Donald Trump: The Day after Tomorrow

Donald Trump président : The Day after Tomorrow

L’élection de Donald Trump est surtout le symptôme d’une crise profonde du capitalisme et de ses élites qui ne savent plus comment faire pour en sortir.

Donald Trump président : The Day after Tomorrow

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C’est comme un cataclysme qui a frappé la planète. L’élection de Donald Trump a créé un choc qui a largement dépassé les frontières des États-Unis. Qu’un populiste raciste et sexiste soit président de la 1re puissance mondiale n’a évidemment rien de réjouissant. On s’inquiète de sa future politique étrangère. Mais les travailleurs, les pauvres, les minorités et les jeunes Américains ont beaucoup plus d’inquiétudes à se faire quant à sa politique intérieure. Pourquoi l’ont-ils élu ? Simplement parce qu’ils devaient choisir entre la peste et le choléra. Ils ont choisi la peste.

On pourrait encore discuter de la légitimité démocratique de Donald Trump alors qu’il a reçu un peu moins de voix qu’Hillary Clinton. Le système électoral américain est ainsi fait. Si les règles du jeu sont mauvaises, il faut les changer… De préférence avant le match. Game over. Par contre, les démocrates ont une responsabilité énorme dans leur défaite : celle d’avoir barré la route au seul candidat capable de battre Donald Trump, Bernie Sanders. Pour preuve, la défaite des démocrates provient surtout des pertes importantes d’électeurs (en rouge sur la carte) dans plusieurs dizaines de localités du nord du Midwest et de la Nouvelle-Angleterre. Ces comtés sont, pour l’essentiel, des bastions populaires, avec un taux de chômage plus élevé que la moyenne et souvent frappés par la désindustrialisation.

Les leaders du Parti démocrate ont fait d’Hillary Clinton leur candidate alors qu’ils savaient qu’elle était l’incarnation parfaite de l’establishment et de Wall Street, ce qu’une grande majorité du peuple américain ne supportait plus.

Donald Trump votes

Durant les primaires, le Comité national démocrate (DNC) a fait tout ce qu’il pouvait pour ouvrir la voie à Hillary Clinton. Les sondages montraient pourtant que son opposant, Bernie Sanders, était une meilleure option pour battre Trump. Une couche importante de l’électorat de Donald Trump était ouverte à une véritable argumentation reposant sur les intérêts de la classe ouvrière et opposée à Wall Street ainsi qu’à son programme de libre-échange tout en défendant l’instauration d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure, un enseignement gratuit , un système universel de soins de santé ou encore des investissements massifs dans les infrastructures vertes. Les dirigeants démocrates ont préféré perdre plutôt que d’être liés à un programme qui répondait véritablement aux intérêts des travailleurs et des pauvres.

La plupart des dirigeants syndicaux ont accordé leur soutien à Clinton alors qu’une importante couche de syndicalistes et plusieurs syndicats nationaux soutenaient Bernie Sanders.

Pour rappel, pendant des décennies, les Démocrates ont mis en œuvre ou appuyé les mesures néolibérales les unes après les autres pour mettre fin à l’aide sociale, appuyer l’incarcération de masse, instaurer l’ALENA (accord de libre-échange nord-américain) sous Bill Clinton ou encore sauver les banques alors que des millions de personnes perdaient leur maison sous Obama.

Sous la pression des 45% qui ont soutenu Sanders dans les primaires démocrates, les démocrates ont adopté la plate-forme la plus à gauche depuis 40 ans. Mais Hillary Clinton a centré sa campagne sur le message que Trump était un danger existentiel pour la démocratie et que « l’Amérique est déjà grande ». Les donateurs de Clinton ne voulaient pas qu’elle aborde des thématiques telles que celle du salaire minimum ou de la dette des étudiants.

Socialism made in USA

Au cours de ces dernières années, une profonde polarisation politique s’est développée aux États-Unis, avec la croissance du soutien des jeunes pour l’idée du socialisme et le mouvement Black Lives Matter. La tendance générale dans la société américaine a été un glissement vers la gauche, qui s’est exprimé dans le soutien au mariage égalitaire, au salaire minimum et à la taxation des riches. Cette élection ne change pas cette tendance sous-jacente, mais elle place clairement la droite au siège du conducteur avec le contrôle de la présidence, des deux chambres du Congrès et de la majeure partie des législatures d’État.

Une grande partie de la classe ouvrière blanche et de la classe moyenne ont effectivement utilisé cette élection pour exprimer leur rejet total du Parti démocrate mais aussi de l’establishment républicain.

Les mouvements de gauche radicale américains comme Socialist Alternative de Kshama Sawant ont soutenu la candidature de Bernie Sanders, tout en critiquant son choix de se présenter aux primaires démocrates et ensuite son soutien à Hillary Clinton. Les erreurs de Bernie Sanders se payent cash aujourd’hui. Mais rien ne sert de pleurer sur le passé. Il faut préparer les luttes futures. La preuve est faite qu’il n’y a aucun espace pour la gauche à l’intérieur du Parti démocrate. La création d’un parti des  99% défendant les intérêts réels des travailleurs et des classes populaires serait la meilleure réponse à opposer à la politique ultra-libérale et antisociale que Donald Trump prépare.

Chaos et luttes

L’élection de Donald Trump est surtout le symptôme d’une crise profonde du capitalisme et de ses élites qui ne savent plus comment faire pour gérer cette crise. Le capitalisme et ses institutions sont discrédités comme peut-être jamais auparavant. L’élection de Donald Trump ouvre une période de chaos et de lutte. Les protestations de masse ont commencé à s’organiser immédiatement après l’annonce de sa victoire. Lors de sa 1ère intervention, il a commencé à faire marche arrière sur la question de l’ « Obama Care », en indiquant qu’il allait l’améliorer et non le supprimer comme il l’avait annoncé durant sa campagne électorale. Il faudra évidemment se méfier de la teneur réelle de ces « améliorations », mais ces déclarations montrent que l’élection de Trump ouvre une nouvelle ère de chaos et de luttes, dans laquelle les contradictions qui traversent la classe dirigeante américaine vont prendre une ampleur sans précédent. De fait, Trump apporte plus de problèmes que de solutions à cette classe dirigeante car il dévoile toute l’obscénité du capitalisme. Les craintes de réplique du phénomène Trump se répandent comme une traînée de poudre, notamment au sein des gouvernements européens. La Commission européenne vient de décider d’assouplir les règles budgétaires, dans la perspective des élections qui doivent se tenir en 2017 dans plusieurs pays de l’Union.Kshama Sawant à Bruxelles

La polarisation politique vient de prendre une forte accélération aux États-Unis et se propagera bien au-delà des frontières. Si la gauche américaine parvient à s’unir pour créer une nouvelle force politique indépendante, elle pourra mobiliser les millions de travailleurs et de jeunes frappés par la crise, et construire un mouvement de résistance efficace contre la politique ultra-libérale du gouvernement.

Kshama Sawant et son organisation Socialist Alternative ont montré la voie depuis 2013 en menant un combat victorieux pour l’instauration d’un salaire minimum à Seattle. Depuis l’élection de Trump, Socialist Alternative comme d’autres mouvements de gauche, organise la résistance. Kshama Sawant sera à Bruxelles le 26 novembre 2016. Une occasion à ne pas manquer pour soutenir la gauche américaine, voire même construire la globalisation des luttes, plus que jamais nécessaire.

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