Politik

04-Apr-2017 Von

Macron et le FN au coude à coude

Le candidat de la finance -- Emmanuel Macron est le plus jeune des candidats et le moins expérimenté politiquement. Sorti en 2004 de l’ENA, le vivier des hauts fonctionnaires et de la plupart des dirigeants politiques français, il est nommé inspecteur des finances. En 2008 il devient banquier d’investissements à la Banque Rothschild, où il empoche la bagatelle de 2,9 millions d’euros, notamment pour avoir aidé Nestlé à faire une OPA.

Macron et le FN au coude à coude

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Le candidat de la finance

Emmanuel Macron est le plus jeune des candidats et le moins expérimenté politiquement. Sorti en 2004 de l’ENA, le vivier des hauts fonctionnaires et de la plupart des dirigeants politiques français, il est nommé inspecteur des finances. En 2008 il devient banquier d’investissements à la Banque Rothschild, où il empoche la bagatelle de 2,9 millions d’euros, notamment pour avoir aidé Nestlé à faire une OPA. En 2010 il devient conseiller économique à François Hollande, en 2012 secrétaire général adjoint à l’Élysée, en 2014 ministre de l’Économie, où il introduit en 2015 la loi qui porte son nom et qui comporte de nombreux cadeaux aux milieux d’affaires. Face à la fronde d’une partie du groupe parlementaire socialiste, cette loi a dû être adoptée par le recours au 49.3.

Macron a démissionné du gouvernement en août 2016, peu après avoir fondé son propre mouvement, En Marche! Le 16 novembre, il annonce sa candidature à la présidence. Il faut un certain culot pour se présenter comme porteur du neuf quand on a été un des principaux architectes du quinquennat de Hollande et tout particulièrement de son évolution à droite. Mais c’est ainsi que Macron aborde la campagne. Son programme est parfaitement social libéral. Dans une conférence de presse le 1er mars il se défendait d’être le «candidat de l’oligarchie financière». Il a bien besoin de se défendre, sur ce terrain il est éminemment attaquable. La taxe européenne sur les transactions financières? – «ce n’est pas la priorité», dit-il. Il est pour assouplir les règles imposées aux banques et assureurs: il veut «réformer en profondeur» l’Impôt sur la fortune dans un sens favorable aux actionnaires; il propose de baisser le taux d’impôt sur les sociétés de 33,3% à 25% et supprimer la progressivité de l’impôt sur les revenus du capital. Côté social – n’oublions pas que dans «social-libéral» le substantif est libéral et l’adjectif social – il veut seulement couper les effectifs du secteur public de 50,000 salariés, réduire les dépenses publiques par 60 milliards, faire un paquet de relance économique de 50 milliards d’euros.

Dans une autre élection, Macron aurait pu espérer faire un bon score, peut-être en arrivant troisième comme le centriste François Bayrou en 2007, et hausser son profil politique. Mais cette élection est différente et certains facteurs le favorisent. D’abord il y a la volatilité généralisée, l’affaiblissement de loyautés envers les partis, la recherche du nouveau. Ensuite, la crise des deux grandes formations, exprimées par les candidatures de Fillon et de Hamon. On dit que cela aurait pu être différent si les candidats en face étaient Juppé et Valls. Sans doute, mais ce n’est pas un accident que ce sont Fillon et Hamon. Enfin, les déboires de Fillon ont ouvert un grand espace pour Macron. Il peut se présenter comme le meilleur bouclier contre Le Pen. Son programme convient aux milieux patronaux et aux banques, même si certains préfèrent Fillon et d’autres s’inquiètent de son manque d’expérience et la faiblesse de son mouvement. Il est largement soutenu par les médias en France et en Europe. Il a pourtant deux points faibles. D’abord, son programme taillé aux besoins de la finance et ses liens avec la Banque Rothschild l’exposent aux attaques, aussi bien de Le Pen que de Mélenchon. Ensuite tout neuf qu’il veut se présenter et n’ayant jamais été membre du PS, il est quand même fortement responsable pour la politique de Hollande. Il semble que Fillon se prépare à lancer une offensive sur ce thème-là.

Les ralliements en série de responsables socialiste à sa candidature sont une expression de la crise du PS. Mais pour Macron, cela représente une arme à double tranchant. D’un côté ils affaiblissent Hamon – mais ce n’est plus vraiment nécessaire. D’un autre, ils gênent la tentative de Hamon de s’émanciper du bilan du quinquennat et d’être, suivant une formule un peu fatiguée, «ni de droite ni de gauche». Ainsi à l’annonce de Manuel Valls qu’il allait voter pour Macron, ce dernier était visiblement soulagé quand l’ancien premier ministre a ajouté qu’il ne voulait pas rejoindre sa campagne et n’avait rien à lui demander.

La candidate à abattre

Pour les autres prétendants à l’Élysée, Le Pen reste la candidate à abattre. Sa base reste solide, le pourcentage des sondés qui indiquent qu’ils sont certains de voter pour elle dépassant celui de tous les autres candidats. Mais elle ne progresse pas vraiment; au dernier sondage elle était à 25% contre Macron à 26%. Le tout est de savoir jusqu’où elle peut élargir son électorat. Depuis qu’elle a pris la direction du FN en 2011, elle a fait un véritable «tournant social». Elle propose de garder la semaine des 35 heures, baisser l’âge de la retraite, réduire les impôts sur les ménages et augmenter les allocations sociales. Sur le plan économique, elle est protectionniste. Mais ce protectionnisme social est pour les Français. Le Pen maintient la politique traditionnelle de son parti sur l’immigration, qu’elle veut réduire à 10,000 par an. Et si elle veut quitter l’OTAN, elle veut aussi augmenter les dépenses militaires à 3% du GDP.

Cette évolution sociale inquiète l’aile la plus traditionnelle des partisans du FN, représentée notamment par sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, qui est plus libérale sur l’économie, plus conservatrice que sa tante sur l’avortement, par exemple, catholique pratiquante. On peut y voir un conflit potentiel. On peut aussi voir une complémentarité: Marine Le Pen et son équipe peuvent s’adresser aux électeurs de gauche, sa nièce peut plus facilement trouver une audience chez ceux de Fillon, dont 38% se disent prêts à voter Le Pen.

On peut être sûr qu’une fois au pouvoir le discours social céderait la place aux exigences patronales. Au-delà, une victoire de Le Pen renforcerait qualitativement et systématiserait toutes les tendances à la militarisation de la police, la répression systématique, les attaques contre les droits de salariés et les droits démocratiques, le racisme et la xénophobie qui sont déjà présents en France.

Politik

04-Apr-2017 Von

Mélenchon : le diable insoumis est sorti de sa boite

La candidature qui progresse le plus en ce moment est celle de Jean-Luc Mélenchon, qui conteste de manière conséquente l’ordre néolibéral aussi bien que l’extrême droite. Mélenchon avait mené une bonne campagne en 2012 comme candidat du Front de gauche. Son score de plus de 11% représentait un succès dans un contexte où il y avait une forte pression pour un vote utile pour François Hollande, y compris pour être sûr que Marine Le Pen ne répète pas l’exploit de son père en 2002.

Mélenchon : le diable insoumis est sorti de sa boite

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La candidature qui progresse le plus en ce moment est celle de Jean-Luc Mélenchon, qui conteste de manière conséquente l’ordre néolibéral aussi bien que l’extrême droite. Mélenchon avait mené une bonne campagne en 2012 comme candidat du Front de gauche. Son score de plus de 11% représentait un succès dans un contexte où il y avait une forte pression pour un vote utile pour François Hollande, y compris pour être sûr que Marine Le Pen ne répète pas l’exploit de son père en 2002. Le Front de gauche n’existe plus comme force nationale, bien qu’il subsiste dans certaines régions. Il faudrait bien analyser un jour ses forces et ses faiblesses et les causes de son éclatement. C’est une question qui ne concerne pas que la France. Mélenchon aurait pu se replier sur le Parti de gauche, dont il était le principal dirigeant. Ce n’est pas ce qu’il a fait. Il a lancé un mouvement qui s’appelle la France insoumise, dans lequel il y a des militants encartés, au Parti de gauche, mais aussi ailleurs, et beaucoup d’autres qui ne le sont pas. Le Parti communiste a décidé à l’automne dernier, après des débats difficiles, de soutenir la candidature de Mélenchon. Mais beaucoup de militants et responsables de ce parti, et notamment l’ancienne secrétaire nationale Marie-George Buffet, s’étaient déjà engagés avec lui bien avant. Sa campagne avait été lancée en février 2016. Son programme, l’Avenir en commun, a été publié en décembre. Il faut le lire. Bien sûr, il prône la rupture avec l’austérité et les recettes néolibérales, la reconstruction et extension de l’État social. Il y a une forte dimension écologique, tout à fait centrale au projet. Aussi central, la proposition d’une Assemblée constituante, d’une VIe République, avec des droits démocratiques et d’intervention populaire étendus, avec notamment l’abolition de la monarchie élective que représente la Présidence de la République.

Sur l’Europe, ou plutôt l’Union européenne, Mélenchon a une position radicale. Le Parti de gauche participe activement aux initiatives européennes du «Plan B», dont le point de départ est le constat qu’il ne sert à rien d’avoir un programme de transformation sociale, économique et politique, un Plan A, donc, si on n’a pas un Plan B pour faire face à l’opposition prévisible de l’Union européenne. Le programme propose une refondation démocratique, sociale et écologique de l’UE, ce qui nécessiterait de sortir des traités actuels, avec en cas d’échec, des propositions pour se défendre contre l’Europe de la finance, avec la transformation de l’euro en monnaie commune et plus unique, n’excluant pas une sortie de l’UE.

Les autres candidats ont aussi évidemment des positions sur l’Europe. Le Pen propose, dans une optique purement nationaliste, de sortir de l’euro et de tenir un referendum sur l’appartenance à l’UE. Les autres candidats ne contestent pas l’UE actuelle, prônant chacun plus d’intégration, sur des bases intergouvernementales pour Fillon, avec la création ou renforcement des institutions européennes pour Macron et Hamon.

Le meilleur ou le pire

Il serait plus que hasardeux, à trois semaines du premier tour, de prédire le résultat. Essayons simplement de résumer la situation actuelle. Le Pen reste dans une position de force et semble sûr d’être au second tour. Son élection est improbable, mais malheureusement pas impossible. Cela dépend de facteurs comme le report de voix des autres candidats, le niveau d’abstention, le fait que plus de 40% des électeurs restent indécis et même de choses imprévisibles qui peuvent intervenir d’ici le 23 avril. Macron reste en tête des autres candidats, mais son soutien semble relativement poreux et il est vulnérable aux attaques. Il est difficile d’imaginer que Fillon remonte, bien qu’il ait, à la différence de Macron, une machine de parti derrière lui.

Jean-Luc Mélenchon a souffert, dans un premier temps, de l’arrivée de Hamon, dont les positions sur certaines questions ne sont pas trop éloignées des siennes, avec l’exception importante de l’Europe, ce qui implique aussi une divergence sur l’OTAN, que Mélenchon propose de quitter. Pourtant les diverses tentatives d’aboutir à une campagne commune, soutenues notamment par le Parti communiste, ont toujours été problématiques. Cela aurait peut-être été possible si Hamon s’était émancipé de l’appareil socialiste. Mélenchon a commencé à remonter à partir du grand débat télévisé du 20 mars et à creuser un écart avec Hamon. Un sondage publié le 31 mars par Le Point donnait Mélenchon à 16% et Hamon à 8%. On commence à entendre des appels à Hamon à se retirer. Dans un autre sondage publié par le Journal du dimanche 2 avril, 44% des sondés pensent que Mélenchon incarne le mieux «les idées et les valeurs de la gauche», contre 31% pour Hamon et 21% pour Macron. Fillon est actuellement à 17%. S’il n’arrive pas à remonter et si Mélenchon maintient sa progression, le candidat de la France insoumise pourrait se trouver en troisième position. À partir de là, tout devient possible.

Pour la gauche française dans son ensemble, tout est déjà possible, le meilleur comme le pire. Le pire serait que la déroute prévisible du PS aux législatives et sa probable fragmentation entraînent toute la gauche dans sa chute. Le meilleur serait qu’il émerge du naufrage une force de gauche radicale conséquente. Il n’est pas exagéré de dire que l’avenir d’une telle force dépend pour beaucoup du succès ou de l’échec de la campagne de Jean-Luc Mélenchon.

Suite du dossier:

 

 

Politik

04-Apr-2017 Von

Gestion des demandes de visas pour le Luxembourg: une privatisation de plus!

Jusqu’à récemment, les ressortissants égyptiens désireux d’obtenir un visa pour le Luxembourg devaient s’adresser à l’ambassade de Belgique au Caire. Or depuis le 14 novembre 2016, la gestion des demandes a été cédée en sous-traitance à une société privée basée au Caire.

Gestion des demandes de visas pour le Luxembourg: une privatisation de plus!

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Jusqu’à récemment, les ressortissants égyptiens désireux d’obtenir un visa pour le Luxembourg devaient s’adresser à l’ambassade de Belgique au Caire. Or depuis le 14 novembre 2016, la gestion des demandes a été cédée en sous-traitance à une société privée basée au Caire.

La multinationale TLScontact, spécialisée dans la gestion de «centre de contact en face à face» est chargée d’accueillir tout demandeur de visa pour la Belgique et le Luxembourg dans ses bureaux au Caire, le seul dans tout le pays. Elle est chargée de gérer toute la procédure de demande de visa et de récolter les documents demandés ainsi que les passeports et les empreintes digitales. De nombreux témoignages rapportent un service déplorable.

Le site internet, exclusivement consultable en anglais, est particulièrement difficile d’utilisation. Même pour les internautes chevronnés habitués à un anglais administratif et à ce type de procédure (enregistrement, création d’un compte etc.) le site se révèle particulièrement nébuleux pour obtenir les informations nécessaires et un rendez-vous pour déposer sa demande.

Sur place, les demandeurs se trouvent face à des employés visiblement mal formés (un comble pour le «spécialiste mondial de la gestion externalisée des services de relation clients requérant un contact en face-à-face») et qui réclament des documents supplémentaires non mentionné sur le site ou des copies supplémentaires qui sont facturées à des tarifs prohibitifs. En plus du prix de la demande  (60 euros pour un visa courte durée), la société réclame 450 livres égyptiennes (environ 25 euros!) pour ses frais administratifs. Dans un pays ravagé par une crise économique et financière, se sont des sommes conséquentes, en plus des trajets effectués pour déposer la demande (Alexandrie est à 3h de train, Assouan à plus de 10h). Et à chaque document manquant, la seule option proposée est de revenir le déposer en personne… On comprend alors la rage et le désespoir des personnes présentes quand il s’agit d’un document non mentionné sur le site…

Sous-traitance d’un service étatique

Le député de déi Lénk David Wagner, interpellé par cette situation, a interrogé  le ministre des affaires étrangères et de l’immigration, Jean Asselborn, via une question parlementaire. Les réponses aux quatre questions, reçues le 23 mars 2017 ne manquent pas de cynisme. Le ministre confirme bien entendu que la gestion des demandes de visas au Caire a bien été cédé par l’ambassade de Belgique à une société privée mais se défend que «la délivrance des visas se fait dans les règles déterminées par le pays représentant» et que l’option de la sous-traitance à une société privée est «prévue par l’article 43 du code communautaire des visas Schengen».

A la question soulevant la question des frais supplémentaires directement encaissé par la société, le ministre répond  que «le demandeur de visa a toutefois toujours l’alternative de faire les démarches directement au consulat». Affirmation totalement erronée, toutes les démarches se font obligatoirement dans les bureaux de cette société, le site internet de l’ambassade ne mentionne même plus aucune information concernant les visas: frais de délivrance, délais… Toutes les informations sont sur le site du sous-traitant.

Le député de déi Lénk avait aussi demandé des précisions à propos des autres pays et il apparaît que cette pratique est très répandue, de la part des représentations belges au Pakistan, au Nigeria, au Vietnam… mais aussi des consulats du Luxembourg en Inde et en Turquie.

Ayant également soulevé la nature sensible des données récoltées, le ministre répond que «l’encryptage et la transmission de données sensibles font l’objet de contrôles réguliers notamment par des missions d’évaluations effectuées inopinément par la commission européenne»… Quel aberration! On imagine en effet tout à fait la commission européenne régulièrement envoyer ses fonctionnaires au Caire ou à Mumbai effectuer des missions de contrôles dans les bureaux de ces nombreuses société privées…

L’éternelle question de la sous-traitance de services étatiques est encore une fois posée ici dans cette affaire. On imagine les juteux contrats obtenus par une multinationale comme TLScontact auprès des différentes ambassades, et les revenus conséquents pour rendre leur «service administratif». Le ministre dis lui -même qu’il s’agit d’offrir «une meilleure couverture consulaire» et de «traiter les dossiers dans un délai plus raisonnable». Visiblement ce n’est absolument pas le cas au Caire, et en plus de rendre le coût de la demande encore plus onéreux, c’est avant tout la société sous-traitante qui est gagnante… Engager du personnel supplémentaire dans les consulats et organiser le service pour offrir un accueil digne aux demandeurs de visa dans les pays concernés est une solution certainement bien moins coûteuse et respectueuse des exigences minimales d’accueil des demandeurs et de protection des données. Mais c’est bien tout le contraire de la ligne politique de la «forteresse Europe» qui laisse régulièrement mourir des milliers de migrants en méditerranée…

Kultur

04-Apr-2017 Von

Die Jugend manifestiert, die Politik boykottiert !

So geschehen beim Vernissage der Ausstellung XPOE in den Rotondes, Luxemburg, wo sich der kreative Nachwuchs unseres Landes traf, um seine Präsenz und Bedeutung in unserer Gesellschaft zu verdeutlichen.

Die Jugend manifestiert, die Politik boykottiert !

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So geschehen beim Vernissage der Ausstellung XPOE in den Rotondes, Luxemburg,  wo sich der kreative Nachwuchs unseres Landes traf, um seine Präsenz und  Bedeutung in unserer Gesellschaft zu verdeutlichen.

Wer annimmt, dass die Jugend von heute nur noch konsumorientiert ist  und sich nur  noch mit den sogenannten « Likes » auf Facebook  äußern kann, der wurde beim Besuch dieser Ausstellung Gott sei Dank eines Besseren belehrt.

Dass sich hier gut 500 Jugendliche auf den Weg gemacht hatten um bei der  Vernissage  teilzunehmen  ist schon an sich außergewöhnlich.

Zu sehen bekam man Arbeiten von all den Schülern und Schülerinnen, die im Augenblick auf  einer Kunstsektion in einem luxemburgischen Gymnasium ihre Ausbildung machen.

Eine gut geplante und gut koordinierte Zusammenarbeit zwischen den Kunstlehrern(innen), unter der Leitung von André Michaux,  und den verantwortlichen Organisatoren ergab trotz der zahlreichen  Werke eine übersichtliche und gut strukturierte Ausstellung.

Die Schülerarbeiten wurden in  4 fächerbezogenen Thematiken zusammengefügt.

(a) Die Architektur  des Gymnasiums und seine  Identität , (b) die visuelle Identität der Kunstsektion, (c) von der Linie bis zum fertigen Produkt , (d) die Aktualisierung eines Kunstwerkes von einem bekannten luxemburgischen Künstler. Es sind dies interessante Thematiken die über das Übliche im Kunstunterricht hinausgehen.

Zwischen den mehr als 500  kleinformatigen Arbeiten (bedingt durch den leider etwas begrenzten  Ausstellungsraum) fallen einem besonders die großformatigen Arbeiten auf.

Dies sind  großflächige, farbige Plakate die für die « visuelle Identität der E-Sektion » werben sowie die ebenfalls großflächigen Fotografien, die auf eine dynamische Art und Weise  « Werke  bekannter luxemburgischer Künstler neu interpretieren », wie z.B die von Michel Majerus oder von Foni Tissen , ein ehemaliger Kunstlehrer im Escher Lycée de Garçons.

Die Bleistiftzeichnungen mit dem Thema « Schularchitektur und Identität » vermitteln den Eindruck, dass die Atmosphäre in den meisten Schulen doch eher von grauem Beton geprägt ist, und  dass man sich darin als Schüler(in) etwas befremdend vorkommen muss.

Die Arbeiten zum Thema « Von der Linie bis zum fertigen Produkt »geben  dem außenstehenden Beobachter die Gelegenheit zu sehen, dass hier dem Schüler(in) ein systematisches Vorgehen abverlangt wird. Zuerst die Idee, dann eine Reihe von Skizzen, dann die richtige Auswahl der Idee und  das konsequente Weiterarbeiten  bis hin  zum realen, dreidimensionalen Designgegenstand.

Die Vielfalt der Ideen, Techniken (von der einfachen Zeichnung bis hin zum bedruckten T-Shirt) überrascht den Zuschauer sehr. Sie zeigt auch, dass man Kunst erlernen muss, dass man sich Techniken erarbeiten muss und dass Kunstunterricht nicht nur aus basteln und malen besteht.

Man muss den verantwortlichen Kunstlehrern(innen) eine großen Lob aussprechen. Mit viel  Einsatz und Idealismus vermitteln sie  den Schülern das notwendige, technische und kunsthistorische Wissen, um so zu den hier gezeigten  ansprechenden Resultaten zu kommen.

Neben den reinen künstlerischen Inhalten, geht es aber auch hier um soziale Inhalte. So z.B. das sich Gedanken machen wie man das Zusammenleben der «school community »  verbessern kann. (Neue Sitzgelegenheiten im Schulhof, Mülltrennung usw.).

Es geht für die betroffenen Schüler und Schülerinnen auch um unvergessliche  Schulerfahrungen. Denn jeder von uns weiß, dass solche Erfahrungen (wie z.B. auch kulturelle Schulreisen) nach Abschluss der Schule immer in  Erinnerung bleiben werden.

Einige spontane Umfragen bei den jugendlichen Besuchern verdeutlichen, dass diese Erfahrung sehr positiv aufgenommen wurde und der Wunsch nach « Mehr » zum Ausdruck gebracht wurde.

So wurde die Zusammenarbeit mit außerschulischen Akteuren, wie dem Szenographen Raoul Gross, mit professionellen Fotografen oder die Begegnung mit dem Künstler Roland Schauls als sehr positiv auf -genommen.

Dem Wunsch auf eine neue Ausgabe von EXPOE wird Rechnung getragen. Der zuständige Organisator Marc Scozzai kündigte an dieser Stelle an, dasselbe in Form einer sogenannten « Trienale » fortzuführen.

Aber die Schüler verlangen mehr. Deshalb wäre es Zeit darüber nachzudenken, ob ihnen nicht ein permanenter Ausstellungsraum in Luxemburg Stadt zur Verfügung gestellt werden könnte, abwecklungsweise immer unter der Regie eines anderen Gymnasiums.

Doch die zuständigen Politiker und Gemeinderäte der Stadt sind anscheinend daran nicht oder noch nicht interessiert. Nur der Druck der Strasse (siehe den Fall « Jumbokaart ») könnte in  diesem Falle etwas in Bewegung setzen.

Dass sich bei der Vernissage auch hier kein Politiker blicken gelassen hat, obwohl immer von « Kreativität und die Jugend ist die Zukunft unseres Landes » geredet wird, ist kennzeichnend für ihre Mentalität.

Kunst und Kreativität ist für sie noch immer leider   eine eher nebensächliche Freizeitbeschäftigung.

 

Kultur

21-Mrz-2017 Von

LA MATERNITE SUISSE D’ELNE, un berceau d’humanité au cœur de l’inhumain

S’il y a 20 ans l’on m’avait demandé de raconter quelque chose sur la maternité d’Elne, je n’aurais pas su. Impossibilité qui n’aurait pas été liée exclusivement à mon ignorance, mais surtout au manque d’information sur cette formidable aventure de solidarité et de lumière.

LA MATERNITE SUISSE D’ELNE, un berceau d’humanité au cœur de l’inhumain

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S’il y a 20 ans l’on m’avait demandé de raconter quelque chose sur la maternité d’Elne, je n’aurais pas su. Impossibilité qui n’aurait pas été liée exclusivement à mon ignorance, mais surtout au manque d’information sur cette formidable aventure de solidarité et de lumière.

Voici encore un chapitre de l’histoire qui est resté méconnu, voire ignoré pendant presque un demi-siècle.

A la base, une femme, Elisabeth Eidenbenz, née à Wila (Suisse) en juin 1913. Institutrice de formation, elle répondit à l’appel de l’Aide Suisse aux Enfants d’aller en Espagne. C’était l’année 1937 et la guerre sévissait la population civile dont tout particulièrement les enfants et les femmes. Elle mit en place des cantines, à Valencia d’abord et ensuite à Madrid. Elle suivit les presque 500000 personnes qui, après la chute de Barcelone, traversèrent les Pyrénées, dans cette tragédie dénommée La Retirada.

Le calvaire continua après l’arrivée sur le territoire français. Accueillies sous la pluie, le froid et la neige, ces centaines de milliers de personnes furent conduites dans des camps de concentration improvisés, situés en Cerdagne, dans le Vallespir et sur la côte. Les dénommés “camps sur la plage” (Argelès-sur-Mer, Barcarès, Gurs, Saint-Cyprien, Rivesaltes…) étaient de vastes surfaces de sable entourées par des barbelés et avec la mer pour horizon. Sans être dans la moindre mesure assurées les conditions d’habitabilité, l’entassement et l’insalubrité ne tardèrent pas à avoir leurs effets sur les hommes, les femmes et les enfants qui y étaient internés.

La situation sanitaire était particulièrement dramatique pour les femmes sur le point d’accoucher. Les hôpitaux et les cliniques refusaient de les accueillir et le taux de mortalité à la naissance y était alors proche du 100 %.

Elisabeth Eidenbenz, qui était rentrée en Suisse, décida de retourner dans le midi français, pour aider les femmes et les enfants.

« Un fragile havre de vie dans un paysage de mort »

Dans un bâtiment qui autrefois était une usine, le château d’en Bardou, dans la petite ville d’Elne, à côté de Perpignan, elle mit en place une maternité. Entre décembre 1939 et avril 1944, Elisabeth Eidenbenz et son équipe ont permis la naissance de plus de 600 enfants, dont les mères étaient d’abord des femmes espagnoles réfugiées et plus tard, à partir de 1941, également des femmes juives et tsiganes. Sorties par Elisabeth Eidenbenz des camps, les femmes étaient soignées avec dévouement et affection pendant les derniers mois de leur grossesse, afin de leur permettre de faire naître leurs enfants dans les meilleures conditions possibles. Dans la Maternité il y avait des infirmières suisses et des aides-soignantes, parfois recrutées parmi les réfugiées, puis formées.

„Nous accueillons les femmes de n ‘importe quelle nationalité. La misère n’a pas de patrie, ni le malheur“.

Vu les conditions d’insalubrité et de détresse dans lesquelles les femmes se trouvaient, il va de soi que, sans l’intervention d’Elisabeth Eidenbenz et son équipe, la plupart d’entre elles aurait péri dans l’accouchement. Cette poignée de volontaires a donc aussi sauvé les mères et leur a assuré également la possibilité d’allaiter les nouveau-nés, en leur permettant de se nourrir correctement et de se remettre suite à l’accouchement. Les enfants en bas-âge ont été aussi pris en charge dans la Maternité.

Temps d’exil et de solidarité

Comme le dit Frédéric Goldbronn, « au milieu de la barbarie qui se déchaînait alors sur l’Europe, la maternité d’Elne fut un îlot de paix, un fragile havre de vie dans un paysage de mort. Jusqu’à ce jour de Pâques 1944, où des officiers allemands réquisitionnèrent le château et fermèrent la maternité. »

Si le contexte historique actuel n’est plus celui de la fin de la guerre d’Espagne et de la deuxième Guerre Mondiale, il n’est pas moins vrai que, en regardant des images des camps « sur la plage », nous y retrouvons les mêmes éléments que dans celles de nos jours. En montrant l’exposition à la Maternité du CHEM, nous avons donc voulu signaler les dégâts et les conséquences de la guerre et de la violence, avec un volet historique et un volet lié à l’actualité. De même, nous avons voulu rendre hommage aux personnes qui s’engagent dans la défense et la protection des plus démunis et rappeler le besoin de solidarité et d’entraide. Car, si dans toutes les époques de l’histoire des injustices sont commises, dans toutes les époques de l’histoire il est possible d’agir pour restituer aux êtres humains la droit à une vie digne de ce nom.

Rappel du besoin de solidarité et de l’entraide

En 2002, au même endroit où elle a accompli son immense travail, Elisabeth Eidenbenz a reçu la médaille des justes des nations. C’est la même année de la sortie du film de Frédéric Goldbronn « La maternité d’Elne », que nous verrons le 6 avril à 19h30 au Kinosch (Kulturfabrik), en présence de son réalisateur. Voici quelques extraits de la lettre qu’Elisabeth Eidenbenz lui a adressée, après en avoir reçu la cassette :

« Cela a été merveilleux de revoir notre vieille maison dans laquelle nous avons vécu tant de choses, et surtout les gens qui l’ont autrefois fait vivre.

Je reçois très souvent des lettres et des appels téléphoniques d’anciens enfants qui ont vu le film et qui aimeraient en savoir davantage sur moi. Je n’aurais jamais cru pouvoir avoir encore une fois, après soixante ans, un rapport avec ces gens qui un jour ont été essentiels dans ma vie.

Ces rencontres m’accompagnent désormais comme une douce lumière au fil de mes dernières années à vivre et je vous remercie de tout cœur pour cela. »

Laissons à Frédéric Goldbronn les mots de la fin, en attendant le moment de le rencontrer personnellement à Esch : « […] ce ne sont pas seulement des enfants qui ont été sauvés à la maternité suisse d’Elne, mais aussi une certaine idée de l’humanité. En permettant à ces enfants de naître et de survivre à l’écart des camps, cette maternité a permis aussi à l’humanité de renaître symboliquement à travers eux. Ces enfants, qui ont aujourd’hui atteint l’âge des bilans, sont les produits et les porteurs de cette humanité, ils en sont les dépositaires. D’où viennent-ils ? Qu’ont-ils fait de cet héritage ? Quel est le fil qui les relie ? Quels sont les contours, intellectuels et sensibles, de cet échantillon d’humanité ? Telles sont les questions auxquelles ce film entend chercher une réponse. »

L’exposition restera ouverte jusqu’au 16 avril, au couloir de la maternité du CHEM (Esch-sur-Alzette).

Rendez-vous au Kinosch : http://kulturfabrik.lu/en/program/details/event/la-maternite-delne/

Kultur

21-Mrz-2017 Von

Das Essen ist lecker, die Kunst ist fad!

Wenn sich Kunst selber auf den Arm nimmt, darf man sich dann als Kritiker erlauben ironische Kommentare über die Kunst zu machen? (Eine nicht so ernst gemeinte Kunstkritik in der « post-närrischen » Jahreszeit.)

Das Essen ist lecker, die Kunst ist fad!

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Wenn sich Kunst selber auf den Arm nimmt, darf man sich dann als Kritiker erlauben ironische Kommentare über die Kunst zu machen?

(Eine nicht so ernst gemeinte Kunstkritik in der « post-närrischen » Jahreszeit.)

Jedem treuen Besucher des Casinos, in Luxemburg Stadt, wird wohl auch die Tendenz aufgefallen sein, dass die eigentliche Austellungfläche für zeitgenössische Kunst in regelmässigen  Zeitabständen reduziert wurde, zugunsten einer grösseren Fläche für sogenannte « restaurative » Zwecke : Bar und  Restaurant.

 Frage :Ist es einfacher das Essen zu verdauen anstatt die Kunst?

Die Antwort lautet eindeutig : JA!

Den Beweis  dafür liefert z.B eine kürzlich bei Schülerinnen  einer 1re E (LGL) gemachten Umfrage. »Welche Kunstmuseen  der Stadt Luxemburg sind dir bekannt ? »

Nur eine Schülerin von 25 bennante dabei das oben genannte Casino.

Eine Nachfrage an die Lehrer(innen) warum das denn so sei, ergab  eine klare Antwort :

« wir gehen schon lange nicht mehr mit Schulklassen ins Casino, weil die dort gezeigte Kunst, Schüler und Schülerinnen weit überfordert und weil man oft selber als Lehrer seine Mühe hat die ausgestellten Werke intellektuel zu verdauen.

Eines steht  fest. Gehen mehr Leute ins Museumscafé  als ins Museum selbst,dann ist das Essen eben besser als die Kunst!

Im Informationsflyer  zur Austellung « La commedia dell’arte :Kunst als Maskerade » wird dem Besucher folgendes vorgeschlagen :«possibilité de dîner au ca(fé)sino suite à la visite ». Wäre es hier nicht realistischer gewesen zu schreiben : » Possibilité de dîner au caf(é)sino sans aucune visite! »

Frage :Kann man schwer verdauliche Kunst besser in einem komfortablen Sessel geniessen?

JA!

Der Besuch der Austellung » La Commedia dell’Arte :Kunst als Maskerade », die zufällig gut in eine postnärrische Jahreszeit passt, da in diesem volkstümlichen Theater alle Schau-spieler Masken tragen, verlangt eine  bessere Sitzgelegenheit. Und die hat man hier leider nicht. Man muss nähmlich ungefähr 60 Minuten auf einem unbequemen Hocker ausharren, um sich die vier Videoarbeiten von Alexander Glandien, Loïc Vanderstichelen , Jean-Paul Jacquet  und Clara Thomine anzuschauen.

Die Sitzgelegenheiten in der Bar sind viel bequemer  als jene in der sogenannten Blackbox. Nach einer Stunde  nicht gerade spannender Visionierung der 4 Videoarbeiten, spürt man doch Schmerzen im  unteren Rückenbereich. Ist das bewusst so gewollt, damit man sich nachher erleichtert in einem der komfortablen  Designersesseln der Bar des sogenannten « Aquariums » nierderlassen kann um ein Glas Champagner zu geniessen ?

Frage :Ist Kunst bewusst oft so komplex dass man sich als Zuschauer dumm vorkommt und sich nachher den Katalog kaufen muss um zu verstehen was der Künstler uns  im Grunde mitteilen wollte?

Auch hier  lautet die Antwort : JA!

Es gibt  zu dieser Austellung kein Buch aber ein kleines Faltblatt auf dem man nachlesen kann , dass die Videoarbeiten sich alle  auf ironische Art und Weise mit dem Thema « the making of » von Kunst befassen.

Dass Kunst oft  als Thema die Kunst selbst sein kann ist wohl nicht ganz neu. Die so-gennante Konzeptkunst der 70ger Jahren des letzten Jahrhunderts befasste sich bereits ausgiebig mit diesem Thema. Der Begriff « Tautologie » wurde in die Kunstwelt eingeführt. Nur wird das, im Falle dieser Austellung,  nicht so intellektuell präsentiert, sondern eher mit einem humorvollem Unterton.

In diesen Videos geht es z.B um Preisverleihungen, ein wichtiger Bestandteil der Kunstszene die sich immer  gerne selber feiert. (« Popcorn » von Clara Thomine).Es geht  um Kunst ohne echte Konfrontation (« La nature » von Clara Thomine) und um  die Vorbereitungen einer Austellung  (« Making of », Alexander Glandien), die der Künstler für seine eigene Austellung verfilmte.In « La Cascade »  von Loic Vanderstichelen wird sich über einen Kunstexperten  lustig gemacht , der beauftragt wurde die Inventur der Sammlerstücke eines Museums zu machen, das vergrössert werden soll. Bei allen Videos werden stereotype Diskurse und Kommentare über Kunst karikaturiert.

Welch ein Genuss um  einmal volkstümlicher über moderne, zeitgenössische Kunst  reden zu dürfen.

Zum Abschluss darauf ein dreifach donnerndes Hellau ! Hellau ! Hellau !

Politik

06-Mrz-2017 Von

Fraudeurs fiscaux et lanceurs d’alerte: un Parquet qui ne voit que d’un œil

Une statistique fort révélatrice, publiée en novembre et concernant les (non) poursuites des fraudeurs fiscaux par le Ministère public au Luxemburg, est passée presque inaperçue. Or, il en ressort clairement que le Parquet général ne poursuit guère les grands fraudeurs fiscaux – ce même Parquet qui est très expéditif pour inculper des lanceurs d’alerte qui nous informent sur l’évitement, voire la fraude fiscale. Comment est-ce possible que la haute finance exerce une telle influence sur l’Etat Luxembourgeois et son Ministère public?

Fraudeurs fiscaux et lanceurs d’alerte: un Parquet qui ne voit que d’un œil

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Une statistique fort révélatrice, publiée en novembre et concernant les (non) poursuites des fraudeurs fiscaux par le Ministère public au Luxemburg, est passée presque inaperçue. Or, il en ressort clairement que le Parquet général ne poursuit guère les grands fraudeurs fiscaux – ce même Parquet qui est très expéditif pour inculper des lanceurs d’alerte qui nous informent sur l’évitement, voire la fraude fiscale. Comment est-ce possible que la haute finance exerce une telle influence sur l’Etat Luxembourgeois et son Ministère public?

D’abord il faut noter que l’Administration des Contributions directes (ACD) n’a commencé à confectionner des statistiques concernant les affaires pénales, qu’à partir de l’année 2010. De même, il y a lieu de rappeler qu’au Luxembourg, la plupart des infractions à la loi fiscale sont qualifiées comme délits et ne révèlent pas du droit pénal.

Ces statistiques ont été détaillées en novembre dernier par le gouvernement dans une réponse à une question parlementaire du député David Wagner ([1]). Il en ressort que pendant les années 2010 à 2015, au total 67 dossiers ont été transmis par l’ACD au Parquet, parmi lesquels 52 sont susceptibles de constituer des infractions pénales fiscales et 15 des infractions de droit commun ([2]).

Sur ces 67 dossiers transmis par l’ACD pendant les années 2010 à 2015, le Parquet n’en a ouvert que 26, les autres 41 ayant été classés sans aucune suite – c’est frappant!

Si on considère encore qu’en matière pénale l’ACD ne transmet au Parquet que des dossiers concernant des cas graves – c’est-à-dire avec des enjeux financiers considérables et s’il y a récidivité – le fait que le Parquet classe plus de 60% de ces dossiers sans aucune suite est révélateur. Ceci témoigne d’une volonté caractérisée de laisser impunis les véritables fraudeurs fiscaux.

Il y a des années ou l’impunité pour les fraudeurs est particulièrement frappante. Ainsi, en 2010, sur 17 dossiers transmis, aucun n’a été ouvert! En 2012, sur 13 dossiers transmis par l’ACD au Parquet, un seul a été ouvert, et en 2015, sur 13 dossiers transmis, seulement 4 ont été ouverts …

La plupart des dossiers classés sans aucune suite

Sur les 26 dossiers ouverts pendant les années 2005 à 2010, 16 ont fait l’objet d’une enquête préliminaire ordonnée par le Parquet. Par enquête préliminaire, l’on entend la procédure effectuée par la police grand-ducale sur ordre du Parquet et tendant à rassembler les preuves d’une infraction et à repérer le ou les auteurs, mais interdisant les actes coercitifs comme des perquisitions ou des saisies. Néanmoins l’enquête préliminaire permet au Parquet de s’arranger avec le fraudeur afin que celui-ci paye les impôts dus à la hauteur d’une somme qui doit trouver l’accord du directeur de l’ACD et d’une amende à fixer par le Parquet. Or, nous ne savons pas dans combien de cas un tel accord a été trouvé. Nous savons néanmoins que 10 dossiers ont effectivement fait l’objet d’une instruction préparatoire – qui autorise des perquisitions ou saisies par la police – et que tous ces dossiers ont abouti à des procès, qui, en plus, ont tous, à une seule exception, été gagnés par l’État.

Résumons: 67 dossiers ont été transmis par l’ACD au Parquet – ce qui paraît déjà très peu dans un espace de six ans et dans un pays où des millions d’euros – ou faudrait-il dire des milliards d’Euros – transitent chaque jour. Plus de 60% n’ont même pas été ouverts et seulement 10 font l’objet d’une instruction préparatoire aboutissant à un procès. Que dire d’une telle complaisance du Ministère public avec les grands fraudeurs fiscaux?

Entendons- nous bien: Le Parquet bénéficie d’une pleine autonomie pour enquêter et poursuivre une affaire ou bien pour la classer sans suite. Mais attention: autonomie ne veut pas dire neutralité – comme l’illustre parfaitement le présent cas (et il y en a d’autres). Néanmoins, le ministre de la Justice peut «enjoindre le procureur général d’État d’engager des poursuites ou de saisir la juridiction compétente de telles réquisitions écrites que le ministre juge opportunes» ([3]). Effectivement, le ministre de la Justice ne peut pas exiger du Parquet de ne pas suivre une affaire, comme le prévoit la législation française. Mais, il peut, par contre, demander au Parquet d’enquêter et de poursuivre une affaire déterminée – mais il ne l’a pas fait. Les fraudeurs s’en félicitent.

Deux poids et deux mesures

Une chose est certaine: les lanceurs d’alerte des LuxLeaks, qui ont rendu attentive l’opinion publique sur l’évitement fiscal massif à l’aide de tax rulings confectionnés par les Big Four et autres conseillers fiscaux, n’ont pas bénéficié de la même clémence du Parquet. Sur demande directe de PwC, qui s’est constitué partie civile à cette fin, le Parquet a tout de suite ouvert et instruit leur dossier et l’a porté devant le tribunal correctionnel. Le Parquet s’est même obstiné à faire appel général contre la décision du juge en première instance d’acquitter le journaliste Édouard Perrin sur base de la protection que lui confèrent les droits fondamentaux, notamment le droit à l’information et la liberté de presse.

Ce même Parquet, qui n’a même pas jugé utile de faire une enquête propre sur les tax rulings et le Leak auprès de PwC; un Parquet qui, par contre, s’est complètement fié à l’enquête interne de PwC, qui lui a été remise «au coin du feu» lors d’une «perquisition» qui ne mérite pas son nom. Ainsi, nous avons appris lors du procès LuxLeaks que le Parquet avait l’extrême gentillesse de prévenir PwC à l’avance de la «perquisition» dans leurs locaux, une perquisition qui se limitait à demander gentiment copie de l’enquête interne menée par PwC à l’encontre des lanceurs d’alerte! C’est aussi ahurissant que la réponse du représentant du Parquet à la question du pourquoi de l’absence d’enquête propre du Parquet chez PwC, à savoir que «ceux-ci» (PwC) sauraient de toute façon «mieux faire une telle enquête que la police judiciaire». C’est effectivement ce que le représentant du ministère public, David Lentz, a répondu à la question de Me Bernard Colin, qui demanda lors du procès en première instance, pourquoi le Parquet n’aurait pas effectué sa propre enquête chez PwC au lieu de se fier complètement à l’enquête interne de PwC!

Un Parquet qui se fie à la haute finance

Un Parquet, qui s’obstinait – lors de la première instance du procès dit LuxLeaks – de qualifier les lanceurs d’alerte et le journaliste de vulgaires criminels et qui militait pour mettre en prison ceux qui ont ouvert les yeux au monde entier sur des pratiques industrielles d’évasion et de fraude fiscale, ce même Parquet ne juge même pas utile d’ouvrir les dossiers des vrais fraudeurs et n’en fait instruire qu’un sur 4! Dès lors, il parait conséquent que ce Parquet ne se soit même pas donné la peine d’examiner, à travers une instruction adéquate, si les pratiques de tax rulings dévoilées lors du scandale LuxLeaks étaient illégales ou non! Là encore, les Big Four sont crus sur parole, bien qu’au fil du temps, il s’avère de plus en plus qu’une grande partie des rulings confectionnés par les Big Four et entérinés par un préposé de l’ACD fort courtois, sont parfaitement illégaux à plusieurs égards!

Inculper les uns, ménager les autres, pose beaucoup de questions sur l’impartialité d’un ministère public qui devrait traiter tout un chacun de la même façon et poursuivre toute infraction avec la même diligence. Ce n’est certainement pas de ce ministère public que nous pourrons nous attendre à une enquête rigoureuse sur l’évasion fiscale et l’évasion de capitaux à travers des sociétés offshore, comme celles organisées de manière aussi industrielle – telle que viennent de révéler les Panamas-Papers – par différents avocats d’affaires et Big Four dans des juridictions offshore. Rappelons que l’enquête de l’ACD à cet égard s’est heurtée à l’opposition farouche du barreau ([4]) et que, pour le moment, rien ne laisse entrevoir que le Parquet endosserait cette enquête.

Tableau: Dossiers transmis par l’ACD au Parquet ([5])

Année (1) (2) (3) (4)
2010 17
2011 10 7 6 1
2012 13 1 1 0 (1) Dossiers transmis par ACD au Parquet
2013 9 7 3 4 (2) Dossiers ouverts par la Parquet
2014 5 7 3 4 (3) Enquêtes préliminaires ordonnées par Parquet
2015 13 4 3 1 (4) Instructions préparatoires (par juge d’instruction)
Total 67 26 16 10    

_____________________________________________________________________

[1] Cf. Réponse du ministre des Finances Pierre Gramegna et du ministre de la Justice Félix Braz à la question parlementaire no 2479 du 17 octobre 2016 de Monsieur le Député David Wagner concernant diverses poursuites en matière fiscale; voir la question sous www.chd.lu/wps/PA_ArchiveSolR/FTSShowAttachment?mime=application%2fpdf&id=1393636&fn=1393636.pdf et la réponse sous www.chd.lu/wps/PA_ArchiveSolR/FTSShowAttachment?mime=application%2fpdf&id=1393637&fn=1393637.pdf

[2] Voir tableau en annexe

[3] Art. 19 du Code d’instruction criminelle

[4] Voir ma prise de position «Un bâtonnier trop partisan de la haute finance» sous www.justin-turpel.lu/un-batonnier-trop-partisan-de-la-haute-finance/

[5] Ces chiffres sont extraits de la réponse à la question parlementaire dont question sous (1)

Kultur

03-Mrz-2017 Von

Die E-Sektion ist ein junger Damenclub, die moderne Kunst ein alter Herrenclub!

Warum ist die E-Sektion in luxemburgischen Gymnasien nicht attraktiv genug für Schüler?

Die E-Sektion ist ein junger Damenclub, die moderne Kunst ein alter Herrenclub!

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Warum ist die  E-Sektion in luxemburgischen Gymnasien nicht attraktiv genug für Schüler?

Seit der Gründung der E-Sektion vor gut 40 Jahren, scheint die Zahl der Schüler stetig zurück gegangen zu sein. Im Jahre 2017 kann man davon ausgehen, dass auf den meisten Kunstsektionen in unserem Lande  95% Schülerinnen und nur 5% Schüler eingeschrieben sind!

Diese Diskrepanz ist nicht gut für das Arbeitsklima in der Klasse selbst  und schränkt die Lehrer bei der Suche nach geeigneten Thematiken auch eher ein.

Wie ist das zu erklären ?

Nun nach eigenen Aussagen der betroffenen Schülerinnen selbst, wird  Schülern oft abgeraten sich für diese Sektion zu entscheiden.

Zu einem seitens der Eltern, weil viele von ihnen noch immer befürchten, dass man mit einem Diplom der E-Sektion später keinen guten Job finden würde.

Zum anderen aber auch seitens der Lehrerschaft selbst, was beweist dass das Fach Kunst noch immer seitens vieler « Kollegen und Kolleginnen » diskriminiert wird.

Die Schüler werden aber oft auch von ihren eigenen Mitschülern gehänselt, wenn sie ihr Interesse für diese Sektion offen zutage legen. Mit Argumenten « da wird ja nur ein wenig gepinselt », werden dann viele Schüler demotiviert, die an sich aber das nötige Talent besäßen um die Sektion erfolgreich ab- schließen zu können.

Das Argument, diese Sektion biete zu wenig  handwerkliches, technisches und digitales und schrecke daher manch einen Schüler ab, ist sicherlich richtig. Hier müssten sich die verantwortlichen Lehrer mehr Gedanken machen und eine Änderung der Programme vornehmen. Kunst ist ja längst auch schon im digitalen Zeitalter angekommen!

Im Interview wurde von den Schülerinnen noch ein weiteres Argument gebracht. Die Sektion sei nicht männlich genug. Es würde zu viel Wert auf den Ausdruck von Emotionen gelegt , auf Imagination und Intuition.

95% Mädchen und 5% Jungen auf Kunstsektionen  ist eine Tatsache, doch  in der realen Kunstwelt ist es ganz genau umgekehrt!  Sie wird bestimmt von 95% Künstlern und 5% Künstlerinnen.

Der amerikanische Kunstkritiker Jerry Saltz wunderte sich schon 2007 dass im MOMA (NY) nur 5-8 % Frauen ausstellen durften. 2010 gab es bei der Schau « Abstract Expressionism  at the Museum of Modern Art » von 105 ausgestellten Werken nur 5 die von Frauen realisiert wurden. Die Bilderkollektion des Metropolitain Museum (NY) besteht zu 95 % aus Bildern von Künstlern und nur zu 5% aus Bildern von Künstlerinnen !

Retrospektiven von Künstlerinnen sind daher auch eher selten. 2016 zeigte  das MOMA (NY) nur eine Retrospektive von einer Künstlerin. International bekannte Galerien stellen im Durchschnitt nur 10% Frauen aus. Und auch in den bekannten Kunstmagazinen sind  Künstlerinnen immer noch stark unter- repräsentiert. Arbeiten von Künstlerinnen werden preislich auch noch immer unterbewertet. Bis heute hat noch kein Werk einer Künstlerin die Millionengrenze überschritten.

Warum ist das so ?

Die klassische Antwort lautet :  Bildende Kunst  war während Jahrtausenden immer eine reine Männerdomäne gewesen. Sie war immer männlich da sie meist mit der Idee von Macht verbunden war. Und Macht ist eine typisch männliche Eigenschaft. Künstler streben danach genauso machtvoll zu werden wie ihre Auftraggeber selbst : Fürsten, Könige oder Päpste.

Frauen kamen erst später in den Kunstbetrieb. In Deutschland war das erst seit dem Beginn der Weimarer Republik der Fall. Bis dahin war es den Frauen untersagt ein Studium auf der Akademie der Künste anzufangen.(dieses Verbot wurde dann später von den Nazis wieder eingeführt !)

Kunst war früher eher ein handwerklicher Beruf, oft physisch sehr anstrengend, denkt man nur an die schwere bildhauerische Arbeit eines Michelangelos zurück.

Gibt es heutzutage dazu noch andere Ursachen?

Meist können Künstler sich meist auf längere, ununterbrochene Berufskarrieren berufen. Künstlerinnen dagegen müssen ihre Karriere oft wegen familiären Angelegenheiten (Schwangerschaft usw..) unter- brechen.

Sind Künstler sind  im hart umkämpften internationalen Kunstmarkt meist besser gerüstet, da hier oft mit harten Bandagen gekämpft werden muss? Können  sich besser verkaufen und  sie sind hartnäckiger ?

Sicher ist, sie wollen eher berühmt werden als Frauen.

Künstlerfrauen finden meist nur Anerkennung wenn sie  als Ausnahmeerscheinung angesehen werden können.

Sponsoren bevorteilen Künstler weil  sie oft das Männlich, Kreative und Erfolgreiche symbolisieren.

So liebe Kunstlehrer und Kunstlehrerinnen. Ein guter Ratschlag. Kunststudium und Kunstbetrieb braucht mehr Gleichberechtigung. Daher macht eure Sektion attraktiver für männliche Bewerber und setzt euch für Gleichberichtigung im Mudam, Casino, und anderen kulturellen Institutionen ein. Es wäre ein Schritt in die richtige Richtung. Vielen Dank.  (MAPK)



(Quellen: Emma: Artikel über die Gorilla Girls, 2016/ Interview mit SchülerInnnen der E-Sektion, LGL, 2017)

Politik

03-Mrz-2017 Von

Février 1917 : spontanéité et organisation

Il ne fait aucun doute que la révolution de février était le produit d’une irruption spontanée. Aucun parti, aucun dirigeant n’a planifié les évènements. Personne n’a compris que les grèves et manifestations qui ont commencé le 23 février allaient aboutir au bout de quelques jours à la chute de l’autocratie.

Février 1917 : spontanéité et organisation

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Il ne fait aucun doute que la révolution de février était le produit d’une irruption spontanée. Aucun parti, aucun dirigeant n’a planifié les évènements. Personne n’a compris que les grèves et manifestations qui ont commencé le 23 février allaient aboutir au bout de quelques jours à la chute de l’autocratie.

Trotsky, qui allait jouer un rôle de premier plan dans la révolution mais qui se trouvait à New York quand elle a éclaté, affirmera plus tard : « personne, absolument personne – on peut l’affirmer catégoriquement d’après tous les documents – ne pensait encore que la journée du 23 février marquerait le début d’une offensive décisive contre l’absolutisme ».

Lénine, qui deviendra le principal dirigeant de la révolution, déclara dans un discours devant les jeunesses socialistes suisses, le 9 janvier 1917  à Zurich: «le silence de mort qui règne actuellement en Europe ne doit pas nous faire illusion. L’Europe est grosse d’une révolution », en analysant ensuite la guerre et ses conséquences. Mais il a été si loin d’imaginer que cette révolution était sur le point de commencer en Russie qu’il a conclu son discours en disant : « nous les vieux, nous ne verrons peut-être pas les luttes décisives de la révolution imminente ».

Soukhanov, un menchevik de gauche, qui à la différence de Lénine et Trotsky était présent à Petrograd et nous a laissé un témoignage passionnant des journées de février, affirme : « pas un seul parti se préparait au grand bouleversement. »

Pour sa part, le bolchevik Kaiurov, qui joua un rôle actif dans l’insurrection, affirmera plus tard que le 23 février, « personne ne pensait à une telle possibilité imminente de révolution ».

Spontanéité, mais…

Il est clair donc que la révolution était le fruit d’une explosion spontanée de femmes et d’hommes, d’ouvrières et d’ouvriers, qui en avaient eu assez des pénuries alimentaires. Révolution spontanée donc : personne ne l’a prévue, personne ne l’a appelée. Pourtant, il faudrait compléter et nuancer cette appréciation.

Il ne faut pas imaginer qu’avant la révolution la population russe et la classe ouvrière en particulier n’était qu’une masse amorphe. D’abord, la révolution de 1905 était tout récente. Des centaines de milliers d’ouvriers qui y avaient participé étaient encore en activité. Et une forte minorité était directement influencée par les différents courants du Parti ouvrier social-démocrate (1). Parmi eux le courant bolchevik était de loin le plus actif.

Sur un arrière-fond de combativité ouvrière renouvelée, les bolcheviks profitaient des quelques acquis de la révolution de 1905. En décembre 1910 ils ont lancé un hebdomadaire légal, Zvezda, qui en l’espace de quelques mois est passé de paraître une fois par semaine à deux et puis trois fois. En avril 1912 ils ont lancé le quotidien Pravda qui a rapidement atteint une circulation d’entre 40,000 et 60, 000 exemplaires, chiffre énorme pour la Russie de l’époque, autour duquel étaient organisé des groupes de lecteurs. L’autre grand axe du travail légal est représenté par la fraction parlementaire bolchevique. Aux élections pour la quatrième Douma (parlement) en 1912, les bolcheviks ont fait élire six députés contre sept pour les mencheviks. Mais les collèges électoraux où furent élus les députés bolcheviks regroupaient 1.144,000 ouvriers d’industrie contre 136,000 pour les mencheviks. La Douma n’avait que peu de pouvoirs, mais les députés avaient un statut protégé, au moins jusqu’à l’éclatement de la guerre, quand ils ont été arrêtés. Ils ont non seulement pu faire des discours au Parlement qui était ensuite imprimés et diffusés : ils  avaient aussi la possibilité de se déplacer dans les quartiers populaires et assurer les liens avec les structures clandestines du parti.

Le parti clandestin

En 1913, le directeur du département de police tsariste écrivait : « il y a maintenant des cercles, cellules et organisations bolchevistes dans toutes les villes. Une correspondance et des contacts permanents ont été établis avec presque tous les centres industriels ».En juin 1916 un rapport de la police estimait qu’il y avait 2,000 bolcheviks à Petrograd. A la fin de cette année, Chlyapnikov, représentant du comité central à Petrograd, donnait une estimation de 3,000. A titre de comparaison, en février 1917 à Petrograd il y avait quelques centaines de mencheviks et 150 militants du courant de Trotsky. Un recensement rétrospectif de 1922 arrive à un chiffre de 23,000 bolcheviks dans tout l’empire russe. Dans des conditions de clandestinité et de répression, c’était considérable. Si ce n’était pas encore un parti de masse, c’était un socle solide pour l’émergence d’un tel parti une fois l’autocratie renversée.

Trois mille bolcheviks à Petrograd, cela voulait dire des groupes dans toutes les usines et dans les quartiers populaires. Un travail était aussi entretenu en direction des soldats stationnés à Petrograd. Quant aux marins de la Flotte de la Baltique, stationnés surtout à Kronstadt, et qui joueront un grand rôle dans la révolution, le travail clandestin parmi eux n’avait jamais complètement cessé depuis 1905 et se poursuivait pendant la guerre, malgré la répression et les arrestations.

Dire que la révolution de février fut spontanée au sens d’avoir démarré des usines sans appel d’un parti quelconque ne signifiait pas qu’il n’y avait pas d’organisation ni de direction pendant la semaine du 23 au 27. Ce sont les militants dans les usines et les quartiers qui dirigeaient le mouvement, qui organisaient les grèves et les manifestations. Et pas le moins important, qui allaient à l’encontre des soldats et nouaient le dialogue avec eux. Dans moins d’une semaine le mouvement est passé de grèves et manifestations contre la pénurie alimentaire aux revendications politiques qui culminaient dans celle du renversement de l’autocratie et d’une république démocratique. Cette évolution n’est pas tombée du ciel. Elle était le fruit de l’expérience de 1905, de la propagande social-démocrate systématique, mais aussi du travail de ses militants au jour le jour.

Le 25 février, le rapport de la police secrète tsariste prônait la fermeté contre les manifestations, notant les débuts de fraternisation entre les soldats et les manifestants. Le rapport se concluait : « Si le moment devait être perdu et la direction prise par la couche supérieure du mouvement clandestin révolutionnaire, les événements assumeraient des proportions très larges ». C’est exactement ce qui s’est passé.

Quant à l’identité de cette « couche supérieure du mouvement clandestin », il n’y a pas de mystère. Dans son « Histoire » de la révolution Trotsky pose la question, « qui dirigeait la révolution de février ? » et arrive à la conclusion : « des ouvriers conscients et bien trempés qui surtout, avaient été formés à l’école du parti de Lénine ». Au cours de l’année 1917, ce parti gagnera, par un travail politique patient, l’adhésion de la majorité des ouvriers et des soldats, au cours d’une série d’épreuves où les contradictions et les débats du processus révolutionnaire s’exprimaient aussi dans ses propres rangs.

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Note 1. Comme la plupart des autres partis de gauche, membres de la Deuxième internationale, le parti russe s’appelait « social-démocrate ». Ce n’est qu’après le schisme du mouvement socialiste international autour de la guerre en 1914 et la Révolution russe que le courant révolutionnaire adoptera l’appellation « communiste ». Les principaux courants du parti social-démocrate à Petrograd étaient les bolcheviks, les mencheviks et les mezhrayontsi, le courant de Trotsky.

« Podemos » devant des choix stratégiques!

L’Espagne vient de vivre les deux années politiques les plus mouvementées de son histoire récente. Doublement touché par la crise de 2008 et l’implosion de sa propre boule spéculative, le pays avait vu la création du ˮmouvement des indignésˮ en 2011, suite à l’augmentation des frais d’inscription universitaires de 42%. Ce mouvement a débouché en janvier 2014 sur la création de « Podemos » comme formation politique avec l’objectif de transposer la colère de la rue vers les parlements.

« Podemos » devant des choix stratégiques!

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L’Espagne vient de vivre les deux années politiques les plus mouvementées de son histoire récente. Doublement touché par la crise de 2008 et l’implosion de sa propre boule spéculative, le pays avait vu la création du ˮmouvement des indignésˮ en 2011, suite à l’augmentation des frais d’inscription universitaires de 42%. Ce mouvement a débouché en janvier 2014 sur la création de « Podemos » comme formation politique avec l’objectif de transposer la colère de la rue vers les parlements. En mai de la même année, « Podemos » faisait une percée avec 8% lors des élections européennes ! Lors des élections communales de mai 2015 les mairies de Madrid, Barcelone, et Valence étaient emportées par « Podemos ».

Tout, absolument tout, semblait alors possible. La révolution sociale par les urnes semblait a porté de main. Après la capitulation de Syriza en Grèce, la gauche européenne attendait les élections espagnoles avec impatience comme une seconde secousse contre l’ordre néolibéral…

Malheureusement le rêve à fait place à une douche froide. Deux ans après, Manuel Rajoy est toujours premier ministre, le parti conservateur reste le premier parti et le PSOE social-démocrate le second pilier du système bipartite, conserve sa deuxième position dans le parlement devant Podemos.

Où réside le problème ? Comment expliquer ce phénomène d’une façon logique ? Dans un pays avec 21% de la population au chômage, où la moitié de la jeunesse n’a pas de travail, où tous les secteurs du peuple ont été touchés par la régression sociale. Comment la caste maudite et discréditée des politiciens établis, ont pu résister à l’orage de deux élections en 7 mois ?

Une interrogation autocritique, mais en même temps objective et constructive s’impose. Lors du scrutin du 20 décembre 2015 et plus encore lors de celui du 26 juin 2016, plusieurs aspects négatifs dans l’attitude de « Podemos » sont devenues visibles. Il ne faut jamais perdre de vu que ce parti/mouvement c’est créer d’un mouvement social de protestation spontané et suite à l’initiative de quelques intellectuels. Il soufre donc de plusieurs faiblesses initiales :

(-) La première est à chercher dans la conception du parti comme ˮmachine de guerre électoraleˮ qui a comme but essentiellement de transposer la colère populaire en voix électorales. Podemos s’est configuré comme un parti centré clairement sur la compétition électorale et la communication politique qui néglige complètement non seulement l’organisation et la structuration de ses bases militantes par en bas, mais également tout travail d’implantation sociale et l’intervention dans des mouvements sociaux et des syndicats.

(-) L’effet d’une stratégie politique qui se base avant tout sur des techniques de communication a été de favoriser une structure hautement hiérarchisée, personnalisée et centralisée dans laquelle les directions locales et régionales ont été très subordonnées. La méthode majoritaire et plébiscitaire d’élection des organes internes qui disposent alors d’un de facto monopole de décision, a souvent débouché sur une paralysie organisationnelle.

(-) Le résultat de cette faiblesse est apparu clairement après la première ˮnon-victoireˮ le 20.12.15. La droite était restée le premier parti et le PSOE n’a pas été dépassé. L’intervalle entre les élections de décembre 2015 et celles du 26 juin 2016 a été marqué par les négociations sur l’investiture et la proposition de Podemos d’un gouvernement de coalition avec le PSOE.

Dans ce débat Podemos à fait mauvaise figure et a émis trop de messages contradictoires. Ils n’ont pas réussi à articuler un programme concret et clairement anti-austérité vis-à-vis du PSOE qui aurait fait apparaître clairement que ce dernier s’opposait à toute mesure anti-austérité sérieuse. Par contre ils ont multiplié les signes de compromis pourris, comme le renoncement de Podemos à la promesse de la fin de la «réforme du travail» du ˮsocialisteˮ Zappatero de 2011, qui a été voté jadis avec les voix du parti conservateur. Iglesias et Errejon iront même jusqu’à affirmer dans ces moments que la crise du régime aurait vécu et que Podemos doit et va devenir un parti normal… etc. Ou la déclaration de Pablo Iglesias qui dit: « Nous avons appris à Madrid et à Valence qu’on change les choses depuis les institutions. Cette imbécilité que nous disions quand nous étions d’extrême gauche, selon laquelle on change les choses dans la rue et non dans les institutions, est un mensonge ».

Le résultat de cette politique était en juin 2016 une campagne électorale molle, manquant de propositions concrètes et où les mobilisations sociales n’étaient tout simplement pas prévues par Podemos. Le programme était tout simplement faible et pas à la hauteur d’un parti radical de gauche. Un Parti « anti-système » qui transforme ses options politiques dans quelques mois pour une « alternance parlementaire » de coalition avec la social-démocratie, sans programme anti-austérité claire ne doit pas s’étonner quand il perd de crédibilité. Podemos ensemble avec I.U. a perdu 1 million de voix en sept mois d’intervalle (5 049734 contre 6 139494 en décembre 2015)!

La question nationale reste une plaie (ou si en veut, un problème) majeur en Espagne. Une grande partie de la classe ouvrière voit dans le séparatisme catalan et basque un danger matériel pour leur future. Le danger d’un nouveau nationalisme chauvin, des divisions réactionnaires supplémentaires et des discriminations, sont le cauchemar de beaucoup de travailleurs dans la péninsule. La position d’un référendum sur l’indépendance en Catalogne de Podemos inquiète beaucoup de ses sympathisants, (qui dans l’expectative d’une coalition Podemos-PSOE ont préférer voter PSOE pour éviter un processus d’éclatement dans l’état espagnole). Seule la perspective d’une société anti-capitaliste « internationaliste » pourra dompter l’égoisme nationaliste. Ce positionnement n’est pas claire dans l’attitude de Podemos.

Depuis le « P.P. » de Rajoy, avec l’appui des libéraux de ˮCiudadanosˮ et grace à l’abstention de la majorité des députés du PSOE a pu sauver son gouvernement. Après cette douche froide, Podemos a tenu un congrès le 11 février, lors du quel un recentrage vers les mouvements sociaux a été opéré. Pourtant avec 71 députés au parlement (et troisième force), ils ont dorénavant une force politique énorme pour appuyer chaque mouvement d’opposition extraparlementaire. Il semble que la majorité du parti autour de Pablo Iglesias, a compris les lacunes de Podemos et va s’engager a les combler. Les luttes sociales à venir vont démontrer ci les militants pourront prendre les choses en main.  La formidable leçon de la biennale passée est qu’un parti « antisystème » ne pourra gagner sans que parallèlement une immense mobilisation de masse lui trace le chemin.