27-03-2020
Virus révélateur
Non, le coronavirus ne reconnaît pas des privilèges, il n’a pas d’égard pour le renom, le statut, le revenu ou la fortune des individus qu’il touche. Pourtant, il n’est pas socialement neutre.
De même que la crise climatique, la crise virale ne frappe pas de la même violence selon que l’on est riche ou pauvre. « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon », selon le titre du roman de Jean-Paul Dubois, prix Goncourt de cette année.
Si le virus frappe inégalement, ce n’est pas sa faute. C’est la faute aux inégalités préexistantes à la pandémie. Et donc des politiques qui ont permis ou encouragé la montée de ces inégalités.
Sous le titre « Le virus de l’inégalité » Laurent Joffrin évoque dans « Libération », à titre d’exemple, les « classes supérieures » qui peuvent se permettre, à la différence des moins lotis, de fuir les grandes villes, et de se soustraire plus facilement à la contagion.
Et en effet. Les riches Parisiens déjà moins touchés dans leur vaste appartement du 16e, avec vue sur le bois de Bologne, avec les domestiques qui peuvent leur fournir à domicile homard et champagne, peuvent en plus s’enfuir vers leur villa isolée avec vue sur mer.
L’éboueur d’origine malienne, déjà plus menacé de contagion de par son travail, devra bien se résigner après ou hors travail au confinement dans son logement exigu en banlieue.
Le banquier de notre place financière aura plus de facilités d’éviter la contagion, de supporter le « confinement » et les autres restrictions de l’état de crise que la caissière de chez Cactus ou le la main-d’œuvre de chez Bonaria. Pas d’objection contre la promotion du télétravail, mais il ne s’offre pas à tout le monde et pas de la même façon.
Le chômage partiel est certes une mesure pour permettre la survie des entreprises et de maintenir l’emploi. Pourtant, la réduction du salaire frappera le plus durement les salarié/es à bas revenu.
La fermeture des écoles et des crèches sera supportée plus aisément par les uns que par les autres. Les familles les plus aisées seront capables de fournir à leurs enfants une éducation adaptée à domicile – avec ou sans gouvernante. Il en va autrement de la femme monoparentale, salariée ou sans emploi, ou des familles ouvrières portugaises qui n’ont que peu de moyens de suppléer à l’école publique.
Et en bas de l’échelle, toutes/tous les « sans » : sans-domicile, sans-papier, sans voix …
Bien sûr, les autorités politiques et sanitaires ont raison d’insister sur la protection des plus vulnérables. Sauf qu’il serait bon de rappeler que la vulnérabilité n’est pas seulement une question d’âge, mais aussi une question sociale. Et que, la crise dépassée, il faudrait s’en souvenir – et donc tout faire pour réduire ces inégalités.
Heureusement au moins, notre premier ministre, pour souligner l’urgence d’agir, à préféré la métaphore de la course à la rhétorique martiale du président français : « Nous sommes en guerre … contre un ennemi invisible ». On se souvient d’une « Union sacrée » de sinistre mémoire pour justifier un nationalisme guerrier en même temps que d’étouffer les conflits sociaux et l’esprit critique. Non, nous ne sommes pas en guerre, et un virus n’est pas un ennemi, déjà pour la simple raison que la comparaison pourrait être (et a été) inversée : « l’ennemi » extérieur ou intérieur, parfois invisible est comme un non-humain, un parasite, ein Schädling.
Non, le virus, n’a pas été inventé par « le capitalisme ». Par contre, la dynamique d’accumulation, la domination du capital financier, l’obsession de la rentabilité, ont favorisé l’étirement des chaînes de production à travers le monde, à la recherche des coûts de production les plus faibles, des salaires les plus bas et des contraintes environnementales les plus basses. Les délocalisations si bénéfiques pour les actionnaires et si néfastes pour les travailleurs, révèlent leur pleine toxicité en cas de crise – sous la forme, par exemple, du manque de médicaments.
La surcharge des hôpitaux – notamment en France et en Italie – était dénoncée bien avent le virus par les personnels médicaux et paramédicaux. L’austérité néolibérale a empêché des rémunérations et des conditions de travail acceptables pour les personnels soignants – alors que les actionnaires empochent les dividendes. Si, au Luxembourg, la situation ne paraît pas encore aussi dramatique qu’en France, la logique financière n’a pas épargné ni la structure hospitalière, ni les autres secteurs de soin. Le régime d’accumulation néolibéral tend à la fois à réduire le poids de la puissance publique (et donc, notamment, des impôts redistributifs) et à s’accaparer les secteurs non encore marchands.
C’est pourtant la puissance publique, la mal-aimée et mal pourvue, qui est appelé à la rescousse en cas de crise. Il y a 10 ans, pour sauver les banques, maintenant pour protéger la population et maintenir en marche, tant bien que mal, l’économie.
« Depuis des décennies, nos services publics sont abîmés, dégradés, brocardés. Mais c’est toujours l’État qui vole au secours des banques, ‘too big to fail.’ Ce sont toujours les services publics et leurs agents qui sont en première ligne lorsque les crises arrivent », écrit la philosophe Dominique Méda (Libération du 18 mars).
Et de conclure : « … nous devons en effet engager des ruptures majeures. Rupture avec un capitalisme débridé qui est à l’origine de la situation dans laquelle nous nous trouvons… »
Pour cette rupture, il ne faut manifestement pas nous fier à celles et à ceux qui nous l’avaient déjà promise lors de la crise financière de 2008.
André Hoffmann
25/03/2020
27-03-2020
Les indispensables dévoilés
Cette crise sanitaire a au moins un mérite : celui de remettre sur le devant de la scène la question de l’utilité sociale et de la remise en cause de la logique marchande et – Luxembourg oblige – de son pendant financier.
L’avantage dans les crises – si l’on peut parler d’avantages dans le contexte actuel – c’est qu’elles jettent une lumière crue sur la réalité. On parle d’apocalypse, de manière évidemment abusive, dans le sens de « fin du monde ». Mais en effet, nous assistons à une apocalypse dans le sens originel du terme : il s’agit du « dévoilement ».
Dévoilement de la nature de l’Union européenne, dont la seule décision sensée de ces derniers jours a été de mettre entre parenthèses la rigueur budgétaire, donc de revenir sur un de ses piliers fondamentaux.
Dévoilement au niveau des relations internationales : tandis que l’allié états-unien tente de s’arroger le monopole de la recherche scientifique et de possibles traitements, ce sont les « pestiférés » tels que Cuba qui prêtent main forte aux pays d’Europe occidentale. Il s’agit évidemment de ne pas être naïf : l’aide de la Chine est elle aussi intéressée. Mais le propos de cet article n’est pas de s’attarder sur les considérations géopolitiques.
Dévoilement des modèles économiques : que des pays économiquement libéraux tels que le Royaume-Uni ou les Pays-Bas – modèles encensés il y a peu – choisissent « l’immunité de groupe », en dit long sur la faiblesse structurelle de leur système de soins.
Dévoilement aussi au Luxembourg.
Allons droit au but : c’est dans ce moment de crise que l’on se rend compte des métiers indispensables à la survie d’une société. Les travailleurs et travailleuses des soins et santé, évidemment. Les agents de nettoyage, les travailleurs du commerce, aussi.
Petite parenthèse : n’oublions pas non plus l’importance des fonctionnaires de l’État ou des communes. Bien que moins précaires économiquement, ils sont systématiquement confrontés, pêle-mêle, aux accusations de paresse, d’inefficacité, et, parfois même, d’inutilité. Ils prouvent actuellement que le contraire est vrai.
En revanche, d’autre activités tenaient jusqu’à présent le haut du pavé au Luxembourg : les « winners », les représentants de la « modernité » que seraient les optimisateurs fiscaux, la branche des fin-tech, bref ce qu’on ne cesse de nous vendre comme étant les représentants de ce nouveaux monde « dépoussiéré » de vieilleries comme les droits sociaux et les avancées du droit du travail.
Mais les faits sont têtus, comme le disait Lénine : qui du fiscaliste ou de l’infirmière a le plus besoin l’un de l’autre ? Qui de la caissière ou de l’avocat d’affaires a le plus besoin l’un de l’autre ? Qui applaudit-on aux balcons et aux fenêtres à 20 heures ?
La perversité de notre système économique est évidente : tandis que l’optimisateur fiscal gagne son argent en conseillant au mieux à la société de nettoyage comment éviter l’impôt, c’est la travailleuse de cette même société, sous-payée évidemment, qui se chargera de la propreté de son lieu de travail. Indirectement, mais de manière très réelle, l’optimisateur fiscal aura, quant à lui, contribué à la précarité de la travailleuse du nettoyage.
Pas logés à la même enseigne
Et alors que les gouvernements luxembourgeois successifs n’ont eu de cesse de chouchouter ces acteurs de l’évitement fiscal des très riches, ils n’ont pas eu la moindre considération envers les plus pauvres et néanmoins les plus utiles socialement.
Je pourrais ici énumérer longuement la ribambelle de projets de loi liés à la place financière auxquels nous avons dû prendre position au parlement – souvent dans l’indifférence générale – et qui faisaient la part belle aux intérêts de l’oligarchie financière.
Je pourrais également énumérer le nombre de fois où déi Lénk, aussi bien au sein de la Chambre qu’en-dehors, a pris position quant au traitement scandaleux des travailleuses du nettoyage (puisqu’il s’agit principalement de femmes), qu’il s’agisse du refus de leur octroyer le salaire minimum qualifié après dix années de service (et c’est encore bien en deçà de ce qu’elles méritent) ou du non-respect de leurs droits.
Et que dire de la lutte des salarié-e-s du Cactus, encore toute récente ? Grâce à une exceptionnelle mobilisation syndicale emmenée par l’OGBL, cette mobilisation a réussi à rencontrer la sympathie de nombreux citoyens. Mais ce succès n’est pas tombé du ciel : sans le « haut patronage d’eux-mêmes », il n’aurait pas été possible.
Et pourtant, les salarié-e-s des grandes surfaces, Cactus inclus, continuent à faire leur devoir malgré des salaires et des conditions de travail qui se situent à des années lumières de leur utilité sociale.
« Sous le haut patronage de nous-mêmes »
C’est également sous le patronage d’eux-mêmes que les personnels des soins et de santé ont dû batailler ferme dans les divers secteurs et sur plusieurs années afin d’accéder à la reconnaissance de leurs droits.
Hormis les fonctionnaires, on constate que celles et ceux qui fournissent une grande partie des métiers indispensables partagent plusieurs points communs : elles sont majoritairement des femmes, ils et elles sont sous-payé-e-s, ils et elles sont très souvent frontaliers.
A tout malheur, quelque chose est bon : la propagande des nationalistes de la langue s’est éteinte ou presque. Rappelons tout de même leur revendication principale : l’obligation, pour les salarié-e-s frontaliers et frontalières (et, pour être clair, les francophones) de maîtriser le luxembourgeois sur leur poste de travail. Hormis le fait que beaucoup d’entre elles et d’entre eux comprennent – par la force des choses – les rudiments de la langue luxembourgeoise, imaginons un instant dans quelle situation catastrophique nous nous trouverions actuellement si cette revendication avait été réalisée.
Nous nous rendons compte que, contrairement à ce que prétendent les nationalistes de la langue, les frontaliers francophones ne constituent pas une menace pour l’existence du pays, mais, qu’au contraire, ils font partie de la solution.
David Wagner
25/03/2020
27-03-2020
Une remise en question fondamentale
Le choc brutal du coronavirus a abouti à une mise à l’arrêt de l’économie mondialisée et des rouages de la vie quotidienne. C’est un coup de semonce et une opportunité pour repartir sur de nouvelles bases.
Avec la crise actuelle, des vérités à présent indéniables éclatent au grand jour:
– Le Luxembourg est extrêmement vulnérable et son bien-être douillet est en fait construit sur du sable. Que vaut la notation financière “AAA” de Standard & Poor’s face à la réalité que le bon fonctionnement de notre économie dépend en grande partie des 200.000 salariés français, belges et allemands qui viennent travailler chez nous tous les jours et que 70% du personnel de santé sont des frontaliers ? Que se passerait-il en effet en cas de fermeture des frontières ou d’un réquisitionnement du personnel de santé par leurs Etats d’origine ? Quelle contribution à la survie fournit un secteur financier surdimensionné tourné vers l’optimisation fiscale aux dépens d’autres pays ? Qu’adviendra-t-il des recettes fiscales en cas de plongée de la valeur des fonds de placement ou d’une réglementation plus stricte des flux financiers ?
– L’idéologie néolibérale, qui a conduit au démantèlement systématique des piliers de l’Etat , dont tout particulièrement le système de santé publique, est à la base de la misère hospitalière actuelle dans nombre de pays développés. C’est aux instigateurs politiques des calculs d’utilité économique qu’incombe la responsabilité de milliers de morts supplémentaires dus aux manque d’équipement et de personnel.
Les effets dévastateurs du manque de protection sociale et sanitaire seront particulièrement forts aux Etats-Unis et probablement catastrophiques dans les pays du Tiers monde.
– Le besoin d’un Etat économiquement, financièrement et socialement fort, capable de prendre les choses en main et de protéger les individus à tous les points de vue se fait ressentir plus que jamais. Voici que même les hérauts les plus fervents du libre marché revendiquent des plans de sauvetage par des deniers publics, alors qu’il y a quelques semaines encore, ils ont exigé de poursuivre la réduction de la charge fiscale des entreprises. La tempête passée, assumeront-ils que pour mener une politique économique efficace, les pouvoirs publics doivent disposer des moyens nécessaires ?
– Comme jamais auparavant, l’Union européenne fait figure de parent pauvre. Le repli des États de l’Union sur leurs frontières nationales est à l’image du manque d’impact de cette institution au niveau social. Depuis le traité de Maastricht et la mise en place du marché unique et davantage encore depuis la réalisation de l’Union économique et monétaire, l’UE est apparue comme le fer de lance du neolibéralisme et le moteur de l’anéantissement des systèmes de solidarité nationales à travers les clauses restrictives du Pacte de stabilité, sans y substituer des solidarités européennes.
– Au niveau international et intercontinental, la crise sanitaire actuelle préfigure en raccourci ce que seront les effets de la crise climatique à venir. Elle nous signifie de manière brutale la faillite du modèle actuel de mondialisation, basée sur l’exploitation individualiste et sans ménagement des hommes et de la nature au nom du profit à court terme et elle constitue dès lors un coup de semonce ultime pour changer résolument de cap.
Faire face à une récession majeure et changer de modèle économique
Pourtant, la crise sanitaire passée, il serait naïf de penser qu’on se réveillera dans un monde guéri des mésaventures du passé et en rupture idéologique avec le neolibéralisme !
Anticiper la crise économique profonde qui se présentera dans quelques mois demande alors de mettre dès maintenant en place des plans de relance tant nationaux qu’européen pour éviter que les “petits” paient une nouvelle fois les pots cassés. Dans le même sens, il est impératif de repenser de fond en comble la politique européenne, de mobiliser tous les instruments budgétaires et monétaires disponibles et d’aider collectivement les Etats et les régions les plus fragiles.
Combattre le tout-marché exige de reréglementer les flux financiers, de remettre en cause les privatisations des services publics et des banques, y compris la sortie de la Banque centrale européenne de tout contrôle démocratique et de renforcer les dépenses et les investissement publics, notamment au niveau de la recherche fondamentale.
S’opposer au désastre futur de la crise écologique tout en luttant contre les inégalités, demande d’un côté de sortir de l’économie-carbone, de protéger la biodiversité, de réduire les chaînes de production, de soumettre les traités de commerce à des critères de transition écologique et de protection sociale et de l’autre, de renforcer les piliers de l’Etat social que sont le droit au travail, la sécurité sociale et les services publics.
Faire face aux ravages de la pandémie dans les pays du Tiers monde et aux flux migratoires demande d’apporter une aide d’urgence, de mener une politique de développement consistente et de conclure des traités d’échange commerciaux équitables.
La rupture avec les principes néfastes du néolibéralisme impliquera une imposition renforcée des revenus du capital ainsi que des patrimoines.
Au niveau luxembourgeois, il faudra surtout sortir l’économie de la dépendance de la place financière, mobiliser d’autres branches économiques et développer la politique régionale.
Il s’entend évidemment que “si nous voulons amorcer un véritable revirement politique pour sortir de la crise sociale, il ne suffit pas de dicter des changements d’en haut. Il s’agit plutôt d’établir un rapport de force progressiste au sein de la société, qui permette des changements politiques de grande ampleur.(1)“
(1) Sortir du piège systémique en misant sur des solutions de gauche (Extrait de la proposition de résolution pour le 17e congrès de déi Lénk qui était prévu pour le 29 mars, mais qui a dû être reporté en raison de la pandémie du Coronavirus)
Guy Foetz
25/03/2020
24-05-2019
Zu den politischen Kräfteverhältnissen in der EU und zur Situation der Linken in Europa
1. 2019 − eine neue Situation?
Zu den Meldungen 2014 gehörten u.a.: das Inkrafttreten von Obamas Gesundheitsreform, die Besetzung der Krim, die Wiederwahl des Ungarischen Regierungschefs Victor Orban nun mit Zweidrittelmehrheit, die Wahl Matteo Renzis (PD) zum Ministerpräsidenten Italiens, der Ausbruch von Ebola, der Gaza-Krieg, das Ausrufen des Kalifats in Syrien durch den IS (Islamischer Staat), die Vertreibung der Jesiden, das schottische Referendum, die Enthüllungen von Edward Snowden zum NSA, der Beginn der Pegida-Demonstrationen im Dezember 2014.
Betrachtet man diese Meldungen heute im Jahr 2019, so verweisen sie auf Kontinuitäten, Veränderungen von Entwicklungen, deren Rückwirkungen auf die politischen Landschaften zum Teil erst im Verlaufe der letzten vier Jahre bedeutsam wurden.
Weltweit und auch in Europa haben sich die Kräfteverhältnisse verändert. Mit Trump, Erdogan, Bolsonaro, Kurz, Salvini oder Orban kamen Menschen in das höchste Amt ihrer Länder, die ihrerseits Demokratie geringschätzen oder offen in Frage stellen. Sie betreiben aktiv die Durchsetzung eines autoritären Kapitalismus. (vgl. Candeias/Bussemer, 2019)
Verantwortung für globale Probleme wie Klimaerwärmung, Naturzerstörung wird von ihnen nicht mehr übernommen. Auf eine Politik des Dialogs folgt eine neue Welle der Militarisierung bis hin zu neuer nuklearer Bewaffnung. Das soziale, politische und kulturelle Auseinanderdriften von Gesellschaften wird in Kauf genommen oder durch weitere soziale Kürzungen mit befördert. Zäune und Mauern sollen helfen gegen weltweite Migration infolge von Krieg, Hunger, Armut und Umweltzerstörung. All dies wird getragen von neuen und alten Konservativen und einer sich etablierenden autoritären und extremen Rechten, auch in Europa.
Auch die EU hat sich verändert. Die Bearbeitung der Krise 2008/2009 führte zu einem Schub der Europäisierung von Finanz- und Haushaltspolitiken durch Schuldenbremse, Kontrolle der nationalen Haushalte insbesondere der Eurozone und zur Herausbildung neuer europäischer Instrumente, wie Eurogroup (Treffen der Finanzminister der Euro-Staaten) oder Europäisches Semester (Überprüfung der nationalen Haushalts- und Reformentwürfe, bevor diese von den nationalen Parlamenten beschlossen werden). Mit der Politik der Memoranden wurde in Griechenland erstmals erfolgreich eine Methode der radikalen Außerkraftsetzung nationaler Souveränität und der bedingungslosen Unterordnung von Sozialpolitik unter die Haushalts- und Finanzpolitik praktiziert. Seit Jahren bestimmt sozialstaatlicher Rückbau, die Privatisierung öffentlicher und sozialer Infrastrukturen die herrschende Politik. Europaweit werden die Liberalisierung und Deregulierung der Arbeitsmärkte durchgesetzt und dies mehrheitlich von konservativen, sozialdemokratischen oder sozialistischen Parteien. Aber diese Aushöhlung von Demokratien auch hinsichtlich ihres sozialen Gehalts wirkt zugleich auch auf die politischen Systeme und verändert sie national und europäisch.
2. Veränderung der politischen Kräfteverhältnisse
Dies zeigte sich bereits bei den Europawahlen im Jahr 2014. Die beiden großen Parteienfamilien: Konservative und Sozialdemokraten/Sozialisten verloren deutlich an Zustimmung infolge der von ihr betriebenen Politik des Sozial- und Demokratieabbaus und der Unfähigkeit auf neue globale Herausforderungen adäquat zu reagieren. Die sich seit 2014 abzeichnende Tendenz verstärkte sich vor allem in den Kernländern der EU bis 2019 bei den nationalen Parlaments- und Präsidentschaftswahlen. Nach derzeitigen Umfragen zu den Europawahlen würden Konservative und Sozialdemokraten/Sozialisten je ca. 50 Sitze im Europäischen Parlament auch infolge der Verluste in ihren Ländern verlieren.
Ein Teil der früheren konservativen oder sozialdemokratischen Wählerschaft orientierte sich in den nördlichen Teilen Europas eher rechts, während der Protest gegen europäische Austeritätspolitik im europäischen Süden deutlich nach links ging, vor allem mit Blick auf die Wahlergebnisse der Linken in Spanien, Portugal und natürlich Griechenland. Eine solche vereinfachende Nord-Süd-Teilung gibt es 2019 nicht mehr, spätestens mit dem Erstarken der politischen Rechten in Spanien zeigt sich, dass mit dem Aufbrechen neuer Konflikte wie in Spanien die Frage der Autonomie Kataloniens die Proteste auch von rechts eingebunden werden können, vor allem dann, wenn Antworten der Linken ausbleiben oder widersprüchlich sind. Auf die nachlassende Dynamik und Bindungskraft von Parteien der radikalen Linken soll später differenzierter eingegangen werden.
Wirft man derzeit einen Blick auf die im Europaparlament vertretenen Parteifamilien bzw. Fraktionen, so liegt der Anteil jener Parteien, die theoretisch für ein linkes Lager stehen, gegenwärtig mit Linken, Grünen und Sozialdemokraten/Sozialisten bei ca. 35 %. Dabei liegt der Anteil der Sozialdemokraten/Sozialisten bei Umfragen zu den Europawahlen derzeit bei 20,64 % – vor allem dank der britischen Labour-Party und der spanischen Sozialisten. Der Anteil der radikalen Linksparteien mit derzeit 6,92% genau bei ihrem Ergebnis von 2014, der Anteil der Grünen mit 7,99% etwas über ihrem Ergebnis von 2014 (6,66%).
Die Liberalen gewinnen dank der Entscheidung Macrons mit „En March“ sich diesen zuzuordnen, um unter diesem „Dach“ dominierende Kraft zu sein. Ihr Anteil beträgt derzeit 16,3% in den Umfragen.
Die eigentlichen Gewinner der Wahlen auf nationaler Ebene seit 2014 sind die Rechtsparteien. Ihr Anteil wuchs zwischen 2017 und 2018 doppelt so schnell wie jener der Linken. Dieser Anteil umfasst heute, wenn man auf europäischer Ebene die Fraktion der Euroskeptiker und Nationalkonservativen (EKR) mit derzeit 11,85%, die Fraktion der Rechtspopulisten und extremen Rechten (ENR) mit derzeit 13,05%, die Europaabgeordneten der FIDESZ und die möglichen Abgeordneten der spanischen VOX und weitere Fraktionslose – wie die Vertreter der faschistischen Jobbik zählt, insgesamt ca. 27%1.
Rechtspopulistische, nationalkonservative oder zur extremen Rechten offene Rechtsparteien, die nachfolgend als Rechtsparteien zusammengefasst werden, mit starken nationalistischen oder völkischem Flügel sind stärkste oder zweitstärkste Parteien oder Teil der Regierung in Belgien, Frankreich, Österreich, in den Niederlanden, in Polen, Schweden, Slowenien, Tschechien und Ungarn. Dieser nationalistische Trend wird sich nach den Europawahlen 2019 auf europäischer Ebene noch deutlicher zeigen als bisher.
Cornelia Hildebrandt, Diplom-Philosophin, wiss. Referentin für Parteien und soziale Bewegungen im Institut für Gesellschaftsanalyse der RLS und stellvertretende Direktorin des Institutes;
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1 Die Zahlen wurden übernommen von Der (europäische) Föderalist vom 9.5.2019. https://www.foederalist.eu
20-09-2018
Both the left and the far right make advances in Swedish elections
The Swedish left advances in the elections but as a whole Parliament swings more to the right.
The Swedish elections last Sunday turned out to be an extremely even affair, giving the two blocs of traditional political forces, the four party strong right wing group, ”the Alliance” and the social democratic and Green government and its supporting force, the Left Party, almost exactly the same number of seats.
Jonas Sjöstedt, leader of Vänsterpartiet (the Left Party), declared on election night that the elections represented a great success for the left. He explained that it was only due to the increased votes of the left that the Swedish progressives have the remotest chance of staying in power, since both the social democrats and the Greens took heavy tolls. For a while it even looked as if the Greens would not make it over the 4% barrier that is necessary to get any seats at all. In the end they got 4.3%, a mere 20,000 votes above the barrier.
Vänterpartiet conducted a very strong election campaign and ended up with 7.9% of the votes, gaining 2.2% compared to the previous elections. Perhaps even more positive is a huge influx of new members, making the party reach 25,000 members for the first time in its history. An astonishing 428 new members joined on a single day, according to the Party secretary Aron Etler. The party also performed very well in the three major cities.
Swedish politics have been a strange affair for the last four years. Despite a strong right-wing majority in parliament the country has had a Social-democratic and Green government. The reason for this was that the traditional right has managed, or as some may say, been forced, to keep the doors closed to the nationalists of the Swedish Democrats party, refusing to cooperate with them at all. This went to the point where they would even rather lose votes in Parliament than accept support from the far right. This very remarkable and positive policy might however now be at end, since at least two of the four parties of the traditional right have declared themselves willing to open a dialogue with the far right.
The results show a new situation in Swedish politics, where we can begin to determine three political blocs instead of the traditional two. To the right a neoconservative block with the traditional conservatives, the Christian Democrats and the far right, in the middle the two liberal parties and to the left Vänsterpartiet, the social democrats and the Greens. Which road the country now takes depends on whether the two liberal parties are willing to stay in their alliance with the right, despite influence from the far right, or whether this is a deal breaker for them and they decide to give their support to the left instead. If they do there is a good chance of a new social democratic government, but unfortunately, with less influence for the left, despite the good election result.
20-09-2018
Luxemburgs Zukunftsfähigkeit aufbauen
Unser Land steht, wie der Rest der Welt, an einem Scheideweg, und es erscheint uns angebracht, endlich eine Bilanz des jahrzehntelangen dogmatischen Liberalismus zu ziehen, der kurzfristig unsere Wirtschaft und genereller unseren Lebensstil gefährdet.
Der Rome Club, die Meadows-Berichte, der Aufruf der 1500 Wissenschaftler, erinnern uns alle an unsere Pflicht als Gesellschaft, die physikalischen Grenzen unserer Umwelt zu berücksichtigen. Es liegt an uns, unsere Widerstandsfähigkeit zu pflegen, d.h. unsere Fähigkeit, externen Schocks (Klimawandel, steigende Energiepreise, Bodenverarmung, Wirtschafts- und Migrationskrisen) zu widerstehen und uns ihnen anzupassen.
Wir begrüßen die Tatsache, dass unser Land bis 2020 zu denen gehören wird, die ihre Kyoto-Verpflichtungen erfüllen, aber das reicht nicht aus. Luxemburg wird gezeigt haben, dass es in der Lage ist, seine Treibhausgasemissionen zu reduzieren. Es ist jetzt an der Zeit, uns auf die Welt von morgen vorzubereiten. Erneuerbare Energien, ökologischer Landbau, Ökomobilität und umweltverträglicher Tourismus sind Quellen für qualifizierte Arbeitsplätze und Wertschöpfung, bei denen wir Vorreiter sein müssen.
Dazu müssen wir radikal mit den alten Denkweisen brechen. Kurzfristigkeit darf nicht länger unser Horizont sein. Es ist an der Zeit, die Zukunft zu erfinden, unseren Zeitgenossen den Wunsch zu geben, sich in sie hinein zu projizieren und den Wind aus den populistischen Bewegungen zu nehmen, die sich um uns herum über unsere Immobilität freuen.
Als fortschrittliche Partei, in enger Zusammenarbeit mit den Akteuren der Zivilgesellschaft, ist unser Ziel eine nachhaltige und ökologisch verantwortliche Gesellschaft, basierend auf nicht verhandelbarer sozialer Gerechtigkeit und einer Zukunftsvision ohne unangemessenen, unkonstruktiven Pessimismus.
Es ist unsere historische Verantwortung, in Synergie mit unseren europäischen Partnern unsere Anstrengungen zu bündeln, um unsere Gemeingüter (Wasser, Luft, Nahrung, Lebewesen) und unsere Demokratien zu schützen.
Um dies zu erreichen, müssen wir auf allen Ebenen (lokal, national, international) durch öffentliche Beihilfen und Steueranreize, aber auch durch eine erneuerte und verlagerte Agrar- und Industriepolitik unter Berücksichtigung unserer Ökosysteme handeln.
Heute müssen wir uns darauf vorbereiten und unseren Bedarf an Ausbildung und Erziehung von Jugendlichen und Erwachsenen für die Berufe, die der von uns geforderten wesentlichen ökologischen Verzweigung entsprechen, zu antizipieren. Auch heute müssen wir wieder ein effizientes Netz lokaler öffentlicher Dienste aufbauen. Heute müssen wir diese Fragen endlich in die Öffentlichkeit und in die politische Debatte bringen, damit Untätigkeit und Fatalismus endlich überwunden werden.
20-09-2018
Vacances du Grand-Duc au Sahara occidental occupé: le gouvernement doit prendre ses distances.
Ces derniers jours, les utilisateurs de facebook au Luxembourg ont pu régulièrement voir s’afficher des « publications suggérées » faisant état du séjour de kitesurfing de « SAR le Grand-Duc Henri de Luxembourg à l’hôtel Dakhla Attitude au Maroc ».
Il est sidérant que le chef de l’État, fût-ce en agissant à titre purement privé (mais est-ce seulement possible, eu égard la lettre de notre Constitution?), ait pu se laisser instrumentaliser de la sorte pour les besoins de propagande d’une puissance étrangère.
Il faut en effet rappeler que Dakhla n’est pas situé au Maroc, mais au Sahara occidental. En effet, pour la communauté internationale, le Sahara occidental ne fait pas partie du Maroc, mais constitue un territoire séparé et distinct de celui-ci (et non pas un territoire simplement disputé), comme l’a d’ailleurs rappelé la Cour de Justice de l’Union européenne dans plusieurs décisions récentes. Le Maroc, qui a envahi et annexé cette ancienne colonie espagnole en 1975, privant le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination, y pratique une occupation militaire illégale au regard du droit international.
Selon les rapports des principales ONG et autres observateurs internationaux, le régime d’occupation marocain au Sahara occidental donne lieu à de très nombreuses et graves violations des droits de l’homme. Rappelons aussi que des enquêtes judiciaires espagnoles ont relevé l’existence de faits de génocide commis par le Maroc au Sahara occidental lors de l’invasion du territoire.
En se rendant au Sahara occidental et en acceptant de servir, fût-ce à son insu, de caution à l’occupant marocain, le Grand-Duc contribue rendre plus difficile la reprise des négociations de paix lancées sous l’égide de l’ONU entre l’occupant marocain et le Front POLISARIO, représentant légitime du peuple sahraoui.
Par conséquent, il paraît pour le moins souhaitable que le gouvernement luxembourgeois, historiquement opposé à l’occupation des petites nations par les grandes et se disant engagé en faveur du respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire :
(1) se distance formellement du voyage accompli à Dakhla par le chef de l’État et de prendre les dispositions nécessaires pour que ce type d’incident ne se reproduise à l’avenir (il est d’ailleurs à espérer que le gouvernement luxembourgeois n’a pas contribué à l’organisation de ce voyage en se chargeant des formalités de visa pour le compte de la famille grand-ducale) ;
(2) rappelle que le Luxembourg, en application de ses obligations au titre du droit international et en exécution de la jurisprudence de la CJUE, ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental ;
(3) s’engage pour la reprise des pourparlers sous l’égide de l’ONU en vue de l’autodétermination du peuple sahraoui.
Par ailleurs, on ne peut manquer de voir dans cet incident une nouvelle illustration des limites inhérentes au régime de la monarchie constitutionnelle. Celle-ci, en liant l’image de tout un pays à celle d’une famille régnante, débouche inévitablement sur un brouillage peu opportun et peu démocratique entre l’État et la vie privée du chef de l’État. C’est précisément pour éviter cette confusion que le projet alternatif pour une Constitution du Luxembourg élaboré par déi Lénk prévoit l’abolition de la monarchie et l’instauration d’une République dont la présidence, au rôle étroitement circonscrit et située au-dessus des partis, serait confiée à tour de rôle à une femme et à un homme issu.e du corps des citoyens ordinaires.
20-09-2018
Macron/Bettel. L’Europe En Marche met les pieds au Luxembourg.
« Dans d’autres pays vous seriez déjà en prison depuis 10 minutes ». Matthieu est encore ébahi par cette remarque alors qu’il relate son intervention à la consultation citoyenne Macron/Bettel à Luxembourg le 6 septembre dernier. « J’aurais peut-être dû leur rappeler que c’était une consultation citoyenne et qu’une consultation sans opposition c’est un meeting du parti » souffle-t-il à la fin de son histoire.
C’est une formule choc, mais la question mérite d’être posée. Quelle était la nature de l’évènement qui se déroulait ce jour-là sur la place de l’Europe ? Meeting du futur mouvement « l’Europe En Marche » ou consultation citoyenne ? Avant même l’entrée des deux protagonistes dans une salle pleine à craquer, la question projetée sur un écran géant en fond de salle invitait à une réflexion à plusieurs niveaux : A quoi ressemble ton Europe ?
A quoi pouvait bien ressembler l’Europe ce jour-là à part à celle qu’Emmanuel Macron et Xavier Bettel défendent puisqu’il n’y avait qu’eux deux dans la salle pour répondre aux questions des citoyen.ne.s ? Devant l’entrée déi Lénk, Déi Gréng, le mouvement écologique ou Greenpeace s’étaient rassemblés pour confronter les positions, mais les deux intervenants du soir ont prudemment évité de rentrer par la grande porte, privant la petite centaine de militant.e.s d’un échange.
A l’intérieur la situation fut bien pire. Dès leur entrée les deux hommes furent accueillis par une clameur aussi tonitruante que ravie. La mise en scène était simple, deux pupitres, des citoyens et des citoyennes entourant les rôles principaux de tous côtés, et des membres de l’opposition assis en contrebas, condamnés à être simple spectateur de ce qui allait suivre. En l’absence de toute autre couleur politique que la leur sous les projecteurs, les deux complices ont pu se livrer à un jeu de question/réponse sous les applaudissements enchantés d’un public quasi-unanimement acquis à leur cause, les clins d’œil, plaisanteries et tapes sur l’épaule achevant de donner à cette consultation citoyenne les airs d’un meeting de campagne dans un swing-state américain.
Les questions, même les plus compliquées, recevaient une réponse bienveillante, les deux acteurs se repassant les interventions selon le rapport qu’ils entretenaient au sujet abordé. Une lycéenne lança la machine. Le président français en fait-il assez pour contrer le changement climatique ? Ce dernier répondit avec un sourire charmeur sur la fermeture des centrales thermiques en France, qu’importe que la plus grosse source d’émission de gaz à effet de serre du pays en question soit les transports et que l’on condamne le rail. L’Europe allait-elle enfin avoir un vrai programme spatial ? Ce sujet capital fut traité avec une plaisanterie par le ministre luxembourgeois, qu’importe si privatiser un espace de ressources quasi infini peut mener à des inégalités impossibles à imaginer. Qu’importe car le public n’avait le droit que de poser des questions, offrant au duo d’orateurs toute la latitude pour proposer leurs solutions sans crainte d’être contesté. « Je vous aime Monsieur Macron » lança une femme et le public aux anges renchérissait par de nouvelles salves d’applaudissements, allant même parfois jusqu’à se mettre debout.
Jusqu’au grain de sable.
Ce grain de sable s’appelait Matthieu, militant du Printemps Européen, qui, au milieu de la neutralité idéologique du débat, osa employer les gros mots de « capitalisme sauvage » et « Europe des marchés » pour définir le projet politique des deux hommes d’Etat. La modératrice ne s’y est pas trompée, puisqu’elle lui coupa la parole pour le presser d’accélérer. La salle ne s’y trompa pas non plus, les deux stars étaient contestées de front ce qui était inacceptable. Elle entreprit donc d’accabler ce seul représentant d’une autre Europe de sifflets, huées et plaisanteries.
Aucune autre opposition politique ne se manifesta jusqu’à la fin. Des demandes, des exigences parfois apparurent, mais la seule voix qui s’était élevée pour défendre une Europe qui se soucierait plus de la lutte contre le changement climatique que de la lutte contre les déficits avait été réduite au silence. La salle put reprendre son ronronnement tranquille d’acclamations et personne d’autre n’eut à subir ses foudres jusqu’au terme de la « consultation citoyenne ».
Quelle conclusion en tirer ? Quelle consultation y avait-il pour les citoyen.ne.s dans la salle quand seuls les représentants du pouvoir étaient là pour leur répondre ? Qu’avait-elle de citoyenne cette consultation, quand seules les deux personnes sur scène avaient le droit de développer une réflexion nuancée ? N’est-il pas légitime de se poser des questions sur la nature réelle de ces événements ?
A ceux qui en doutaient, la campagne européenne a bel et bien déjà démarré. Sous le prétexte de consultations citoyennes, Emmanuel Macron s’offre des meetings dans toute l’Europe pour tisser le récit de son futur mouvement comme unique alternative aux nationalistes. Que l’on ne se méprenne pas, lui et les membres de son futur mouvement sont tout à fait en droit de vouloir faire campagne de manière ambitieuse. Mais que l’on ne se méprenne pas non plus, les citoyen.ne.s sont aussi en droit de savoir ce que sont réellement ces événements afin d’y prendre part , ou non, en toute connaissance de cause.
La salle comble ce jeudi 6 septembre pourrait nous laisser croire que tout est déjà perdu pour une Europe citoyenne, soucieuse de progrès écologique et social. Mais rien n’est plus faux, car sur le parvis de la philharmonie une foule bariolée avait la tête sans doute pleine de ces idéaux-là. Rien n’est plus faux car à l’intérieur de la salle, au milieu de la galaxie Macron-Betteliene une étoile a brillé d’une couleur différente de toutes celles qui l’entouraient. Rien n’est plus faux car le même jour en Italie, Yanis Varoufakis faisait salle comble aussi, apportant sans le savoir un soutien à distance à ce militant solitaire, qui, à la Philharmonie de Luxembourg, au milieu des sifflets et de l’hostilité, s’est dressé contre le discours hégémonique du capitalisme. L’espoir revient.
19-09-2018
Critical Mass : Nous (aussi) sommes le trafic !
L’idée de la masse critique (“Critical Mass” en anglais) décrit la masse minimum pour déclencher une réaction en chaîne, mais quel est le rapport de ce terme avec l’espace public et la mobilité douce ?
Critical Mass, c’est aussi une manifestation à bicyclette dans une ville. Une Critical Mass accueille aussi tout autre moyen de transport sans moteur, comme les patins, les planches à roulettes, etc. D’habitude, la Critical Mass est organisée simultanément le dernier vendredi du mois dans plus d’une centaine de villes dans le monde.
Le mouvement a démarré à San Francisco: la première masse critique y eut lieu le 25 septembre 1992 avec une cinquantaine de participants.
« Mais, c’est quoi tout ceci? » demandaient des piétons amusés et visiblement surpris, alors qu’ une masse de cyclistes bruyants et pleins d’entrain passaient à bicyclette en chantant et en sonnant.
Différentes réponses sont évidemment possibles :
« Il s’agit de s’amuser dans la rue. »
« Il s’agit d’un mode de vie plus social. »
« Il s’agit d’affirmer notre droit à la route. »
« C’est une question de solidarité. »
La Masse critique signifie quelque chose de différent pour chaque participant_e, et bien que de nombreux concepts exprimés puissent évoquer des souvenirs de manifestations politiques passées, la Masse critique se veut avant tout une célébration, pas une protestation. C’est de l’action directe politique en vue d’une reconquête festive de l’espace public.
L’idée a d’abord été conçue par une personne, qui a fait rebondir l’idée sur d’autres cyclistes. L’importante communauté de coursiers à vélo de San Francisco a été recrutée principalement par le bouche-à-oreille, tandis que les navetteurs ont été rejoints par quelqu’un qui se tenait au milieu du quartier financier et distribuait des affichettes. Au début, le nom de l’événement était beaucoup moins attirant: Commute Clot, mais bientôt le nom de Critical Mass s’était établi.
Le nom Critical Mass vient du documentaire de Ted White „Return of the Scorcher“ (Le retour du brûleur) où l’étiquette des croisements dans les grandes villes chinoises est discutée comme une question de masse critique : le trafic croisé attend d’atteindre une masse critique et ensuite pousse à travers, laissant le flux original du trafic s’arrêter et se construire jusqu’à atteindre son point de passage. Une fois par mois, les cyclistes deviennent une masse critique, remplissant 3-4 longs blocs de la rue Market Street de San Francisco à la fin de l’heure de pointe, et pédalant dans une zone de libre expression temporairement dépourvue de bruit de moteurs et de gaz à échappement.
Le changement de perspective si on participe à une Critical Mass avec beaucoup de participants est magnifique. C’est là, à vélo, qu’on se rend compte quelle grande proportion de nos espaces urbains est aujourd’hui dédiée aux voitures.
Le mouvement est devenu international et des masses critiques sont maintenant organisées en Amérique du Nord, Europe, Australie, Asie et Amérique Latine. L’ampleur des masses critiques peut varier d’une centaine à quelques milliers de participants dans chaque ville. Les masses critiques se déroulent en milieu essentiellement urbain. On estime qu’il y a actuellement plus de 300 villes où elles sont organisées. Ce mouvement se rattache aux mouvements environnementalistes et aux mouvements altermondialistes, notamment au mouvement Reclaim the streets.
Le mouvement existe aussi depuis 2002 à Luxembourg, rejoins la prochaine Critical Mass le 28 septembre à 18h30 à la Gëlle Fra, comme chaque dernier vendredi du mois !
10-09-2018
Aarbecht!? Et gëtt héich Zäit!
Seit in den siebziger- und achtziger Jahren des vergangenen Jahrhunderts auf breiter Front für die Verkürzung der Arbeitszeit gekämpft wurde, ist einiges passiert. In vielen europäischen Ländern wurde das Thema Arbeitszeitverkürzung eher zaghaft angepackt. In anderen, wie Deutschland oder Frankreich, wurde eine substanzielle Verkürzung der Wochenarbeitszeit erreicht. Das ging aber nur über den Weg von Arbeitskämpfen, die in ihrer Intensität viele vorangegangenen Arbeitskämpfe in den Schatten stellten. Es waren regelrechte Aufstände. Das Ziel der Streiks war es, einen Teil der Produktivitätsgewinne in Form von weniger Arbeit bei gleichbleibendem Lohn abzuschöpfen. Oder: Die Lohnabhängigen mussten ihre Arbeitskraft also weniger oft verkaufen bei gleichem Lohn. Oder: Die Arbeiter forderten ihren Anteil an geschaffenem Mehrwert. Der Streik in der deutschen Automobilindustrie dauerte fast sieben Wochen, dann einigten sich die Tarifpartner auf das Verfahren der besonderen Schlichtung. Der Einigungsvorschlag der besonderen Schlichtungsstelle, der am 26. Juni 1984 der Öffentlichkeit präsentiert wurde, sah vor, die Wochenarbeitszeit im betrieblichen Durchschnitt auf 38,5 Stunden zu verkürzen.
Mobilisierungen
Das Ziel der IG-Metall war die 35-Stundenwoche. Der Kompromiss: 38,5 Stunden im Durchschnitt und mehr Flexibilisierung. 1987 wurde die 37-Stundenwoche erreicht. Den endgültigen Durchbruch schafften die IG-Metall und die IG-Druck und Papier im Jahre 1990. Die Arbeitgeber erklärten sich bereit, in 2 Stufen bis 1995 die 35-Stundenwoche einzuführen. Am 13. Juni 2018 jährte sich übrigens zum 20. Mal das Inkrafttreten der 35-Stundenwoche bei unseren französischen Nachbarn. Per Gesetz wurde in allen Unternehmen im ganzen Hexagon die gesetzliche Arbeitszeit von 39 auf 35 Stunden gesenkt. Die „Loi Aubry“ hat ihren Ursprung in François Mitterands 110 Vorschlägen für ein sozialeres Frankreich. Die französischen Sozialisten zogen 1997 mit einer klaren Positionierung für die 35-Stundenwoche in den Wahlkampf. Es soll Dominique Strauss-Kahn gewesen sein, der Lionel Jospin überzeugt hat, die 35-Stundenwoche ins sozialistische Programm einzuschreiben. Fazit: der Kampf für die 35-Stundenwoche wurde auf verschiedenen gesellschaftlichen und politischen Ebenen geführt. Und muss heute auf den gleichen politisch/gesellschaftlichen Ebenen geführt werden. Denn dort wo die 35-Stundenwoche möglich wurde, wird sie heute vor dem Hintergrund eines breiten neoliberalen Konsenses mit den bekannten Gegenreformen betrachtet und gebremst. In vielen Branchen sind die erkämpften Rechte weitgehend rückgängig gemacht worden. Der gesamte neoliberale Konsens bedeutet, dass alle Errungenschaften des Sozialstaats und der Arbeiterbewegung unter dem Blickwinkel der sakrosankten Wettbewerbsfähigkeit, der Senkung der Arbeitskosten und der maximalen Renditesteigerung betrachtet werden. Dies hat sich mit dem Aufkommen der digitalen Revolution weitgehend verschärft. Deshalb muss auch hier angegriffen werden. Eine Wiederbelebung des breit angelegten Kampfes für Arbeitszeitverkürzung tut Not. Und es wäre verlorene Zeit, darauf zu vertrauen, dass sich die Politik heute aus freien Stücken dazu überwinden könnte, per Gesetz die Arbeitszeit zu verkürzen und den positiven Effekt nicht durch eine weitere Flexibilisierung der Arbeitszeiten wieder zunichte zu machen.
Stück vom Kuchen
Denn genau dieser Fehler wurde zum Beispiel bei unseren deutschen Nachbarn gemacht und zwar nachhaltig. Die Lohnabhängigen haben ein Recht auf ein größeres Stück vom Kuchen. Und eine kollektive Arbeitszeitverkürzung als Verkürzung der Normalarbeitszeit für Alle, beinhaltet, anders als flexible Arbeitszeitgestaltung, die Chance auf Abbau der Arbeitslosigkeit durch Wiederbesetzung der in größerem Umfang frei werdenden Stellen durch sowohl Arbeitslose wie fertig Ausgebildete.
Denn: jeder Arbeitslose weniger erhöht potentiell die Kampfkraft der Gewerkschaften, nicht zuletzt auch in ihrem „Kerngeschäft“ Lohnerhöhungen. Die Gewerkschaften haben ein vitales Interesse daran, ihre Kampfkraft zu erhöhen. Das geht weniger über den Weg von Zugeständnissen als über den Weg von radikaler Arbeitszeitverkürzung. Arbeitszeitverkürzung mit nachhaltiger Beschäftigungswirkung für alle. Die Zukunft der gewerkschaftlichen Arbeit muss auf dieses Ziel ausgerichtet sein. Gerade die Digitalisierungsdebatte genießt hier einen zentralen Stellenwert. Die Diskussionen und öffentlichen Darstellungen der Digitalisierung suggerieren eine „Win-Win“ Situation. Durch die Digitalisierung der Arbeitswelt sollen sich prekäre Arbeitsformen und schwierige Arbeitsbedingungen zunehmend auflösen. Damit am Ende alles gut wird. Und mit der Digitalisierung entsteht eine schöne, neue Gesellschaft, in der alles besser ist und in welcher die Widersprüche aufhören zu existieren. Fakt ist allerdings, dass das alte System in neuem Outfit daher kommt.
Gewinner und Verlierer
Doch die Gesetze des kapitalistischen Systems bleiben in Kraft – auch wenn die Arbeit in digitalisierten Produktionsketten verrichtet wird. Denn im Grunde ändert sich wenig. Es werden auch weiterhin Gewinner und Verlierer der Digitalisierung im Kapitalismus geben. Die Kapitaleigner auf der einen Seite und die durchrationalisierten Beschäftigten auf der anderen. An der Produktionsfront wird sich das Rad immer schneller drehen und bei den Produzierenden macht sich vermehrt Frust breit, weil viele Betroffene zu Statisten und Zuschauern degradiert werden. Zur Lösung der Konflikte ist es unerlässlich, die Betroffenen zu Beteiligten zu machen, ein gemeinsames und emanzipiertes Bewusstsein zu schaffen. Die massiven Angriffe auf den sozialen Besitzstand der Lohnabhängigen generieren ebenso massive Konflikte. Und weil Konflikte Konflikte sind, müssen sie auch konfliktuell gelöst werden. Die Gewerkschaftsarbeit muss von Konsenssuche auf Konfliktbereitschaft umschalten. Betriebsübergreifende Themen sind auch gesellschaftliche Themen und die Gesellschaftskritik ist ein wesentlicher Vektor dieser Kritik. Die Strategien der Kapitaleigner betreffen mehr und mehr die gesamte Lebenszeit der Betroffenen und ihrer Familien. Deshalb muss eine neue Bündnisarbeit im Vordergrund stehen. Die Vernetzung der gewerkschaftlichen Akteure mit sozialen Bewegungen bringt die mittelbar mit den unmittelbar Betroffenen zusammen und ermöglicht gemeinsames Handeln. Die Zusammenarbeit mit, auch global vernetzten, sozialen Bewegungen kann sehr viel bewegen. Oberste Priorität bleibt dabei, das Kräfteverhältnis zugunsten der Lohnabhängigen zu verschieben.
Stärkung der Werte
Dazu muss die systematische Zusammenarbeit und die Förderung der arbeitswissenschaftlichen Arbeit mit den gewerkschaftlichen Akteuren wieder in den Fokus gerückt werden. Ein stärkeres Zusammenleben von Theorie und Praxis ist unerlässlich für eine nachhaltige Organisierung und Mobilisierung aller Betroffenen. Abhängig Beschäftigte zu Handelnden in ihren eigenen Konflikten zu machen, das sollte die Priorität sein. Den Schritt zu gehen, über die konkrete Aktion hinaus gerichtet auf eine nachhaltige Veränderung. Die Konflikte nach draußen zu tragen heißt, die gewerkschaftliche Betriebsarbeit zu politisieren. Über die Massenmedien wird die herrschende Politik im gesellschaftlichen Mainstream etabliert. Die Antwort auf diese gefährliche Entwicklung kann nur die Generierung einer Gegenöffentlichkeit und eine möglichst breite Aufklärung sein. Die Stärkung gemeinsamer humanistischer Werte wie Gerechtigkeit, Solidarität, Gleichheit und Freiheit sind die Grundlagen der Politisierung der betrieblichen Gewerkschaftsarbeit. Politik und Gesellschaftskritik müssen verstärkt Gegenstand der gewerkschaftlichen Arbeit im Betrieb und auf der Straße sein, die Themen müssen mehrheitsfähig werden. Die zentrale Frage ist und bleibt: In welcher Gesellschaft wollen wir leben? Und: Ist das aktuelle Wirtschaftssystem mit all seinen Auswirkungen das Modell für die Zukunft? Oder muss es überwunden werden? Die Zukunft unserer Gesellschaft hängt nicht unwesentlich von der Gestaltung der Arbeit ab. Das Terrain darf auf keinen Fall den Kapitaleignern überlassen werden.