Militer en ces temps étranges
La crise sanitaire et là. Malgré le confinement, il faut continuer à réfléchir et à analyser, aussi bien pour maintenant que pour l’après-crise.
Si un grand nombre de citoyennes et de citoyens continuent à donner de leur temps, de leur énergie, voire de leur santé dans les activités indispensables pendant cette crise, d’autres se retrouvent malgré elles et eux confiné-e-s dans leur logement. Le temps peut paraître long, surtout s’ils ne peuvent recourir au télétravail.
L’auteur britannique de science-fiction China Miéville (militant marxiste lorsqu’il n’écrit pas), a publié en 2005 une de ses œuvres majeures intitulé « The City and the city » (qui a également inspiré une série disponible sur internet), un thriller dystopique se déroulant dans deux villes voisines et parfois entremêlées, Beszel et Ul-Qoma. Ces deux cités-Etats étant en guerre froide permanente, leurs citoyens respectifs sont tenus d’ignorer réciproquement par tous les moyens l’existence des voisins, notamment en « évisant » (« to unsee ») tout bâtiment ou tout citoyen de l’autre ville. A force d’habitude, ce qui paraît difficile devient banal. C’est une question de réflexe. Évidemment, la crise sanitaire ne nous oblige pas à nous ignorer mutuellement, mais elle nous impose un évitement probablement inédit.
Comment militer dans ces conditions ? Car il faut bien continuer à agir politiquement, la vie ne s’est pas arrêtée et elle retrouvera bientôt une certaine normalité.
La réactivation de notre journal en ligne Goosch.lu est une des nombreuses réponses à cette question. Goosch permettra à celles et ceux qui le désirent de rédiger des articles, de préférence pour l’instant en relation avec le contexte actuel, et de briser ainsi l’isolement politique.
Il s’agit d’échanger des réflexions, des analyses, des faits liés à la situation de crise particulière au Luxembourg. Et aussi, ce qui est très important, de préparer l’après-confinement, qui nous placera devant des défis que notre mouvance politique n’a pas connu depuis des décennies.
Personne à l’heure actuelle ne peut prévoir ni l’évolution du virus, ni ses conséquences économiques et donc sociales et politiques. Mais il est certain que les choses ne se régleront pas d’elles-mêmes et il ne faut pas se bercer dans l’illusion d’un retour à un État providence automatique que les dirigeants reconstruiraient après avoir « compris » les leçons du passé.
Mieux vaut donc échanger durant les prochaines semaines. Goosch.lu est une plateforme qui le permettra, c’est une contribution à la préparation d’un avenir proche.
Et pour terminer, n’oublions pas ce slogan que l’on peut trouver actuellement en Italie :
« Nous ne reviendrons pas à la normalité, car la normalité, c’était le problème »
David Wagner
25/03/2020