diversifié dans ses formes: actions de boycott de produits, de campagnes de désinvestissement à l’égard de firmes et d’entreprises, de revendications de sanctions par l’Union européenne et par ses États membres à l’égard de l‘État d’Israël. Le boycott lui-même, après s’être concentré sur les produits fabriqués dans les colonies israéliennes, particulièrement des fruits et légumes, s’est tourné petit à petit aussi vers le boycott culturel et académique. Il s’est diversifié aussi dans la variété et la quantité d’organismes privés, publics ou semi-publics adoptant la campagne BDS, c’est-à-dire ont décidé de le soutenir et de le pratiquer eux-mêmes.
On connaît assez bien les types d’actions de de boycott de produits maraîchers fabriqués dans les colonies. Il y en a des milliers d’exemples à travers le monde, dans les pays européens, aux USA et dans le reste du monde. Il y en a aussi en Palestine. Il y en a même en Israël, promus et réalisés par l’association israélienne «Boycott from within», durement contestée et réprimée par les autorités israéliennes.
Les campagnes de «désinvestissement» encouragent des entreprises locales, nationales ou multinationales à se dégager et à désinvestir des projets qui les rendent complices directement ou indirectement à l’occupation et à la colonisation. C’est à ce niveau que d’importants progrès ont été enregistrés au cours des 7 à 8 dernières années. Ainsi l’entreprise Veolia, après avoir perdu des contrats pour 20 billion $, s’est finalement retirée de ses projets en Israël (dont le projet de tramway reliant la vieille ville de Jérusalem à la grande colonie de Maale Adumim (installée sur les terres palestiniennes de Jérusalem-Est). Ainsi encore la multinationale anglo-danoise de sécurité, G4S: l’UNICEF, l’UNHCR et l’UNOPS (toutes institutions de l’ONU) ont rompu leurs contrats avec G4S suite aux campagnes BDS. Suite aux mêmes pressions du BDS, de gros partenaires de G4S, tels que la Bill and Melissa Gates Foundation, se sont désengagés de cette multinationale. La française Orange a décidé elle aussi, pour les mêmes raisons, de vendre ses filiales en Israël. Et encore, Elbit Systems, la plus grosse entreprise israélienne fabriquant, commercialisant et vendant des armes, du matériel militaire et de sécurité à très haute teneur technologique, a connu divers déboires suite à la campagne de désinvestissement.
Au cours des dernières années, le boycott culturel et académique a connu un véritable essor[1]. Ici encore quelques exemples parmi des centaines sinon des milliers: au cours des dernières années, en Irlande la Teachers Union of Ireland, en Belgique la Fédération des Étudiants Francophones (FEF), en Grande-Bretagne la National Union of Students, aux USA l’African Literature Association, la National Women’s Studies Association, l’American Studies Association, les Graduate student workers unions aux Universités de New York et du Massachusetts, ont rejoint et endossé le boycott académique et culturel.
Par ailleurs, des milliers d’universitaires ont signé leur adhésion au boycott académique: en Afrique du sud, aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Inde, en Suède, au Brésil, en Belgique, en Italie et dans de nombreux autres pays.
Le BDS aurait-il donc un impact?
Depuis 11 ans, Israël répète à qui veut bien l’entendre que le mouvement BDS est insignifiant, pas sérieux, et que ses militants se targuent de résultats imaginaires, que le boycott de quelques fruits et légumes représente peu de choses dans l’économie israélienne … Et sa rhétorique à cet égard ne fait que s’amplifier.
Mais en même temps, Israël, qui n’en est pas à une contradiction près, se réunit en comité spécial de cabinet il y a trois ans au cours de l’été pour faire le point sur BDS: le constat fait est que le BDS commencerait à avoir des effets sur le porte-monnaie israélien et deviendrait un danger pour le pays. D’où l’importance de réajuster la stratégie à l’égard de ce mouvement.
Quelques mois plus tard, à la Knesset, même discours et, en plus, des accusations à l’encontre des sociétés civiles occidentales et des militants pro-palestiniens; il faut donc contrer sérieusement ces ONG et associations qui «délégitiment» l’État d’Israël.
Lors d’une autre réunion d’officiels israéliens, B. Netanyahou affirme qu’aujourd’hui, Israël a deux ennemis stratégiques: l‘Iran et … le mouvement BDS, et qu’Israël doit lutter autant contre l’un que contre l’autre.
Et encore, dans un discours plus récent, B. Netanyahou concluait en disant qu’aujourd’hui, la guerre par les armes était tout à fait insuffisante, qu’elle devait urgemment être relayée par la «guerre des mots, des images et des idées» en vue de combattre toutes les initiatives prises en Occident avec le seul but de délégitimer sinon de détruire l’État d’Israël. Rhétorique pour faire peur? ou rhétorique qui se fait peur à elle-même, consciente que se cache là un enjeu réel et fondamental pour le pays.
Toujours est-il que, depuis plusieurs années, l’État israélien consacre annuellement des centaines de millions de dollars à la «hasbara» (travail sur l’image) et a engagé un peu partout, surtout dans des lieux stratégiques comme les institutions européennes à Bruxelles, des dizaines de milliers d’agents, bénévoles et professionnels, pour contrer par tous les moyens possibles le processus de délégitimation dont il serait l’objet. Qui plus est, Israël recourt depuis une dizaine d’années aux services du très pointu Reut Institute, organisation spécialisée dans le travail sur la communication et l’image (voir le site du Reut Institute ) , pour évaluer de manière continue l’évolution de cette image, les causes et mécanismes engendrant cette image et sa détérioration, les acteurs qui en sont responsables, et les contre-stratégies à développer pour les contrer [2].
C’est à ce point de nos réflexions que nous rejoignons la problématique des libertés mises en danger, en Europe et aux États-Unis autant qu’en Israël et en Palestine.
Des réactions de plus en plus virulentes et des actions de plus en plus dures sont initiées en Israël par l’État israélien et des groupes politiques et de colons extrémistes, tant à l’égard des Israéliens juifs que des Israéliens arabes, des organisations des droits de l’homme ou de celles qui promeuvent le BDS et toute autre forme de résistance non violente à l’égard d’Israël : actions de harassement, menaces aux personnes, menaces et projets de loi en vue de contrôler davantage et de fiscaliser les financements extérieurs de ces ONG, menaces même de coupures financières. Plusieurs de nos amis palestiniens et juifs d’Israël, intervenus au cours des dernières années au Luxembourg, sont ainsi devenus l’objet de «chasse aux sorcières», accusés de traitrise … et menacés d’emprisonnement. C’est le cas de Breaking the silence, organisation d’anciens soldats israéliens ayant décidé de rompre le silence et de publier des rapports sur les pratiques et agissements de l’armée israélienne à Gaza, en Cisjordanie … (voir entre autres un article du Figaro de mai 2016 ): l’organisation est menacée de fermeture, son leader principal, Yehuda Shaul, menacé d’arrestation ou d’expulsion. C’est le cas de B’Tselem, organisation israélienne des droits de l’homme.
C’est aussi le cas, tout récemment, de l’organisation palestinienne Youth against setllements: son principal responsable, Issa Amro, est très actif, depuis de longues années, dans et autour de la ville de Hébron, dont le cœur historique est occupé par 400 colons parmi les plus extrémistes que connaisse Israël. Emprisonné à de multiples reprises, Issa Amro n’avait jamais été inculpé. Depuis juin 2016, dix-huit chefs d’accusation ont été retenus contre lui par l’armée israélienne, relevant d’infractions dont la plupart ne sont pas reconnues par le droit international. De nombreux autres cas semblables remplissent de nombreux sites relatant la vie et le travail des organisations israéliennes et palestiniennes défendant les droits des Palestiniens.
Mais en Europe et aux États-Unis et dans d’autres pays, des actions directes ou indirectes d’organisations pro-israéliennes, de lobbies sionistes, du CRIF en France, s’attaquent à des militants du BDS ou à leurs organisations, incitent des directeurs de salles à ne plus accueillir des conférence ou films-débats organisés par des associations défendant les droits des Palestiniens. Qui plus est, en France tout particulièrement, des groupes de pression et des institutions influentes soutenant Israël sont parvenues au cours des années à mettre de leur côté de nombreux politiciens sinon ministres français, de gauche comme de droite. Alliot-Marie, lorsqu’elle était ministre de la justice, a édicté une circulaire à destination de tous les préfets, leur intimant de surveiller de lanière toute particulière et de se montrer très sévères à l’égard des personnes et des organisations promouvant le BDS. C’est dans ce cadre que de nombreux procès ont été intentés à des militants du BDS par des organisations sionistes en France. La plupart ont abouti à des non lieux, mais certains ont débouché sur des condamnations. Les jugements se basent sur des actes et pratiques qu’ils considèrent comme provoquant à la «haine raciale», à la discrimination et même à l’antisémitisme. Soit, une utilisation abusive d’articles du code pénal français et un grave amalgame entre critique des politiques et pratiques israéliennes d’occupation et de colonisation et haine d’Israël, antisémitisme.
Dans plusieurs pays européens (France, Allemagne, Grande-Bretagne …), des «amis d’Israël», des groupes sionistes ou pro-israéliens cherchent à ce que soient promues des lois à l’encontre du BDS, excluant et interdisant le BDS – jouant à nouveau et toujours sur les amalgames bien connues entre antisionisme et critique des politiques israéliennes, d’une part, antisémitisme et haine raciale, d’autre part. Ces tentatives n’ont pas encore réellement abouti – excepté, partiellement, en France, avec la circulaire Alliot-Marie.
D’autres formes d’atteinte à la liberté d’expression et d’opinion sont pratiquées, elles aussi sous l’influence de ces groupes pro-israéliens. Rappelons-nous: «il faut lutter par tous les moyens contre ces opérations de ‘délégitimation’ de l’État d’Israël». C’est la fermeture par certaines banques de comptes bancaires de certaines ONG occidentales, visant à les déstabiliser voir à faciliter leur disparition, visant aussi à couper leurs relations financières avec des ONG palestiniennes et israéliennes. Ce fut le cas de l’une des plus importantes ONG en Grande-Bretagne (Palestine Solidarity Campaign). Ce vient d’être le cas pour une organisation juive en Allemagne, Jewish Voice for Peace: la Banque allemande pour une économie sociale vient de fermer le compte de l’organisation : « Une Voix juive pour une juste paix au Moyen-Orient ». Après de multiples questionnements, la Banque a reconnu que sa décision avait un motif politique, à savoir le soutien de JVP à la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions). La Banque avait été mise au courant de leur position par quelqu’un travaillant pour le Jerusalem Post (voir le rapport de l’Aurdip)
Des cas semblables se multiplient dans divers pays. Mais aussi, sans aller jusque la fermeture de comptes bancaires d’ONG, des Banques «décident» d’interdire des virements vers certaines ONG en Palestine ou en Israël. Elles prétextent des régulations européennes, des «listes noires», des «listes rouges» qu’elles seraient contraintes de respecter. Le plus souvent, lorsque les ONG de chez nous sont concernées, elles ne reçoivent à leurs demandes d’explications et de raisons que des réponses évasives, générales, sans contenu réel. Mais un examen approfondi des processus et des procédures permet souvent de remonter, non pas au niveau européen, mais, au niveau des États concernés, au niveau national, à des liens douteux, à caractère politique, entre des responsables bancaires et des personnalités politiques ou de groupes «amis d’Israël» ou des organisations israéliennes ayant établi leurs «listes rouges» ou «noires» … Nous aborderons plus en détail dans un prochain article cette problématique au Luxembourg.
Or et pourtant, le BDS relève de la liberté d’expression et d’opinion …
… a rappelé très précisément et fermement Madame Mogherini.
En vue de porter toutes ces questions et ces mises en danger du travail des ONG européennes à l’attention des autorités européennes, l’ECCP, (Coordination européenne des Comités et associations pour la Palestine), a envoyé le 18 mai dernier à Jean-Claude Juncker, Président de la Commission européenne et à Mme Mogherini, Haute représentante de l‘UE, une requête leur demandant de «protéger la liberté d’expression et le droit au boycott des citoyens européens», avec référence à la campagne BDS.
C’est une réponse importante, claire et sans ambiguïté qui, cette fois, nous est parvenue le 29 août 2016 des hautes instances de l’Union européenne:
«L’UE réaffirme clairement protéger la liberté d’expression et la liberté d’association dans la droite ligne de la Charte européenne des Droits fondamentaux. La liberté d’expression, comme le souligne la Cour européenne des Droits de l’homme, est applicable aussi à des informations et idées qui ‘offensent, choquent ou gênent des États ou n’importe quel secteur de la population’». La réponse rappelle aussi que, si l’UE est fermement opposée au boycott contre Israël, les produits qui proviennent des colonies israéliennes ne bénéficient du traitement permettant l’entrée en dans l’Union de ces produits à des tarifs préférentiels et doivent être étiquetés de manière à montrer clairement qu’ils ne proviennent pas d’Israël. Ces mesures, destinées à assurer une application entière et effective de la législation européenne et des régulations applicables aux colonies, ne constituent pas un ‘boycott‘ et ne peuvent d’aucune manière être interprétés comme telles»
On ne peut être plus clair!
Qu’attendons-nous, dès lors, pour nous engager plus fermement et résolument dans la mise en œuvre du BDS dans nitre pays ?
a.- Israël poursuit impunément ses pratiques et politiques d’occupation et de colonisation. Plus encore: il met actuellement «les bouchées doubles» dans une sorte de fuite en avant dans l’ouverture de nouvelles colonies et la «égalisation» d’anciennes colonies et d’avant-postes.
b.- L’UE refuse toujours de «sanctionner», se contente d’avertissements verbaux ou écrits, malgré certaines mesures qui vont dans la bonne direction (Guidelines, étiquetage …), donc cautionne et se rend complice de ces agissements israéliens.
c.- Le mouvement et les campagnes BDS ont fait et sont en train de faire leurs preuves, la preuve principale en étant qu’Israël déploie tous les moyens possibles pour les contrer.
Cela étant, qu’attendons-nous pour nous joindre activement et résolument à ce mouvement, … en étant prêts à en «payer le prix» de notre côté? Sinon, ce seront les Palestiniens qui continueront indéfiniment à en payer le prix, un prix de plus en plus insupportable! Et le prix suprême, non imaginaire, ce serait peut-être qu’il n’y aura plus beaucoup de Palestiniens en Palestine, ni beaucoup de terres où ils vivent en paix et sécurité dans un pays digne de ce nom.
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[1] Dans une prochaine contribution, nous reviendrons en détail sur le boycott culturel et académique pour en rappeler les objectifs et les imites et lever les nombreuses ambiguïtés qui circulent à son encontre. Un livre récent d’Eyal SIVAN, écrivain et cinéaste israélien anti-sioniste, vient d’y consacrer tout un livre, que nous présenterons dans cette contribution.
[2] Nous proposerons d’ici quelques semaines un article sur la «propagande» israélienne, en nous basant sur la dernière publication importante d’Ilan PAPPE, nouvel historien israélien, entièrement consacré à ce sujet et couvrant l’ensemble de la période d’existence de l’État d’Israël (1948-2016).
23-12-2016
Berlin: Solidarität und Widerstand gegen Hassreden
Am 19. Dezember fuhr ein LKW mit voller Fahrt auf den Weihnachtsmarkt auf dem Breitscheidplatz am Zoologischen Garten in Berlin. Mindestens zwölf Menschen starben, 48 sind teils schwer verletzt. Obwohl die Hintergründe der Tat noch vollkommen unklar sind, begannen rechte Kräfte unmittelbar mobil zu machen und Politiker wie Seehofer forderten eine Änderung der Zuwanderungspolitik.
Die Opfer des gestrigen Tages waren unschuldige BesucherInnen und Beschäftigte des Weihnachtsmarktes sowie ein polnischer LKW Fahrer. Der Schock und das Gefühl, dass es jeden hätte treffen können, geht in der Stadt um und erfasst Menschen bundesweit.
Reaktion von rechts
Noch bevor irgendwelche Fakten klar waren, äußerten sich bereits führende Figuren der AfD und versuchten den Schock, die Furcht und Anteilnahme für ihre Zwecke auszunutzen. Der NRW-Landesvorsitzende und EU-Abgeordnete der AfD Marcus Pretzell twitterte: „Es sind Merkels Tote!“ und impliziert damit, dass die Zuwanderung durch Geflüchtete ursächlich für den Anschlag sei. Eine Kampagne der NPD kündigte eine Demonstration am Bahnhof Zoo an unter dem Titel „Grenzen dicht machen – an Merkels Händen klebt Blut“. Die sozialen Medien sind voll von antimuslimischem Rassismus. Dem gilt es, entschlossen entgegenzutreten, egal wer für das Attentat verantwortlich ist. Denn sollte sich herausstellen, dass das Bekennerschreiben des Islamischen Staates authentisch ist, bedeutet das nicht, dass „der Islam“ oder „die Muslime“ verantwortlich sind, sondern eine rechte, reaktionäre und eine Diktatur anstrebende politische Bewegung deren Opfer vor allem Muslime und Muslimas im Nahen und Mittleren Osten sind.
Die Rechten wollen uns entlang von Herkunft, Religion und Sexualität spalten, um ihr unsoziales Programm durchzudrücken und haben gleichzeitig keine Lösungen gegen Terror anzubieten. Terrororganisationen haben es gar nicht nötig, für die Einreise auf Flüchtlingsrouten oder Asylrecht zurückzugreifen. Bei zwei Attentätern der Anschläge in Paris wird davon ausgegangen, dass sie sich als Flüchtlinge haben registrieren lassen, um Asylsuchende bewusst zu diskreditieren. Denn eine rassistische Reaktion nützt den reaktionären Gruppen des rechten politischen Islam. Krieg und rassistische Diskriminierung sind für sie gewichtige Argumente bei der Rekrutierung im In- und Ausland.
Auch die großen Medien haben sich nach dem Vorfall am Berliner Breitscheidplatz nicht mit Ruhm bekleckert. Bild.de übernahm dann sowohl Pakistan als auch Afghanistan als Herkunftsland und erklärte den Festgenommenen zum »Todes-Fahrer von Berlin«. Obwohl der Festgenommene zu diesem Zeitpunkt lediglich ein Tatverdächtiger war, blieb auch die in Berlin erscheinende Boulevard-Postille B.Z. mit der Überschrift “Täter bestreitet die Tat” konsequent bei ihrer Darstellung, dass es bereits einen Täter gebe.
Zu Recht herrscht eine große Empörung über die ersten Reaktionen von rechts. Viele Menschen teilten auf Facebook Kommentare oder Bilder mit der Aussage: „Terroristen und Rechten dürfen und werden nicht gewinnen! »
Kriegszustand?
Auch Köpfe der etablierten Parteien waren schnell damit, Schlussfolgerungen zu ziehen. CSU-Chef Horst Seehofer forderte eine Änderung der Zuwanderungs- und Sicherheitspolitik. Dies sei man den Opfern schuldig. Der Vorsitzende der Innenministerkonferenz sprach davon, dass man sich im „Kriegszustand“ befände. Gegen wen ließ er offen. In einer Zeit wo die Bundesregierung Abschiebungen nach Afghanistan trotz großer Proteste durchführen ließ und Einsätze der Bundeswehr von Vielen abgelehnt werden, sind einige führende Politiker schnell damit die Trauer und den Schock auszunutzen, um ihre Forderungen nach staatlicher Aufrüstung und schärferen Asylgesetzen auf die Agenda zu bringen.
Es geht um eine furchtbare Tat. Eine Tat, die jeder rücksichtslose Attentäter hätte verüben können, fast überall.
Solange nicht die Ursachen beseitigt werden, die terroristischen Kräften eine soziale Basis unter Unterdrückten und Ausgebeuteten verschaffen, besteht die große Gefahr, dass sich ähnlich Schreckliches wiederholt.
Es herrscht eine große Wut über die Rechten, MigrantInnen haben Angst, dass es Racheakte gegen sie geben könnte. Immer wieder werden MigrantInnen, vor allem aus der arabischen Welt für etwas schuldig gemacht, dass die übergroße Mehrheit von Ihnen ablehnt.
Es gibt richtigerweise eine starke Stimmung, den Terroristen nicht nachzugeben, nicht in Panik zu verfallen, die Rechten nicht zu stärken und eine politische Instrumentalisierung der Tat nicht zuzulassen. Das ist richtig, reicht aber nicht. Gewerkschaften und Linke müssen die staatlichen Maßnahmen genau beobachten und ggf. kritisieren. Rassistische Vorverurteilung und rechte Mobilisierungen müssen bekämpft werden. Sollten Nazis demonstrieren, sollten sie massenhaft gestoppt werden.
Unabhängig davon, wer für den Anschlag von Berlin verantwortlich, hat sich in den letzten Jahren eine Spirale von Krieg und Terror entwickelt, die immer mehr Menschen zutiefst beängstigt. Es muss deshalb auch darum gehen, einen Ausweg aus dem weltweit herrschenden kapitalistischen System aufzuzeigen, welches für diese Spirale verantwortlich ist und keine Lösung dafür anzubieten hat.
Quelle: Sozialistische Alternative, Neues Deutschland.
23-12-2016
Requiem pour les Droits de l’Homme au Conservatoire
La Ville de Luxembourg vient de décider, visiblement dans la plus grande discrétion, de changer de société de gardiennage au Conservatoire. Outre la question de la sous-traitance, la nouvelle société, G4S, est tristement célèbre pour son rôle au côté de l’armée israélienne dans l’occupation de la Palestine.
Moins de deux semaines avant les congés scolaires de fin d’année, le personnel du Conservatoire de la Ville de Luxembourg (CVL) a été informé que la Ville de Luxembourg mettait fin au contrat de gardiennage pour le Conservatoire avec la société «Brinks». Selon nos informations, même la direction a été tardivement informée et, mise devant le fait accompli, n’a pu que se résoudre à accepter le départ de cette société et de ses employés. Certains parmi eux étaient présent quasiment à temps plein au CVL depuis presque huit années, et la nouvelle de la fin du contrat a été vécu comme un choc malgré les rumeurs qui circulaient depuis un certain temps.
Parfaitement intégré dans l’équipe technique et administrative, les différents employés de cette société de gardiennage ont toujours eu d’excellents rapports avec les élèves, les parents, les enseignants et la direction pour leurs tâches quotidiennes: permanence à la réception, fermeture des salles et du bâtiment, fermeture et gestion du parking… Bien qu’ils ne perdront pas leur emploi auprès de la société «Brinks», ils seront réaffectés par leur employeur à d’autres endroits, et de façon sans doute beaucoup plus flexible. C’est donc avec une vive émotion que les employés de «Brinks» ont reçu leur cadeau de remerciement lors d’une cérémonie organisée en dernière minutes avec la direction, les enseignants et l’administration. Émotion également présente chez les enseignants où une certaine incompréhension régnait: comment peut-on, quasiment du jour au lendemain décider de mettre fin à la présence de collaborateur dans le bâtiment?
Sous-traitance dans les institutions publiques
Contacté par nos soins, Guy Foetz, conseiller communal pour «Déi Lénk», nous a confirmé que le sujet de la société de gardiennage n’a pas été évoqué lors des discussions sur la gestion du Conservatoire et qu’il n’avait pas reçu d’informations sur cette affaire. Il semble donc que la décision ai été prise rapidement et dans la discrétion en évitant tout débat public. Encore une zone d’ombre sur le fonctionnement de la «démocratie» au niveau communal…
Mais c’est bien la question de la sous-traitance qui se retrouve encore une fois, hélas, sous les projecteurs. De plus en plus utilisé par les communes, le procédé consistant à signer des contrats avec des sociétés privées pour assurer des tâches relevant du service public devient incontournable dans la mentalité néolibérale de nos dirigeants et de leurs politiques d’austérité. C’est en effet un moyen sans faille pour se disculper en cas de mauvaise qualité du service fourni ou pour réduire le personnel; En cas de besoin, il suffit en effet de ne plus renouveler le contrat de la société…
Les exemples sont nombreux: cantines scolaires, gardiennage, nettoyage, gestion technique des bâtiments… Sur le territoire de la Ville de Luxembourg, on ne compte plus les écoles, les institutions culturelles (musées, Philharmonie…) qui ont recours à des sous-traitants. Pourtant, la contradiction est évidente: comment confier à une société privée, dans ce cas-ci une multinationale de la sécurité, la gestion et la responsabilité d’un bâtiment public, construit, entretenu et fonctionnant grâce à de l’argent public? L’argument du moindre coût est toujours mis en avant, mais on oublie qu’une partie de l’argent payé par les institutions publiques à ces sociétés alimente les profits de celles-ci et se retrouve investit en bourse, dans le cas de «Brinks» à la bourse de New-York.
Guy Foetz revient aussi sur cette question: «Nous avons à maintes reprises évoqué la question de la sous-traitance – tout récemment encore lors des débats budgétaires -, mais nous n’avons jamais eu gain de cause à ce sujet. L’argument du moindre prix est toujours avancé».
Dans le cas de la société de gardiennage au CVL, la précipitation de la prise de décision n’a pas permis de construire un mouvement de solidarité avec les travailleurs concernés pour pousser la ville à engager ceux-ci avec un contrat d’employés communaux.
«G4S», bras droit de l’occupant israélien en Palestine
Et c’est la veille des congés scolaires, le 22 décembre, que l’obtention du marché de gardiennage au CVL par la société «G4S» a été annoncée. Cette autre multinationale de la sécurité, la plus grande au monde, doit une partie de sa «notoriété» à sa participation active à la gestion de l’occupation israélienne de la Palestine, notamment en Cisjordanie. A juste titre épinglée par la campagne «BDS» (pour Boycott, Désinvestissement, Sanctions), cette société gère, pour le compte de l’armée israélienne, de nombreux «check-points» dans des territoires occupés ainsi que des centres de détentions où les abus des droits humains les plus élémentaires sont régulièrement bafoués y compris la torture de prisonniers mineurs.
La Ville de Luxembourg, qui a obtenu le statut de «Fairtrade Gemeng» en 2011, est de ce fait «une commune qui soutient le commerce équitable et les petits producteurs défavorisés au Sud». Elle est bien moins regardante pour les violations des droits humains commises par des sociétés auxquelles elle sous-traite de plus en plus de ses services.
Des institutions de l’ONU comme l’UNICEF ou l’UNHCR ont mis fin à leur contrat avec G4S pour son rôle dans l’occupation et la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens. La ville de Luxembourg n’a visiblement pas ce courage politique ou préfère simplement rester dans un statu quo bien confortable qui leur permet d’éviter les foudres des lobbys pro-israélien.